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mardi 10 juillet 2018

Non à la monarchie présidentielle, Oui à la démocratie citoyenne !

Serment des parlementaires communistes - salle du jeu de Paume, Versailles


CONGRÈS. EMMANUEL MACRON, 
UN MONARQUE SATISFAIT 
MAIS INSATIABLE
Mardi, 10 Juillet, 2018


Pour sa seconde intervention devant les députés et sénateurs réunis en Congrès, le président de la République a défendu son bilan, pour ensuite cibler un modèle social qu’il entend démolir avec méthode.


Seul à table : le chef de l’État, qui souhaitait, avant son allocution devant les députés et les sénateurs réunis, convier à déjeuner les responsables de groupe, s’est heurté à un refus plus ou moins poli des élus d’opposition, Jean-Luc Mélenchon (FI) expliquant être retenu « par des activités hostiles à votre gouvernement ». « Je vais déjà subir le discours du trône, alors le souper du roi… », a ironisé Bruno Retailleau (LR). La longue attente des députés dans la cour du château de Versailles et les différentes galeries remplies de marbre et de statues ressemble étrangement, jusqu’à créer le malaise, à un aréopage de courtisans qui trépignent avant l’arrivée du roi.

Pour sa seconde intervention devant le Congrès, le climat s’est pourtant obscurci. L’an passé, Emmanuel Macron, tout juste arrivé au pouvoir, traçait des perspectives. Cette fois, c’est d’abord un premier bilan qu’il avait à défendre. Ce fut bref, pour saluer « les chantiers d’une ampleur jamais vue », car Emmanuel Macron avait à cœur, hier, de faire oublier le « président des riches ». La transformation de l’ISF en un impôt indolore, ce ne fut pas « pour favoriser les riches, mais les entreprises ». Le chef de l’État ne fut pas en mesure de quantifier les bénéfices de sa politique économique, sauf à rappeler les 50 milliards d’euros donnés aux entreprises.
EN BERNE DANS LES SONDAGES, MACRON TENTE DE RASSURER LES UNS ET LES AUTRES

En berne dans les sondages, qui montrent une assise resserrée sur un électorat centriste, avec un décrochage des retraités et des électeurs de droite, le président tente de rassurer les uns et les autres. Non, sur les pensions de réversion, « rien ne changera pour les retraités d’aujourd’hui, rien ! » Et pour les retraités de demain ? Les mots de Macron suscitent une bronca inédite parmi l’opposition.

Emmanuel Macron a ainsi cherché à retrouver les accents de sa campagne pour recoller aux Français, avec un long développement sur les inégalités. Là encore, les mots du président sont choisis. Les « inégalités de destin » qu’il évoque remplacent dans sa bouche les inégalités de revenus, sur lesquelles il renonce à intervenir, et que sa politique fiscale aggrave en réalité. Après l’abandon du plan Borloo et le « décalage » de la présentation du plan pauvreté, Macron a confirmé une « refonte des régimes existants » de retraite, un plan de « baisse de nos dépenses publiques », et demande la réouverture de négociations sur l’assurance-chômage et sur la permittence.

De ces accents sociaux ressort en réalité la volonté de passer en revue méthodiquement les principes et les garanties issues de la création de la Sécurité sociale. En évoquant la nécessité de prendre en compte le nouveau « risque social » qu’est la dépendance des personnes âgées, Emmanuel Macron n’a pas fait référence à la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale, entretenant le flou sur la forme future. Sur l’assurance-chômage, encore, il affirme vouloir « récompenser la reprise d’activité », ce qui n’est guère différent de la vision à droite de chômeurs trop « assistés ». « Les entreprises ont désormais les moyens de recruter », affirme Macron, mais, si elles ne le font pas, c’est selon lui la faute à la formation professionnelle, inadéquate, et non aux choix des entreprises elles-mêmes.

L’Europe n’est abordée qu’en toute fin, quand l’an passé il affirmait vouloir la rénover. En reprenant une lecture du monde « progressistes contre nationalistes », Emmanuel Macron se place dans une vision partagée par l’ex-FN – et Marine Le Pen n’a pas manqué de le saluer.

« On a un président qui s’accapare tous les pouvoirs, nous, nous voulons rendre le pouvoir aux Français », a déclaré Olivier Faure (PS). « Cette dérive (…) fait grandir la défiance citoyenne, renchérit André Chassaigne (PCF) à propos de la réforme constitutionnelle. C’est pourquoi nous jugeons qu’il revient au peuple souverain de trancher directement par référendum. »

Emmanuel Macron pourrait revenir l’an prochain avec la possibilité d’écouter et de répondre aux groupes politiques, grâce à un amendement qui sera déposé lors de l’examen de la réforme institutionnelle. Ironie, l’opposition n’a pas manqué de rappeler que LaREM a tout juste rejeté des amendements en ce sens en commission des Lois la semaine dernière, au nom de la séparation des pouvoirs. Qui, avec Macron, s’avère de plus en plus ténue.