vendredi 23 mars 2018

LE LENDEMAIN DE LA MANIF DU 22


Thonon-les-Bains plus de 300 personnes, Annecy 3000
Et 500 000 dans tout le pays


Il faudra recommencer, encore et encore
pour que le gouvernement entende raison




Le temps des causes communes

Agents, usagers, retraités… et cheminots ont convergé en nombre, ce jeudi, à Paris, place de la Bastille, pour les « salaires, l’emploi et le statut » des fonctionnaires, et pour défendre un modèle de société.

Partout en France, des rassemblements et des actions se tiennent ce jeudi 22 mars, dans le cadre de la journée de grève nationale de la fonction publique et du ferroviaire. Ainsi à Bobigny, les profs de sport de Seine-Saint-Denis bloquent la direction départementale de l’Education nationale, en organisant un tournoi dans la rue. Ils dénoncent le manque de moyen chronique auquel leur profession est soumise, au détriment des élèves.

L'éditorial de l'Humanité de Patrick Apel-Muller.
Les préposés aux éléments de langage dépêchés par LREM vont bien tenter d’ergoter sur les antennes, mais ils n’y changeront rien. Les mobilisations d’hier, et pour celle des cheminots qui débute, s’avèrent d’incontestables réussites. Elles sont à la fois un témoignage de l’inquiétude populaire à l’égard de l’offensive d’Emmanuel Macron contre tous les services publics et l’indice d’un climat nouveau dans le pays. L’attente prudente à l’égard de ce que serait la politique du pouvoir, puis la sidération devant la brutalité des mesures et leur avalanche commencent à se dissiper. Les Ehpad, les hôpitaux, les retraités, les écoles, la justice, la pénitentiaire… La liste des conflits ne cesse de croître et l’addition pourrait bien devenir convergence. Ainsi, la traditionnelle opération de la direction d’Air France pour diviser les pilotes et les autres personnels vient d’échouer ; les uns et les autres ont décidé de se serrer les coudes et de faire grève aujourd’hui.
Toutes les divisions ne sont pas surmontées. Des usagers croient encore que les cheminots sont des privilégiés ou que c’est en cassant l’outil SNCF qu’on s’en servira mieux. D’autres qui galèrent dans le privé se persuadent encore que c’est la vie de château pour les fonctionnaires. Certains s’obnubilent sur les avantages supposés du voisin et perdent de vue l’immense explosion de richesse de la minuscule minorité qui contrôle le grand capital. Mais la journée d’hier va conduire des centaines de milliers de manifestants ou de grévistes à croiser leurs combats et à s’adresser aux citoyens pour qu’ils défendent leurs biens communs, leurs besoins partagés, leurs droits à l’égalité. Les porte-à-porte que les dirigeants de LREM annoncent dans leurs beaux quartiers auront alors pâle figure et sembleront des rallyes mondains.
« À temps nouveaux, devoirs nouveaux », écrivait Victor Hugo. Celui de l’échange, du rassemblement le plus large, des causes communes s’amorce.

          Patrick Apel-Muller

Directeur de la rédaction