jeudi 24 mai 2018

LE 26 MAI JE MANIF

La journée du 26 mai s'annonce comme un grand moment d'action.
Plus de 60 organisations appellent à une marée populaire pour l’Égalité, la Justice sociale et la Solidarité.

Dans tout le pays des initiatives se préparent.


Dans notre département les rendez-vous s'organisent.

Annecy :
12h : Pique-nique citoyen sur le Pâquier
14h : Manifestation à la Préfecture


Thonon :
10h : Rassemblement place des Arts

Nous invitons chacune, chacun à diffuser l'information par tous les canaux possibles.

Les cheminots gagnent haut la main le pari de leur vot’action

Près de 95 % des cheminots se sont prononcés contre le pacte ferroviaire du gouvernement. Les syndicats en sortent légitimés et leur unité renforcée. Ils exhortent désormais le gouvernement à revoir sa copie et la direction de la SNCF à prendre ses responsabilités.


Ils avaient promis une riposte à la hauteur des coups portés. Les cheminots viennent d’infliger un camouflet au gouvernement et à la direction de la SNCF. Les 564 urnes déployées sur tout le territoire ont parlé : 91 068 cheminots (61,15 % des salariés) y ont glissé leur bulletin, rejetant à 94,97 % le pacte ferroviaire que le gouvernement, épaulé par la direction de l’entreprise publique, a décidé de faire passer en force. Une « prouesse militante qui montre la détermination des grévistes à répondre au venin du président Pepy, qui affirme que le mouvement s’effrite et que la réforme est globalement acceptée », a réagi Laurent Brun. Un résultat d’autant plus « exceptionnel », poursuit le secrétaire général de la CGT des cheminots, lorsque l’on considère les « conditions dans lesquelles s’est organisé ce vote », en quelques jours seulement et face à « une direction qui, dès le début, a passé des consignes pour que rien ne soit fait pour faciliter l’initiative, notamment en matière d’accès aux locaux ». Voilà pour la mise au point.
De plus en plus de responsabilités et de moins en moins d’effectifs

Mais derrière, c’est la détermination des cheminots – tous collèges confondus – à faire entendre leur voix que les représentants nationaux des quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF (CGT, Unsa, SUD, CFDT) ont saluée hier à l’unisson. Ce résultat franc témoigne non seulement « d’une hostilité incontestable des cheminots vis-à-vis du pacte ferroviaire en cours de discussion », a insisté Laurent Brun, mais « bat en brèche les procès en légitimité » que la direction a enchaînés dès l’annonce de la mise en place du scrutin, complète Sébastien Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT cheminots.

Bien loin des clichés d’une supposée « gréviculture » entretenue par une poignée de « professionnels du désordre », ce vote révèle surtout la « très forte mobilisation de l’ensemble des cheminots et singulièrement de l’encadrement », note Jocelyn Portalier, responsable de l’union fédérale des cadres et maîtrises de la CGT cheminots. Leur taux de participation pourrait même être supérieur à la moyenne nationale. Rien d’étonnant dans le fond, selon le responsable fédéral. De plus en plus de responsabilités et de moins en moins d’effectifs, « la réalité des conditions de travail de l’encadrement à la SNCF explique largement leur mobilisation contre cette réforme ». Signe d’« un véritable ras-le-bol », mais aussi d’une certaine forme de lucidité. « Ils savent, poursuit Jocelyn Portalier, que les efforts de productivité se feront aussi sur leur dos et lorsque la stratégie de l’entreprise validée par cette réforme pousse à toujours plus de sous-traitance, c’est à eux que revient la gestion des appels d’offres, des cahiers des charges, des relations entre les entreprises… C’est une véritable usine à gaz ».

Guillaume Pepy doit s’en mordre les doigts. Lui qui claironnait que 20 % de grévistes revenait mathématiquement à considérer que 80 % des cheminots soutenaient le projet de loi a déclenché l’ire des salariés de la SNCF. Et désormais, chez les cadres comme ailleurs dans l’entreprise, la question de son maintien à la tête du groupe public ferroviaire fait irruption dans le débat. Hier, alors qu’à l’appel de l’ensemble des organisations syndicales (FO comprise), des dizaines de cheminots se sont rassemblés aux abords du siège de la SNCF à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l’un d’entre eux confie : « Janaillac a quitté son siège de PDG d’Air France après une consultation de ses salariés, Guillaume Pepy doit faire de même. » « Pepy dehors ! » a lancé au micro, face à la foule et sous les fenêtres de la direction de la SNCF, Fabien Villedieu, délégué syndical SUD rail. Plus modérées, la CFDT, qui considère que « la fracture entre la direction et le corps social est extrêmement forte », et l’Unsa, pour qui il y a « rupture de confiance » manifeste, en appellent à ce que chacun prenne ses responsabilités. La CGT a quant à elle réaffirmé par la voix de Laurent Brun que la direction, « totalement discréditée », doit tirer « toutes les conséquences de ce vote sans ambiguïté qui prouve qu’elle n’est plus reconnue comme défenseuse du système ferroviaire, du service public, de l’entreprise publique et de ses personnels ».
Les syndicats exhortent l’exécutif à ouvrir des négociations

« Impréparation », « amateurisme », « autoritarisme », qu’importe les critiques formulées par les cheminots et leurs organisations syndicales, le gouvernement persiste et signe. Pour Laurent Brun, « l’ego du président » a pris le dessus. « Il veut être celui qui ne négocie pas », note le secrétaire général de la CGT cheminots, quitte à cumuler « aveuglement et déni pour passer coûte que coûte ses objectifs idéologiques au chausse-pied ».

Forts d’un vote qui, au-delà de légitimer largement leur action, révèle clairement l’opposition des cheminots à la réforme en cours, les syndicats exhortent le gouvernement à ouvrir, enfin, de réelles négociations et ce, après « deux mois de lutte », a rappelé, excédé, Erik Meyer, secrétaire fédéral SUD rail.

Une nouvelle salve de réunions bilatérales est prévue demain à Matignon. Les syndicats attendent désormais que le gouvernement convoque le patronat du rail à la table des discussions. Des réunions tripartites, « où tous les sujets doivent être passés au crible ». En somme, les cheminots ont dénoncé les dangers, manifesté leur colère, soulevé les incohérences et présenté leurs propositions. Ils exigent maintenant des réponses.