mardi 28 mai 2024

COMPTE RENDU DE LA CONFERENCE-DEBAT AU THEATRE NOVARINA DE THONON SUR LE CONFLIT RUSSO-UKRAINIEN

 UNE INITIATIVE A SALUER ET A POURSUIVRE!

La Maison des Arts du Léman (MAL) a organisé une conférence-débat sur le conflit russo-ukrainien ce vendredi 24 Mai au théâtre Maurice Novarina dans la salle de l'Etrave où l'exposition de photos faites en 2022 dans le quotidien des ukrainiens va s'achever le 1er juin prochain (Eric BOUVET "Ukraine 2022").

Cette initiative s'inscrit dans la programmation de la saison 2023-2024 de la MAL  qui souhaitait rappeler la forte présence et l'influence de la culture russe en Europe. 


NDLR: Dans la suite, nos commentaires sont fournis en italique et entre parenthèses.


Elle a été introduite par le président de l'association Eurcasia dans laquelle nos camarades Denise et Philippe Guichardaz ont encore un rôle important: la recherche de la paix et la poursuite des échanges fructueux existant entre le Chablais et le territoire en Sibérie de la ville Irkousk ont été son message inquiet face à un conflit qui n'aurait pas dû avoir lieu.

2 intervenants, qui ont écrit des livres récents sur le sujet, ont été invités à cette occasion:
  • Jean GERONIMO, docteur en sciences économiques, universitaire spécialiste des questions économiques et géostratégiques russes,
  • Jean RADVANYI, géographe et géopoliticien, spécialisé dans l'étude post-soviétique. Jean Radvanyi a des liens familiaux avec nos camarades Jacotte et Bernard Néplaz.
L'intervention initiale de Jean Geronimo a été de relister les faits intervenus depuis la chute de l'URSS en 1991 que les médias mainsteam évitent de faire connaitre au grand public pour lui interdire de se faire une idée précise et juste de ce conflit et qui ont conduit à cette "opération militaire" de la Russie enclenchée le 24 Février 2022, entrainant donc une guerre sur le sol ukrainien que Mr Géronimo a dénoncée et regrettée, en tant que partisan de la Paix.

Voici quelques éléments de cette intervention préliminaire développée autour de 7 dates clés:

 Poutine en arrivant au pouvoir en 1999 a jugulé l'hémorragie résultant du laisser faire du pouvoir d'Eltsine qui a livré une grande partie de l'économie russe aux étrangers, avec une crise sociale conséquente importante, si bien que les russes attachés plus que d'autres à leur nation y ont retrouvé leur honneur souillé par un pouvoir eltsinien quasi-mafieux,

Le territoire en Europe couvert par les forces de l'OTAN a doublé depuis la chute de l'URSS malgré les engagements donnés par les pays occidentaux à Mickael Gorbatchev et la disparition du pacte de Varsovie, ce qui a entrainé des rappels de plus en plus irrités de la part de Poutine,

La prise de pouvoir  en 2014 en Ukraine après les manifestations dites de Maïdan peut être assimilée à un coup d'état qui débouche alors sur un nouveau gouvernement composé pour un tiers de ministres ultra-nationalistes et ouvertement néo-nazis, (qui disparaitront aux élections suivantes tout en ayant les forces les plus organisées du pays, suivant la réponse de Jean Radvanyi),

La mesure immédiate du nouveau gouvernement ukrainien de ne plus reconnaitre la langue russe comme seconde langue nationale n'était pas de nature à rassurer les nombreux ukrainiens d'origine russe fortement présents à l'est de ce pays,

Quelques semaines avant le 24 février 2022, l'armée ukrainienne s'était massivement positionnée pour intervenir au Donbass où le conflit local avait déjà fait environ 15 000 morts depuis 2014.

L'engagement de l'armée russe qui peut compter sur 1,2 million d'hommes réduit à moins de 200 000 soldats n'était pas de nature à prendre possession de l'Ukraine.

 

Dates clés proposées par Jean Geronimo

Jean Radvanyi, qui a aussi condamné l'intervention russe en Ukraine, a fourni les éléments suivants pour partie en réponse à l'intervention précédente, en reconnaissant la justesse de nombreux éléments fournis par Jean Géronimo:

Dès 2014 la révolte dans le Donbass de forces paramilitaires favorables à la Russie a été aidée par des éléments de l'armée russe,

Effectivement, la France et l'Allemagne n'ont rien fait pour faire appliquer les accords de Minsk qui auraient pu éviter ce conflit (mais aucun intervenant n'a mentionné l'aveu de Merkel puis de Hollande indiquant que ces accords devaient permettre de donner du temps à l'Ukraine  afin de renforcer son armée),

Il n'est pas évident  de dire que la guerre a commencé parce que l'armée ukrainienne annonçait de sa part une intervention forte dans le Donbass (on est ici face au dilemne de l'œuf et de la poule)

Le clan poutinien a commis l'erreur de croire que les ukrainiens dans leur ensemble allaient recevoir l'armée russe en sauveur de leur nation très jeune et n'a donc pas dimensionné son intervention en conséquence de la résistance qui s'est amplifiée rapidement, fortement aidée par les pays occidentaux. 

Ce clan poutinien est aussi ultra-nationaliste et Poutine, comme indiqué dans ses discours récents,  rêve de retrouver l'empire russe en conservant l'Ukraine sous l'influence russe totale, comme c'est le cas pour la Biélorusse, au delà du seul besoin de sécurité militaire jugé compréhensible au regard de l'extension des bases militaires de l'OTAN en Europe.

Jean Géronimo a repris la parole pour signifier combien les USA ont gagné de terrain économique avec ce conflit sur le sol européen qui les épargne une fois de plus:

  • 40% des terres agricoles ukrainiennes seraient passées sous le contrôle d'intérêt américain (il faut regretter que les 2 intervenants utilisent ce qualificatif au lieu de celui plus juste d'états-unien!),
  • Les USA auraient désormais 40% du marché gazier en Europe, où les pays sont obligés de construire des infrastructures supplémentaires pour stocker le gaz importé,
  • Les USA financent depuis après 2014 l'approvisionnement en armes de l'armée ukrainienne fournies par des entreprises de leur pays,
  • Nombre d'entreprises des USA et de l'UE sont déjà en place pour participer à la reconstruction de l'Ukraine alors que pour le moment les dirigeants de ces pays ne font rien, bien au contraire, pour chercher à arrêter ce conflit insupportable qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts (sans aucune donnée précise d'ailleurs à ce sujet de la part des 2 belligérants).
Thierry MACIA, le directeur de la MAL et animateur de ces échanges, a demandé aux 2 intervenants pour finir quel était leur état d'esprit sur la suite de ce conflit.

Les 2 intervenants ont exprimé leur grand pessimisme puisque rien n'était fait pour conduire les dirigeants des 2 pays concernés à ouvrir des négociations, chacun campant sur des positions de plus en plus dures et exigeantes au fur et à mesure où le conflit persiste. Cette guerre est partie pour durer (Poutine a évoqué de son côté une guerre passée avec la Suède qui a duré 22 ans!).

Thierry Macia a ensuite donné la parole à la salle seulement pour quelques minutes à cause du spectacle qui allait suivre dans la soirée (ce qui est dommage à notre humble avis).

La première prise de parole est venue d'un monsieur qui s'est présenté comme un officier supérieur à la retraite:
  • depuis la fin de la seconde guerre mondiale, aucune guerre n'a été terminée par une victoire militaire mais toujours par des négociations,
  • tous les conflits sont maintenant initiés et terminés par des dirigeants politiques, les militaires n'étant finalement qu'au service de ces derniers,
  • les propos de notre président de la République, Emmanuel Macron, parlant de faire intervenir des troupes occidentales en Ukraine, sont donc une hérésie totale qui ne conduirait qu'à encore plus de dégâts humains et matériels, avec le risque d'une escalade nucléaire que les 2 intervenants avaient aussi indiquée de leur côté.
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NDLR: Commentaires d'après la conférence

Aucun intervenant n'a parlé des révélations récentes du journal allemand "Die Welt" sur le projet d'accord entre l'Ukraine et la Russie négocié en Avril 2022, à peine 1 mois après le début de l'opération militaire russe et dont on attribue l'abandon par Zelinsky à la venue du premier ministre britannique de l'époque Boris Johnson. 
Par exemple, dans ce projet, rien ne stipulerait que l'Ukraine ne peut pas devenir membre de l'UE alors que tout est axé sur le refus de la présence de l'OTAN en Ukraine remplacé au contraire par des forces et armements russes visant à éloigner la menace occidentale.

Rien n'a été évoqué sur le rôle à jouer des peuples pour forcer les dirigeants à mettre en place des négociations internationales dans les conflits en cours, celui en Ukraine mais aussi celui en Palestine: tout cela en lien inconscient avec le contexte actuel où en France le pouvoir macronien fait tout pour empêcher nos concitoyens à s'exprimer et à manifester, en allant jusqu'à criminaliser les actions en les qualifiant d'antisémites alors qu'elles ne sont au mieux qu'antisionistes d'un point de vue politique mais fondamentalement pacifistes et humanistes (pour rappel, les Palestiniens sont aussi des sémites!).