mardi 22 octobre 2024

ECHANGE SUR LE PROJET DE BUDGET 2025 AVEC GIL THOMAS MAIRE DE CERVENS (deuxième partie)


 La transcription de cette vidéo se trouve ci-dessous

Vous avez tous entendu parler aux infos des économies à faire

Nous poursuivons le compte-rendu de notre rencontre avec Gil Thomas, maire de Cervens, vice-président du SIAC, pour continuer de parler des conséquences du plan d'économies du gouvernement Barnier sur le fonctionnement des collectivités locales.


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Les GdM  : Il semblerait qu'il y ait une différence fondamentale entre le budget de l'État et le budget des commune. Tu viens de dire effectivement que le budget de la commune doit être à l'équilibre.


G.T  : Oui il doit être à l'équilibre de toute façon en fonctionnement comme en investissement. On n'a pas le droit de voter un budget en déséquilibre, on n'a pas le droit d'abonder sur le fonctionnement avec de l'emprunt donc je ne peux pas emprunter d'argent à la banque pour pouvoir compenser un déficit sur mon fonctionnement donc je dois équilibrer par rapport à mes recettes qui sont les impôts, les subventions et autres. 


Et à partir de là après s'il me reste un peu je transfère cet argent là sur le compte d'investissement que je dois aussi mettre en équilibre. Et quand on dit en équilibre ça veut dire après paiement de tous nos frais de fonctionnement, plus les intérêts de l'emprunt. Et à partir de ce moment-là, soit on arrive à dégager un peu d'argent et d'autofinancement pour pouvoir continuer à investir, soit on ne peut pas, avec nos budgets communaux quelle que soit l'obédience du maire, Celui-ci ne peut pas dilapider l'argent public pour des choses qui seraient futiles et qui seraient une mise en danger de la collectivité. 


On est en plus sous surveillance. A Cervens, depuis 2008, nous sommes sous surveillance de la préfecture. Chaque année je suis reçu par le Trésor Public parce que nous faisons partie des communes ayant un encours d'emprunts important, qui va s'éteindre en 2033, parce qu'on a fait beaucoup d'investissements avant. On est bien surveillés, on n'a pas de chéquier comme peuvent le penser certains concitoyens. 


C'est le Trésor Public qui paye pour nous. Je donne un ordre de mandatement ou un ordre de titre mais je ne paye pas directement, je n'ai pas d'argent pour le compte de la commune. Là-dessus je trouve que le discours aujourd'hui est très démagogique par rapport à la problématique des budgets des communes et des intercommunalités que sont par exemple vendre du foncier, faire de la cavalerie...


Sur Cervens donc, depuis 2008, j'ai un encours d'emprunt très fort parce qu'on a eu des investissements auparavant qui ont amené la commune à avoir son réseau d'assainissement, avoir son réseau électrique complètement enterré, une nouvelle école, un nouveau complexe de salles polyvalentes, une sécurisation des voiries, on a fait des logements sociaux et même développé un commerce avec une boulangerie. Donc tout ça, ça se paye. 


Durant tous mes mandats nous avons ce couperet du remboursement d'emprunts. Nous avons renégocié un peu ces emprunts pour pouvoir dégager un peu plus de financement possible chaque année. Nous avons gagné sur les 5 dernières années 40 000 € par an, mais ça ne suffit pas pour investir. Donc forcément le capital foncier des communes peut permettre à un moment donné d'aller surtout dans notre territoire parce que je pense que dans la Creuse à 25 € du mètre carré la réflexion serait complètement différente. 


Mais ici quand on est à 250 € du mètre carré, ça vaut une petite somme et ça peut mettre 300/400 000 € à un moment donné dans les comptes publics pour un projet particulier. Par contre il faut faire attention à ne pas dilapider tout le foncier de la collectivité afin que les équipes qui arriveront derrière puissent en disposer. 


Donc il faut, en même temps, jouer sur cette corde mais ne pas oublier de capitaliser aussi en rachetant du foncier quand il est encore disponible, quand il y a des opportunités pour avoir une surface foncière qui puisse être encore mobilisable, soit pour des projets communaux, soit pour de l'investissement s'il y avait besoin de monnayer et de vendre ces terrains. 


Mais aujourd'hui dans la restructuration des grosses collectivités, telles que des villes comme Thonon ou Annemasse. Ces villes ont des plans fonciers importants à mettre en place pour la restructuration interne, ça veut dire reconstruire la ville sur la ville. Et pour reconstruire la ville sur la ville il faut être propriétaire des bords de voies.  A Annemasse tout le travail sur le tram n'a pu se faire que parce que la ville à un moment donné a acheté toutes les propriétés qui était le long de l'avenue de Genève de manière à pouvoir retravailler la voirie reculer un petit peu les euh les habitats et reconstruire.


Les GdM  : On parle dans le cadre du plan de finances 2025 comme quoi des économies seront faites par la réduction du nombre de personnel de la fonction publique. Dans l'enseignement, c'est 4000 postes en moins, puis dans la fonction publique territoriale un pourcentage a été demandé afin de baisser la masse salariale. On veut forcer aussi  les collectivités territoriales à réduire le nombre de leur personnel est-ce que c'est une bonne voie  ?


G.T  : Avec la création des intercommunalités, même si ça a été vanté par beaucoup, notamment à droite, comme des économies d'échelle, on est très conscients que les services sont indispensables et que l'échelle de l'intercommunalité est la bonne. 

Mais derrière il nous faut des personnels qui soient qualifiés et en capacité de pouvoir rendre le meilleur service à la population, donc forcément ça a gonflé les effectifs de la fonction publique territoriale. Mais le besoin est là, et aujourd'hui quand on voit que rien que pour notre agglomération de 85 000 habitants nous avons encore 70 postes non pourvus parce qu'on ne trouve pas de candidats, on nous demanderait en plus de réduire la voilure alors qu'on ne s'en sort pas parce qu'il n'y a pas assez de personnel.

En même temps on n'arrive pas à recruter. Je pense qu'avec tout ce discours là, ce n'est pas ça qui va mobiliser les jeunes d'aujourd'hui à vouloir travailler dans la fonction publique. Pourtant le besoin est criant parce que les services ont besoin de qualité et de gens formés pour pouvoir les assumer. Donc pour moi ce discours là n'est pas juste du tout, et ce n'est pas là qu'on ira faire des économies. 

Pareil dans la fonction publique d'État. Je suis enseignant. On nous prédit 4 000 postes de moins dans l'enseignement élémentaire où aujourd'hui on nous tape dessus parce que l'école publique française ne jouerait pas son rôle soi-disant dans l'émancipation des élèves. Le corps enseignant n'arrête pas de dire que nous ne sommes pas assez nombreux et on va encore nous enlever des moyens. 


Aller chercher les économies dans ces services là, je pense que c'est une aberration. II y a bien d'autres endroits sur lesquels on peut se pencher, on pourrait reparler de la taxation des grandes entreprises de plus d'un milliard de chiffre d'affaire, je crois que là il y a de l'argent à aller chercher, ainsi que sur tous les produits de défiscalisation.  Si on on mettait un peu plus de contrôle à ce niveau-là on récupèrerait des milliards plutôt que de supprimer des postes dans l'enseignement public. 


Les GdM  : On parlait tout à l'heure que la compensation serait faite par des postes d'AESH...


G.T  : Je suis bien placé: étant coordonnateur AESH du collège de Margencel, je travaille avec ce personnel qui vient aider les enseignants pour les enfants porteurs de handicap. Mais quand on voit les salaires de misère que ces gens perçoivent, franchement, je les félicite de vouloir postuler parce que c'est juste au niveau du SMIC et c'est impensable de pouvoir imaginer qu'à un moment donné on va améliorer la qualité de l'enseignement public en renforçant un petit peu ces postes d'AESH tout en supprimant des postes d'enseignants.