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mercredi 26 février 2020

COMPRENDRE NOTRE ÉPOQUE

Jojo le gilet jaune
Lecture théâtralisée
textes de Danielle Sallenave
par Françoise Sage et Annick Reigné
compagnie La Carillon de Thonon-les-Bains


À PROPOS DE
« JOJO LE GILET JAUNE »
Danielle Sallenave est une femme de lettres, académicienne issue d'un milieu modeste et elle ne l'a
jamais oublié.
Alors, quand elle entend un jour le Président de la République se plaindre que les médias font plus
de place à « Jojo le Gilet Jaune » qu'à un ministre, elle prend la plume pour dire haut et fort ce
qu'elle en pense. Cela donne un cahier de soixante pages dans lesquelles elle expose et analyse
« l'étendue et la profondeur de la fracture qui sépare les « élites » des « gens d'en bas ». Fracture
géographique, économique, politique et sociale. Et surtout fracture culturelle entre les habitants des
grandes villes et tous les autres ». Deux comédiennes liront un montage de différents passages
qui illustrent particulièrement son propos. La lecture sera théâtralisée, c'est-à-dire que les moyens
du théâtre ( accessoires, déplacements, éclairage) seront utilisés pour mettre en valeur le texte que
qui sera présenté..
A. R.
Des partis ? pour quoi faire ?
Bernard VASSEUR
Philosophe
vendredi 14 février


Décembre 2018: Les Gilets Jaunes apparaissent sur les ronds-points. Le monde des invisibles se révolte. Ils nous font part de leurs difficultés de vie, et surtout veulent être vus. Bien souvent, c'est la première fois qu'ils manifestent.
Mais les syndicats et les partis politiques sont rejetés; même ceux luttant, comme eux, pour un monde meilleur depuis de nombreuses années. Ce rejet de la classe politique, déjà repéré lors de la création de "mouvements"  comme La France Insoumise ou la République en Marche, est très fort.
La revendication d'une démocratie directe est une exigence. Pas besoin d'intermédiaire organisé.
La démocratie représentative est chahutée.
Mais ne reste t-elle pas, quand même, la garante de projets portés collectivement avec, pour tous, un même niveau d'information, garante de projets portés jusqu’à la mise en place de la loi dans une cohérence idéologique ?
N'a t-on plus besoin de partis politiques ?
Ne sont-ils pas porteurs d'éducation populaire, ne sont-ils pas le lieu de débats où s'élabore une vision de la société, et des programmes de gouvernement pour y parvenir ?
Les mouvements populaires n'ont ils plus besoin d'être accompagnés par une réflexion organisée qui trouve, dans le temps, sa cohérence ?
La démocratie peut elle se passer de partis ?
Peut-elle, en particulier, se passer d'un parti révolutionnaire qui s'inspire de la pensée marxiste ? Que serait "le modèle social français" si le Parti communiste n'avait pas existé ? Nous proposons d'en débattre après le spectacle "Jojo le Gilet Jaune" en présence de Bernard Vasseur, philosophe marxiste.

Jean-philippe

Communiste !
avec Marx
Bernard VASSEUR
samedi 15 février


LES COMMUNISTES FRANÇAIS SONT-ILS UTILES ?

Petit rappel historique

Par deux fois, à la fin de la Seconde Guerre mondiale et lors du premier mandat présidentiel de François Mitterrand, les Communistes ont participé au gouvernement. Ils n'y furent pas inutiles...

La Sécurité sociale, c'est Ambroise Croizat

Le programme du Conseil National de la Résistance, en mars 1944, prévoyait un « plan complet de sécurité sociale visant à assurer, à tous les citoyens, des moyens d’existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail ».
Il appartiendra au ministre communiste du gouvernement dirigé par De Gaulle, l'ancien métallo Ambroise Croizat, de le mettre en œuvre, avec l'Ordonnance du 19 octobre 1945 . L'ordonnance créée un système de sécurité sociale en France, géré par les partenaires sociaux, financé par des cotisations à la charge des employeurs et des salariés.
Ainsi, fondée sur la solidarité, la justice sociale, la démocratie et une meilleure répartition des richesses créées, la Sécurité sociale a permis une amélioration considérable de l’état sanitaire de la population, la création des CHU et un considérable progrès de la recherche dans le domaine de la santé. Elle a aussi été un puissant levier de relance de l’économie et la promotion du progrès social dans notre pays.

Le statut général des fonctionnaires de l'Etat et des collectivités territoriales.c'est Anicet Le Pors

Le 13 juillet 1983, est adoptée la loi dite loi Le Pors, qui unifie les trois fonctions publiques (d'État, territoriale et hospitalière).
Dans un récent entretien avec un journaliste de la revue Fonction publique, l'ancien ministre en montre la portée :
« Elles ont marqué un progrès tant dans l'ordre de la clarification de l'organisation de la Fonction publiique territoriale que dans celle de l'amélioration des conditions matérielles et morales des agents publics des collectivités territoriales. Ceux-ci ont tout d'abord bénéficié des avancées du statut des fonctionnaires de l'État définies en 1946 (…) : régime spécial de protection sociale et de retraite, droit syndical, organismes paritaires, etc. Ils se sont vu également reconnaître les nouveaux droits expressément introduits en 1983 dans le titre 1er pour tous les fonctionnaires : droit de négociation reconnu aux organisations syndicales, droit à la formation permanente, à l'information, droit de grève, liberté d'opinion, la mobilité reconnue garantie fondamentale, etc. Cette loi du 13 juillet 1983 a fait des agents territoriaux des fonctionnaires, sur un même pied d'égalité que les autres. On a tourné le dos à la loi de finances du 31 décembre 1937, qui interdisait aux communes de dépasser les rémunérations versées aux fonctionnaires de l'Etat pour des fonctions équivalentes. On peut parler de dignité restaurée » .

D'acord, mais ça, c'est le passé. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Ian Brossat, maire-adjoint de Paris, président de l'AECR (Association des Élus Communistes et Républicains), répond en illlustrant, dans le nuéro de janvier-février de la revue Cause commune, le rôle des élus communistes :
« Pour évoquer le communisme municipal du XXIe siècle, il suffit de regarder toutes les innovations mises en place par nos maires, par nos élus en situation de responsabilité sur tout le territoire. Quelques exemples : l’instauration de budgets participatifs permettant aux citoyens de trancher les projets à financer comme à Montreuil, l’implantation d’un centre de santé dans un désert médical comme à Grigny, la mise en place d’une complémentaire santé communale comme à Allonnes, un « check-up » santé offert aux jeunes de 18 ans comme à Villeneuve-Saint-Georges, la création d’un relais des assistantes maternelles comme à Gentilly, la mise à disposition de locaux et de moyens humains et technologiques pour aider les élèves en difficulté comme à Gennevilliers, la municipalisation de l’eau avec gratuité des trente premiers mètres cubes consommés comme à Roquevaire, l’aide au développement d’entreprises de l’économie sociale et solidaire comme à Tarnos, la mise en place avec la métropole de chaudières à biomasse pour accroître la part des énergies renouvelables comme à Vénissieux, 50 % de repas bio dans les cantines municipales comme à Martigues, des projets innovants de démocratie locale et de concertation avec les habitants comme à Dieppe ou La Courneuve, la mise en place d’un permis de louer contre l’habitat indigne comme à Aubervilliers… Malgré les difficultés qui s’accumulent, nos communes sont autant de républiques sociales à elles toutes seules. Voilà notre modèle ».

OUI, DÉCIDÉMENT, TANT AU PLAN LOCAL QU'AU PLAN NATIONAL, LES COMMUNISTES SONT UTILES !






samedi 22 février 2020

SANTÉ DANS LE CHABLAIS : DES ACTES !

Une très belle soirée de débat 

avec plus d'une centaine de participant-e-s sur le projet de centres de santé publics dans le Chablais, en présence du Dr Richard Lopez, président de la coopérative "La Fabrique des centres de santé", médecin généraliste dans un centre nouvellement créé en Saône et Loire (avec 19 antennes à ce jour) par le Conseil Départemental.


De nombreux élu-es et candidat-es aux municipales présent-e-s, 
ainsi que Mmes Leï et Mahut, Conseillères Départementales, qui soutiennent ce projet. 
Prochaine étape : 
présentation du projet en présence du Dr Lopez à la commission sociale du Conseil Départemental, 
le rendez-vous est acté ! 
Maintenant, aux actes.


le centre de santé public, serait une victoire pour la santé des chablaisien ne s, pour les citoyen ne s et pour les candidat e s aux élections municipales qui se battent sans compter pour ce projet

DÉBAT D'ATTAC CHABLAIS 10/02/2020

 Intervention de Michel  Vuillaume :
sur la défense des services publics 
et de l'accès aux soins 
au débat d'Attac Chablais pour la liste 
Le Printemps de Thonon, 
avec tous les candidat-es aux municipales :



     



















   "Parce que nous avons à coeur de défendre l'ensemble des services publics de la ville et du Chablais, nous faisons nôtre la devise “Mieux vaut payer des fonctionnaires que des actionnaires”.
De ce fait, nous mettrons fin à l'ensemble des délégations de services publics lorsqu'elles arriveront à échéance. Le stationnement, les parkings souterrains, le périscolaire, les cantines et repas à domicile, seront repris en gestion municipale permettant ainsi un contrôle direct sur les coûts et le respect des missions, en particulier pour développer l'alimentation biologique dans les cantines avec la création d'une cuisine centrale municipale.
Nous créerons également une ferme pédagogique et une Maison de la Nature.
Nous resterons vigilants, au sein de Thonon-Agglomération, pour que le réseau d'eau et d'assainissement reste public. Nous proposerons que les premiers mètres cubes soient gratuits et qu'un tarif différentiel soit appliqué pour les gros consommateurs, en prenant en compte la composition familiale des abonnés.
La défense et le développement des services publics nationaux, régionaux et départementaux, tels que le Palais de Justice, l'Hôtel des Impôts, les collèges et lycées, la desserte ferroviaire, tant attaqués par les politiques d'austérité, seront nos priorités. Nous mobiliserons les élus et la population si des menaces venaient à se présenter.
Concernant l'enseignement primaire et maternel, nous créerons deux nouvelles écoles publiques, une à l'est, une à l'ouest. Nous créerons une nouvelle crèche municipale, au sein d'un espace inter-générationnel avec un nouveau foyer-logement pour personnes âgées. Nous développerons un service d'aides à domicile municipal pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite.
Concernant la culture, nous reprendrons le cinéma L'Excelsior en gestion municipale pour y créer un cinéma d'art et d'essai et une salle de concert ou de représentation pour les groupes locaux, nous effectuerons les travaux nécessaires pour son accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
Nous créerons une Maison des Associations, dans l'ancienne caserne des pompiers si les locaux le permettent, de même qu'un lieu d'exposition municipal pour les artistes locaux avec mise à disposition d'ateliers de création.
Pour la défense du droit au logement pour tous, nos élus agirons au sein de Léman-Habitat pour que l'office reste public et géré localement, les orientations gouvernementales incitant les offices public et privés à fusionner. Nous mobiliserons les locataires en cas de besoin. Nous agirons pour une augmentation significative de créations de logements sociaux, avec des loyers abordables pour les catégories sociales les plus fragilisées et les handicapés, et pour accélérer les réhabilitations et l'isolation des logements anciens. Nous agirons pour que Thonon atteigne le plus rapidement possible le seuil légal des 25% de logements sociaux.
Concernant les Hôpitaux du Léman, nos élus resteront extrêmement mobilisés pour le maintien de toutes les activités médicales des HDL, avec une vigilance particulière pour le maintien des services d'hospitalisation en psychiatrie, dont l'avenir sur Thonon n'est toujours pas garanti au delà de deux ans, depuis le rattachement administratif à l'hôpital psychiatrique de La Roche sur Foron.
Concernant le droit à la santé pour tous nos concitoyens, nous créerons un centre de santé public dans la Galerie de l'Etoile, avec des médecins généralistes et des infirmières salariés. Ce centre accueillera la petite urgence et assurera tous les volets de prévention, actuellement peu ou pas effectués sur les différents quartiers de la ville. Ce centre de santé public appliquera le tiers-payant et sera conventionné en secteur 1. Nous inscrivons cette réalisation dans un projet plus large, issu des travaux du colllectif santé-Chablais, prévoyant la création de quatre autres antennes situées sur les différents territoires du Chablais. Nous proposons au Conseil Départemental d'en être le gestionnaire, des discussions sont actuellement en cours entre le collectif, les conseillers départementaux et l'ARS à ce sujet. Une soirée débat de présentation du projet aura lieu le 21 février à 20h à l'auditorium de Margencel, vous y êtes toutes et tous conviés."Mon intervention sur la défense des services publics et de l'accès aux soins au débat d'Attac Chablais hier soir pour la liste Le Printemps de Thonon, avec tous les candidat-es aux municipales :
"Parce que nous avons à coeur de défendre l'ensemble des services publics de la ville et du Chablais, nous faisons nôtre la devise “Mieux vaut payer des fonctionnaires que des actionnaires”.
De ce fait, nous mettrons fin à l'ensemble des délégations de services publics lorsqu'elles arriveront à échéance. Le stationnement, les parkings souterrains, le périscolaire, les cantines et repas à domicile, seront repris en gestion municipale permettant ainsi un contrôle direct sur les coûts et le respect des missions, en particulier pour développer l'alimentation biologique dans les cantines avec la création d'une cuisine centrale municipale.
Nous créerons également une ferme pédagogique et une Maison de la Nature.
Nous resterons vigilants, au sein de Thonon-Agglomération, pour que le réseau d'eau et d'assainissement reste public. Nous proposerons que les premiers mètres cubes soient gratuits et qu'un tarif différentiel soit appliqué pour les gros consommateurs, en prenant en compte la composition familiale des abonnés.
La défense et le développement des services publics nationaux, régionaux et départementaux, tels que le Palais de Justice, l'Hôtel des Impôts, les collèges et lycées, la desserte ferroviaire, tant attaqués par les politiques d'austérité, seront nos priorités. Nous mobiliserons les élus et la population si des menaces venaient à se présenter.
Concernant l'enseignement primaire et maternel, nous créerons deux nouvelles écoles publiques, une à l'est, une à l'ouest. Nous créerons une nouvelle crèche municipale, au sein d'un espace inter-générationnel avec un nouveau foyer-logement pour personnes âgées. Nous développerons un service d'aides à domicile municipal pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite.
Concernant la culture, nous reprendrons le cinéma L'Excelsior en gestion municipale pour y créer un cinéma d'art et d'essai et une salle de concert ou de représentation pour les groupes locaux, nous effectuerons les travaux nécessaires pour son accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
Nous créerons une Maison des Associations, dans l'ancienne caserne des pompiers si les locaux le permettent, de même qu'un lieu d'exposition municipal pour les artistes locaux avec mise à disposition d'ateliers de création.
Pour la défense du droit au logement pour tous, nos élus agirons au sein de Léman-Habitat pour que l'office reste public et géré localement, les orientations gouvernementales incitant les offices public et privés à fusionner. Nous mobiliserons les locataires en cas de besoin. Nous agirons pour une augmentation significative de créations de logements sociaux, avec des loyers abordables pour les catégories sociales les plus fragilisées et les handicapés, et pour accélérer les réhabilitations et l'isolation des logements anciens. Nous agirons pour que Thonon atteigne le plus rapidement possible le seuil légal des 25% de logements sociaux.
Concernant les Hôpitaux du Léman, nos élus resteront extrêmement mobilisés pour le maintien de toutes les activités médicales des HDL, avec une vigilance particulière pour le maintien des services d'hospitalisation en psychiatrie, dont l'avenir sur Thonon n'est toujours pas garanti au delà de deux ans, depuis le rattachement administratif à l'hôpital psychiatrique de La Roche sur Foron.
Concernant le droit à la santé pour tous nos concitoyens, nous créerons un centre de santé public dans la Galerie de l'Etoile, avec des médecins généralistes et des infirmières salariés. Ce centre accueillera la petite urgence et assurera tous les volets de prévention, actuellement peu ou pas effectués sur les différents quartiers de la ville. Ce centre de santé public appliquera le tiers-payant et sera conventionné en secteur 1. Nous inscrivons cette réalisation dans un projet plus large, issu des travaux du colllectif santé-Chablais, prévoyant la création de quatre autres antennes situées sur les différents territoires du Chablais. Nous proposons au Conseil Départemental d'en être le gestionnaire, des discussions sont actuellement en cours entre le collectif, les conseillers départementaux et l'ARS à ce sujet. 


lundi 10 février 2020

9 SEMAINES CONTRE LA DESTRUTION DE L'HUMAIN


Trois générations de femmes, 
la plus âgée a 96 ans, toute une vie à défendre 
des conditions 
de vie correcte pour sa famille, 
ses enfants, et maintenant ses petits enfants. 

Et oui Monsieur le Président Macron, 
ce n’est pas pour le plaisir que ces femmes 
se sentent obligées d’être dans la rue.

mardi 4 février 2020

Des partis? pour quoi faire


La mémoire : une bataille politique pour le centenaire

Il suffit d’avoir dans sa vie fait un seul porte-à-porte – un vrai, avec une bouche et des oreilles, pas une récitation répétée sans écouter son interlocuteur –, parlé politique avec quelqu’un qui n’est pas un proche, pour mesurer combien la politique n’est pas réductible à un programme – aussi réelle soit l’importance d’un programme. La politique, c’est affaire de sens, de repères, de symboles, de mémoire.
De ce point de vue, le centenaire du PCF est l’occasion d’animer cette bataille. Je prendrai trois exemples.

1) L’image du Parti communiste est bien sûr liée à celle de l’Union soviétique, elle-même réduite à deux traits dominants : inefficacité économique et écologique ; insoutenable répression dans un climat liberticide. Si la réalité des expériences socialistes fut assurément plus complexe, nous restons souvent sommés de nous expliquer quant à « notre soutien indéfectible » à ce « camp de l’Est » qui n’eut pas que ces deux caractéristiques mais qui, hélas, en grande partie, les eut aussi. De ce point de vue, il ne s’agit pas de nier l’évidence : le communisme en France, d’Octobre à 1991, fut fortement marqué par ce qui se tentait à l’Est. Cela a même, longtemps, été un indubitable gage de crédibilité : nous ne pouvions être taxés de doux rêveurs comme Clemenceau moquant les discours de Jaurès car tous les verbes en étaient au futur. Pour autant, les relations PCF-PCUS ne peuvent être ramenées à ce « soutien indéfectible » et permanent. Et de cela, qui a encore la mémoire au-delà des rangs communistes ? Qui sait la condamnation, sous Thorez, des publications antisémites parues en Ukraine soviétique ? Non pas une condamnation secrète mais, dans le journal communiste français en langue yiddish La Presse nouvelle repris dans ce qui était ensuite l’organe central du PCF. Qui sait que c’est Aragon et Elsa Triolet qui permettent la traduction et la publication en France du premier livre de Soljenitsyne ? Qui a lu l’incroyable article « Pour l’amour de l’avenir » que la romancière consacre audit livre en première page des Lettres françaises en 1962 ? Qui sait ce que furent les relations PCF-PCUS après le terrible été pragois 1968 et dans les années qui suivirent ? Quel écart entre l’histoire du PCF sur ce chapitre et la mémoire dominante !

2) La Résistance. Pour le coup, l’horrible ampleur de la répression anticommuniste et la si large place que prirent les communistes dans la Résistance rendent encore difficile aujourd’hui d’effacer le PCF. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Côté pile, la scandaleuse opération de François Hollande en 2015 : le Président de la République décide alors de rendre hommage à la Résistance et fait entrer quatre figures au Panthéon. Parmi celles-ci, aucun communiste ! Les rouges sont gommés de la photographie... Côté face, non pas la gomme mais le crachat : l’omniprésent Jean-Michel Aphatie se répand depuis plusieurs mois sur le thème « il faut débaptiser les rues Maurice-Thorez » et semble regretter qu’on n’ait pas fusillé le « déserteur » de 1939. Superbement ignorant de l’histoire, le journaliste – que n’étouffe pourtant pas l’humilité – rejoint ainsi son confrère de RMC et l’impayable Michel Onfray dans la délirante récitation selon laquelle le Parti communiste n’a pas vraiment résisté, etc., etc. Bref, deuxième cas de figure : une mémoire qui demeure, mais qui subit bien des assauts, ce qui, sans forte réplique, laisserait forcément des traces.

3) La question coloniale. Dans notre pays si intimement marqué par cette expérience, qui sait aujourd’hui le rôle tenu par les communistes ? Qui sait qu’au lieu même où est aujourd’hui érigé le magnifique siège national du PCF, se tint en 1931 la contre-exposition coloniale vantant l’art de ces peuples dont certain locataire de l’Elysée disait encore dernièrement qu’ils n’étaient pas encore entrés dans l’Histoire... ? Surréalistes et communistes menaient alors cette bataille dans une solitude radicale. A l’heure où un racisme putride souffle son haleine mauvaise sur notre pays, ne serait-il pas utile que cette connaissance historique croisse dans notre peuple ?

Il ne s’agit pas de substituer à une légende noire une légende dorée, mais la mémoire aussi est, pour une part, un combat de classe. Bien malheureux l’homme ou la femme politique qui ne saisit pas l’importance politique de cet enjeu.

J’ai développé ici cette seule dimension mémorielle, mais il va de soi que le centenaire ne s’y réduit nullement. Alors qu’un sondage vient de dire un doute majoritaire quant au caractère positif du capitalisme, la question de la perspective communiste présente sera bien sûr au cœur de cette année de débats, de rencontres, de fêtes, de politique. 


 Guillaume Roubaud-Quashie, membre du CEN.