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dimanche 16 octobre 2022

URGENCES FERMEES A L'HOPITAL DE THONON CE WEEKEND

Notre camarade Michel VUILLAUME réagit (d'abord) par un coup de gueule 

Une nouvelle, gravissime à mes yeux, est tombée ces dernières heures, dont la presse du Chablais s'est faite l'écho, banalement publiée entre la mascarade culinaire des repas suspendus dans le vide pour l'élite thononaise et les problèmes de transports scolaires, tous aussi inquiétants et symboliques d'une société dominée par l'argent-roi et la recherche du profit maximum.



Je veux ici parler de la grave décision de fermer les urgences de nuit des Hôpitaux du Léman le week-end, mettant ainsi en danger la vie des 140 000 citoyens de nos territoires.

Pourquoi si peu de réactions?

On aurait pu croire qu'une telle décision suscite immédiatement une levée de boucliers des élus, des professionnels paramédicaux et médicaux de l'hôpital, et des usagers, concernés en premier lieu...

Faut-il y voir les effets d'une anesthésie générale due au matraquage médiatique sur la pénurie d'essence, aux prévisions anxiogènes de tous ces spécialistes énergéticiens de la dernière heure qui nous annoncent à longueur d'antenne que nous claquerons des dents cet hiver sans gaz et électricité ?

De tous ces chantres de la sobriété énergétique qui nous conseillent le col roulé ou la doudoune, de ne pas chauffer certaines salles de classe, bientôt de ne respirer qu'une fois sur deux...

On aurait pu penser que le maire, président du conseil de surveillance, et ses collègues élus des communes avoisinantes siégeant au dit-conseil, actuellement si prompts à déverser leur bile sur les technocrates et les hauts-fonctionnaires allaient lever leurs troupes pour réclamer justice pour leurs concitoyens et équité pour accéder aux soins … même pas.

Il faut dire qu'ils ont toujours, comme ceux qui les ont précédés, bien participé à la destruction de notre hôpital public.



Ayant siégé durant 25 années au conseil d'administration puis au conseil de surveillance en tant que représentant du personnel pour la CGT, je me suis quasiment toujours retrouvé seul à voter contre les restrictions budgétaires qui engendraient automatiquement un plan de restructuration de services, de suppressions de lits et de postes. Seul, avec la CGT, pour dénoncer la tarification à l'activité qui allait étouffer l'hôpital (nous y sommes), dénoncer le numerus clausus qui bridait les promotions de formation de médecins (nous y sommes).

Les seules fois où ils ont daigné réagir publiquement, c'est lorsqu'ils y ont été contraints par le rapport de force imposé par les personnels soignants et les usagers.

Un constat amer!

L'hôpital public s'effondre devant nos yeux, et ces gens-là continuent de regarder ailleurs, plongés dans leurs statistiques, leurs protocoles, leurs « démarches qualité », totalement hors-sol. Ils font mine de faire croire qu'ils « contrôlent », qu'ils « évaluent l'efficience » de leurs décisions absurdes alors que les personnels chargés de les appliquer leur prouvent tous les jours le contraire.

Ainsi, les personnels infirmiers, aides-soignants, médicaux, arrivés au bout du bout jettent l'éponge. Usés par des conditions de travail dont ils ne voient aucune solution d'amélioration, pressurés par des responsabilités toujours plus lourdes faute d'effectif suffisant et par une désorganisation monstrueuse de l'encadrement, en souffrance de ne plus pouvoir bien faire le travail pour lequel ils se sont formés, avec parfois l'impression de devenir maltraitants.

Beaucoup quittent l'hôpital public pour éviter le burn-out.

A cela, le gouvernement répond par un saupoudrage de primes Ségur, sans embauches supplémentaires, sans un véritable plan d'urgence pour sauver l'hôpital public. Et la désespérance continue, s'accélère même avec les épidémies de COVID qui se succèdent et mettent l'hôpital public à genoux malgré le dévouement immense des personnels.

Tout cela conduit à la situation que nous vivons aujourd'hui : comme il n'y a plus assez de psychiatres, on transfère les lits, les patients et les personnels à 40 kms à la Roche sur Foron, établissement lui-même exsangue. Les familles n'auront qu'à suivre ; elles ne sont, comme les patients et les personnels, que des pions dans ce grand jeu de quilles purement comptable !

Et depuis ce jour, comme il n'y a plus assez de médecins urgentistes on ferme les urgences du Chablais la nuit de 20h à 8h pendant le week-end dans un premier temps, tout en annonçant que ça pourrait se renouveler bientôt si la pénurie médicale perdurait.

Alors que faire ?

Même les « rustines » visant à embaucher des médecins intérimaires payés une fortune ne suffisent plus. Ceux-ci, pour la plupart plus intéressés par le pactole que par la fonction à assurer choisissant où et quand ils veulent travailler. Les sommes délirantes dépensées pour l'intérim médicale plombant les budgets hospitaliers déjà bien en difficulté avec la T2A. Cette tarification à l'activité que le gouvernement avait promis de supprimer, ce qu'il n'a toujours pas fait.

Alors assez de mascarades !

Ne laissons pas mourir l'hôpital public et l'accès aux soins dans nos territoires ! Pour redonner de l'attractivité à l'hôpital public, il faut prendre nationalement des mesures de rupture avec les politiques d'austérité menées depuis des décennies. Immédiatement mettre fin à la T2A, revoir toutes les grilles de salaires de toutes les catégories, lever totalement le numerus clausus pour former un maximum de médecins généralistes et spécialistes et les rémunérer en conséquence.

Il faut également investir d'urgence pour rénover les hôpitaux et les établissements sociaux et médico-sociaux. Tout cela nécessite une augmentation importante de l'ONDAM (Objectif National des Dépenses d'Assurance Maladie) votée dans le PLFSS (Projet de loi de finance de la sécurité sociale).

Pour augmenter les dépenses, il faut avoir la volonté politique d'aller chercher des recettes nouvelles pour l'assiette de cotisation de la Sécurité Sociale. En mettant immédiatement à contribution les supers-profits réalisés pendant cette crise sanitaire par les multinationales des laboratoires, les supers- profits des compagnies pétrolières, les dizaines de milliards versés aux actionnaires du CAC40 qui n'ont jamais été aussi riches.

L'argent est là et il n'y en a jamais eu autant.

Assurer des soins de qualité à la population, c'est aussi mettre en place des structures publiques de proximité, tels des centres de santé, avec des médecins salariés pour les fidéliser et exercer en secteur 1 avec le tiers-payant pour permettre un accès aux soins pour tous. Ce qui désengorgerait les urgences hospitalières et permettrait d'assurer au plus près de la population les démarches de prévention, trop souvent laissées de côté en temps de crise.

Ce sont ces décisions politiques qu'il nous faut imposer!

Tous ensemble, professionnels hospitaliers et usagers, ça URGE !