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mercredi 20 juillet 2016

ÉTAT D'URGENCE :


« Nos groupes parlementaires ne voteront pas la
prolongation »      
 (Pierre Laurent)

Cinq jours après la terrible tuerie de Nice, qui a vu les vies de 84
femmes, hommes et enfants fauchées et des centaines d'autres blessées ou
marquées pour toujours, notre nation reste endeuillée et profondément
choquée. Cette folie terroriste aveugle a plongé le pays dans un
angoissant questionnement sur les motivations du meurtrier Mohamed
Lahouij-Bouhlel et sur les moyens de faire face à la terreur que
cherchent à imposer de tels actes.

Au chagrin s'est mêlée depuis la colère devant les polémiques et les
surenchères indécentes auxquelles se sont livrés sans recul nombre de
responsables politiques.

Dès le 15 juillet, le Parti communiste français a refusé ce manque de
dignité en appelant à la solidarité et au respect des familles
endeuillées, en demandant le temps nécessaire à l'enquête et à la
réflexion pour évaluer les nouvelles mesures à prendre face au palier
franchi dans l'horreur. D'autres, singulièrement à droite et à l'extrême
droite, ont préféré faire assaut de déclarations irresponsables et de
surenchères sans fondement. Oui, nous le redisons avec force, contre la
marée nauséabonde de tous les démagogues, il va falloir raisonner,
penser pour pouvoir agir mieux et plus efficacement contre la menace
terroriste grandissante, contre la violence criminelle qui se pare
d'alibis ou de mobiles religieux ou politiques, et contre les haines et
les divisions.

Le gouvernement a décidé, sans débat, de prolonger l'état d'urgence,
sous la pression de la droite et de l'extrême droite qui veulent durcir
encore le régime d'exception.

Or, force est de constater que l'état d'urgence n'a pas permis d'éviter
le carnage de Nice, dans une ville que les élus de droite ont faite
laboratoire de leurs expérimentations sécuritaires.

Avant d'annoncer précipitamment sa prolongation, le président de la
République venait de la déclarer inutile en indiquant que les lois
récemment votées après son déclenchement permettaient de prendre le
relais. Le risque s’accroît donc d'une dérive répressive sans efficacité
pour la sécurité de nos concitoyen-ne-s, et d'une atteinte à nos
libertés publiques fondamentales.

Nos groupes parlementaires ne voteront donc pas cette prolongation.

Nous appelons en revanche à une réorientation profonde de nos politiques
nationales, européennes et internationales. La lutte contre l'action
terroriste et l'insécurité du monde est inséparable de la reconstruction
d'une nouvelle civilisation commune à toute l'humanité.

Riposter à la violence terroriste et au projet politique meurtrier et
dictatorial de Daesh, par la seule voie militaire, par l'engagement de
notre pays dans une logique de guerre aveugle, sans stratégie politique
visant le retour de la paix et de la sécurité internationale est une
grave erreur. Elle alimente la propagande de Daesh sur les esprits qu'il
domine.

Tous les promoteurs et artisans de la logique de « guerre des
civilisations », depuis Daesh jusqu'à ceux qui prétendent la combattre
sur le même terrain, entraînent notre pays et l'humanité dans une voie
sans issue.

Les communistes appellent à résister à cette logique meurtrière, à faire
reculer ensemble les violences, les haines et les politiques de la peur.

Nous avons, ensemble, la capacité de rejeter le terrorisme et tout ce
qui le nourrit, ici en France et ailleurs dans le monde où les guerres
et le chaos qu'elles entraînent lui servent de terreau pour son
développement.

La France doit enfin accepter de réviser en profondeur ses choix
internationaux pour des évolutions de paix au Proche-Orient et en
Afrique. Les peuples du Proche-Orient et d'Afrique y aspirent
profondément ; ce sont eux et les forces démocratiques et pacifiques que
la France doit soutenir avec ardeur.

Ici en France, il est temps de déclarer l'état d'urgence sociale afin de
stopper les politiques d'austérité (baisse des dotations aux
collectivités locales, suppression de services et de personnel) et de
déployer des moyens sans précédent de présence de l’État et des services
publics dans tous les territoires de la République.

Sécurité de proximité, éducation, santé publique, accompagnement
psychiatrique, prévention, aide psychologique, lutte contre les
violences faites aux femmes, contre les trafics mafieux… sont des
priorités d'une urgence absolue

C'est seulement dans ce cadre nouveau que les efforts immenses faits par
les services de sécurité, de police et de gendarmerie, dont il faut
saluer le dévouement, trouveront leur pleine efficacité.

Au-delà, c'est un autre avenir de développement et de solidarité, un
avenir d'humanité commune, qu'il faut mettre à l'ordre du jour, en
France, en Europe et dans le monde. Nous ne voulons plus de ce monde de
l'argent, des concurrences et des guerres, qui nourrit tous les égoïsmes
et les racismes.

Contre le déferlement de haine et de démagogie qui ouvrent aujourd'hui
la voie aux populismes en tous genres et aux extrêmes droites violentes
et xénophobes, les communistes œuvreront sans relâche pour que notre
peuple, et toutes celles et ceux qui ont choisi la France pour y vivre,
puissent débattre sereinement et démocratiquement de ces enjeux majeurs.

2017 sera pour cela une année cruciale durant laquelle nous ne
laisserons pas le débat politique se rouler dans la fange.

Notre pays mérite mieux, afin de construire un dialogue avec les forces
démocratiques du monde pour une humanité de paix, d'égalité et de partage.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Paris, le 19 juillet 2016.