En colère, le député communiste André Chassaigne dénonce les "petits traficotages" de la majorité
Les méthodes de la nouvelle Assemblée nationale, dominée à une forte majorité par les députés de La République en marche (LREM), commencent à exaspérer les élus de l'opposition. Et l'un des vétérans de l'Hémicycle, André Chassaigne (PCF), a dénoncé, tard dans la soirée mercredi 28 juin, "les petits traficotages" de la majorité pour obtenir tous les postes de vice-présidents. La scène a été filmée par la chaîne LCP.
"Chers collègues, j'ai quelques années d'expérience, peut-être trop, commence le député de la 5e circonscription du Puy-de-Dôme, en fonction depuis 2002. Mais je dirai que je suis assez époustouflé par le fonctionnement qu'on a aujourd'hui, par ces applaudissements massifs que l'on entend, quels que soient les propos plus ou moins sensés ou contradictoires qui peuvent être tenus."
"Est-ce que c'est ça la nouveauté ?"
"Mais permettez-moi de vous le dire, Monsieur Ferrand [président du groupe La République en marche], l'intervention que vous venez de faire, en disant qu'il va falloir élire un nombre de vice-présidents pour une durée qu'on ne connaît pas, sous la réserve que peut-être, il pourrait y avoir une évolution du côté des Républicains, qu'est-ce que c'est que cette façon de faire ? s'insurge André Chassaigne. Est-ce que c'est ça la nouveauté, le nouveau monde, la nouvelle politique que vous voulez introduire dans l'Hémicycle ?"
Richard Ferrand a en effet organisé l'élection des vice-présidents alors que Les Républicains (LR) avaient décidé de retirer leurs candidats à ces postes. Le groupe LR protestait ainsi contre l'élection comme questeur de Thierry Solère, un Républicain "constructif", c'est-à-dire prêt à soutenir la majorité acquise à Emmanuel Macron.
Des vice-présidents tous issus de la majorité
"Qu'est-ce que c'est que ces petits traficotages ? s'enflamme André Chassaigne. On doit voter aujourd'hui, (...) il y a des candidatures qui ont émergé. Est-ce que vous allez faire la démonstration que sur six vice-présidents, il y en a cinq qui seront les vice-présidents du rouleau compresseur ? (...) Est-ce que c'est ça, l'exemple que vous voulez montrer ? Vous êtes au contraire en train de montrer que sous des mots qui apparaissent novateurs, vous êtes sur des calculs, des comportements qui ne méritent qu'un adjectif : petit."
A l'arrivée, comme le souligne LCP, les six vice-présidents sont tous issus de la majorité : Carole Bureau-Bonnard (LREM), Hugues Renson (LREM), Danielle Brulebois (LREM), Sacha Houlié (LREM), Cendra Motin (LREM) et Sylvain Waserman (MoDem). Lors de la précédente législature, deux postes de vice-présidents revenaient à l'opposition.