L'Aquarius
mérite le prix Nobel de la Paix
(Francis Wurtz)
02/10/2018 - PCF
Un tel acte hautement symbolique serait d'autant mieux venu que la décision du Panama, sous la pression du gouvernement d'extrême-droite italien, de retirer son pavillon au navire humanitaire, compromet gravement la poursuite de ses missions si aucun pays ne se résout à l'immatriculer. Gageons que l'hommage du Prix Nobel de la Paix donnerait à ces héros des temps modernes un poids décuplé face aux Etats européens, aujourd'hui plus prompts à livrer les migrants aux pseudo "gardes-côtes" -et vrais criminels- libyens qu'à aider à organiser le secours à leurs victimes !
Plus généralement, un tel choix du Comité Nobel allégerait la chape de plomb du discours anti-migrant -tantôt ouvertement xénophobe, tantôt vicieusement ambigüe- qui s'abat depuis des mois sur une opinion publique en plein désarroi. Il aiderait, par exemple, cette majorité absolue de Françaises et de Français, troublés par la campagne ambiante , mais qui conservent une bonne opinion des ONG qui aident les migrants (1) , à reprendre confiance dans les valeurs humaines et à s'engager plus hardiment dans l'action pour les faire vivre au quotidien. "L'Aquarius est un symbole politique -note avec perspicacité un observateur averti de la société française- (...) Il rappelle d'autres bateaux célèbres, comme "l'Exodus", qui transporta en 1947 des juifs rescapés de la Shoah, ou encore "l'Ile de lumière", navire affrété en 1979 pour secourir les boat people en mer de Chine" (2). On pourrait ajouter le cas, odieux et tragique, du "Saint-Louis" , transportant 938 juifs fuyant l'Allemagne en 1939 à destination de l'Amérique, où ils furent refoulés pour être finalement accueillis, après une longue errance, en Hollande, en France et en Grande-Bretagne. Un tiers de ces réfugiés finira dans les camps de la mort...
Vivement un sursaut ! Sinon, nos descendants risquent de nous voir un jour avec le même regard incrédule mêlé de honte que celui que nous portons aujourd'hui sur les "zoos humains" exhibant jusqu'à la seconde guerre mondiale des hommes, des femmes et des enfants "primitifs" ou "sauvages", arrachés à leur terre africaine, sud-américaine ou australienne pour divertir les visiteurs des pays "civilisés".
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(1) Voir sondage ODOXA (27/9/2018)
(2) Jérôme Fourquet, Directeur du département Opinion de l'IFOP (Le Figaro, 26/9/2018)