Les comités de défense
des maternités et
des hôpitaux de proximité
profitent des élections pour appeler les usagers
à prendre la parole et défendre l’accès aux soins.
La coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et des maternités de proximité, qui regroupe quelques 120 comités locaux et 4000 contacts, lance une campagne de recueil de témoignages et de propositions à l’adresse des usagers et des patients. « La situation des hôpitaux, le recul de l’accès aux soins et les menaces qui pèsent sur notre protection sociale rendent nécessaire la mobilisation, explique Hélène Derrien, la présidente de la coordination. Nous constatons de plus une attente très forte de nos concitoyens à prendre la parole sur le sujet. » Outre l’affluence dans les débats qu’elle organise, la coordination a enregistré la création de plusieurs comités ces dernières semaines, comme à Thouars, Morlaix, ou encore à Brest ou Valognes. Dans ces quatre collectivités, la fusion de services et d’établissements hospitaliers est à l’ordre du jour, conformément à la mesure phare de la loi santé de Marisol Touraine : la création de 150 groupements hospitaliers de territoire (GHT) en lieu et place des 1 000 hôpitaux publics recensés actuellement. « La ministre de la Santé explique que les GHT vont permettre à chacun d’avoir accès à des soins d’excellence, ironise Hélène Derrien. En réalité, les regroupements, la suppression des lits qui les accompagnent, recomposent le maillage de la carte sanitaire au détriment de l’offre de soins de proximité. »
La politique de regroupements des hôpitaux n’est pas le seul sujet à inquiéter la coordination. La dégradation de l’accès aux soins auxquels renonce, totalement ou partiellement, un quart de la population, et jusqu’à 38 % en fonction du degré de difficulté des familles, selon une enquête du Secours populaire, alarme l’association. Si le coût des soins explique l’essentiel des renoncements à se soigner, les déserts médicaux ne sont pas non plus étrangers au phénomène. Bien connues dans les zones rurales, les pénuries de praticiens touchent désormais les villes et particulièrement les quartiers populaires. « Au début des années 1970, 8 500 médecins étaient formés chaque année.
Aujourd’hui, alors que la population a fortement augmenté, on n’ en forme plus que 3 500. A l’époque, on a pensé qu’en limitant l’offre de soins, on limiterait le recours aux soins. On voit bien que cela ne marche pas comme cela. Les besoins sont là, liés au vieillissement, au développement des maladies chroniques. Le numérus clausus vient enfin d’être augmenté mais il faut sept à dix ans pour former un médecin, cinq pour une aide-soignante, et le matériel médical est de plus en plus cher », déplore Paul Cesbon, membre du conseil d’administration de la coordination.
« Un gâchis », juge-t-il. La coordination rappelle que la France, dont le système de santé occupait autrefois le 1er rang mondial, a été rétrogradée au 11e rang. 100 000 lits ont été supprimés en 20 ans dans les hôpitaux publics (chiffres de l’OCDE). 16 000 depuis 2014, selon la Fédération hospitalière de France.