Article épinglé

AGENDA DU PREMIER SEMESTRE 2024

Samedi 27 avril 2024 : Ciné-débat gratuit, "Diarios de Motocicleta" MJCF château de Sonnaz Tonon-lesBains 15h Mercredi 1 mai 2024 ...

mercredi 14 mars 2018

POUVOIR D'ACHAT DES RETRAITÉSRETRAITE

Les retraités ne supportent plus d’être à ce point maltraités

Il y aura beaucoup de cheveux blancs demain 15 mars dans les manifestations qui se dérouleront un peu partout en France contre la ponction opérée sur les pensions de retraite pour augmenter très légèrement les salaires des actifs sans que cela ne coûte un centime aux patrons alors que les entreprises du CAC ont dégagé 94 milliards d’euros de bénéfice en 2017. Ces profits sont pourtant en hausse sensible dans les trois quarts de ces mêmes entreprises. Plus qu’un symbole, ce doit être le départ d’une longue marche qui finira par être victorieuse !
Pendant des mois, le gouvernement a voulu faire croire aux retraités que seulement les plus aisés parmi eux perdraient un peu de pouvoir d’achat avec l’augmentation de la CSG de 1,7% sur la pension brute à partir de janvier 2018. Mais tous les retraités qui ont fait leurs comptes depuis le début de l’année découvrent que le Président de la République  et le gouvernement leur ont menti. Ainsi la ponction de + 1,7% de CSG appliquée à la pension brute, se traduit par une baisse de 1,83% de la pension nette. Quiconque percevait 1.500€ net avant la hausse pouvait penser que sa pension allait diminuer de 25,50€ par mois et de 306€ sur l’année. La baisse sera de 27,45€ par mois et de 329,40 euros sur l’année. C’est la baguette de pain que Macron enlève chaque jour de la bouche du modeste retraité.
Des veufs et surtout des veuves qui touchaient moins de 1.200€ par mois, mais percevaient en plus une pension de réversion de leur défunt conjoint,  se retrouvent taxés sur la totalité de ce qu’ils perçoivent via ce prélèvement. Le nouveau président des riches  pille ainsi les retraités et nous dit qu’il fait cela pour concéder une petite augmentation de salaire aux actifs. Mais les actifs paient aussi l’augmentation de la CSG. C’est en supprimant parallèlement la cotisation maladie et la cotisation chômage qui étaient à la charge du salarié, que l’on augmente très faiblement son salaire net. Au point que les actifs aussi sont mécontents du résultat.  Ainsi, seuls les patrons sont gagnants, qu’il s’agisse de LVMH, de Carrefour, de Renault, de Peugeot-Citroën, de Dassault, du Crédit Agricole ou de BNP Paribas et tous les autres. Emmanuel Macron veut-il nous faire croire que Bernard Arnault, PDG du groupe LVMH n’avait pas les moyens de consentir une augmentation à se salariés alors que sa fortune personne est passée de 42,2 milliards à 72 milliards d’euros entre le premier jour de janvier et le dernier jour de décembre durant la seule année 2017 ? Ajoutons que durant la même année la valeur de l’action LVMH en Bourse est passée de 145 à 264,5 euros !
8,4 milliards d’euros de profits pour Sanofi en 2017
 Le Figaro du 5 mars indiquait que, pour l’année 2017, « sur les 39 entreprises du CAC 40 qui ont dévoilé leurs comptes, 31 affichent des résultats en hausse. La palme du plus fort bénéfice revient à Sanofi avec  8,4 milliards d’euros ». LVMH a annoncé 5,12 milliards d’euros de bénéfices pour l‘année  2017. Bernard Arnault, cité plus haut, bénéficie de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pendant que la ponction sur les retraites sert à réduire le salaire brut que paient les multinationales. Et en même temps, comme dirait l’autre,  Carlos Ghosn, PDG de Renault, ne paiera plus l’ISF sur ses 7 millions d’euros de salaire perçus en 2017. Il en ira de même pour tous les hauts cadres surpayés.
Partout où ils osent encore aller au contact de la population dans leur circonscription, les députés de La République En Marche constatent que cette hausse de la CSG a profondément mécontenté les gens qui ont voté pour eux. Au point nous disait le Canard Enchaîné du 21 février que « l’Elysée réfléchit bien à une stratégie pour tenter d’effacer les effets négatifs de cette hausse de la CSG ».
Les confidences faites au Journal du Dimanche(JDD) du 11 mars par des proches d’Emmanuel Macron donnent à penser qu’on n’en est pas encore là. Elles en disent long sur le cynisme dont fait preuve ce jeune président de la République vis-à-vis des hommes et des femmes qui ont travaillé et cotisé pour gagner une pension qui leur est due jusqu’à la fin de leur vie. Un conseiller de Macron confiait au JDD que « depuis le mois de septembre le président savait que quand ces électeurs verraient le résultat sur leur feuille de retraite ça allait coincer un peu ».Mais le même regrette que « le gouvernement ait tendance à être très défensif, alors que les retraités ont un niveau de vie très supérieur à celui des actifs »selon ce conseiller. Dans un pays ou la pension brute moyenne était 1.306€ par mois avant la ponction de 1,83% sur le net à percevoir, les propos de ce conseiller sont indécents. 
« Il faut éviter le bashing retraité », dit-on à Matignon 
 A Matignon on semble plus inquiet des conséquences politiques du matraquage des retraités à la demande du président des riches. « Il faut éviter le retraité bashing et ne pas stigmatiser les baby boomers. Car le risque c’est de perdre du soutien et de la confiance, alors que c’est une catégorie qui soutien notre politique de réforme», confie-t-on au JDD dans le cabinet d’Edouard Philippe, transfuge du parti de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé, de François Fillon et de Laurent Wauquiez. Sans doute voit-on avec inquiétude, chez Edouard Philippe, la perte de confiance de 10 points entre janvier et février chez les 50 à 64 ans et de 6 points chez les plus de 65 ans.
Notons enfin que le Conseil constitutionnel présidé par Laurent Fabius a approuvé le budget 2018 sans rien trouver à redire sur une pratique qui, pour la première fois sous la Vème République,  remet en cause les droits à pension acquis par les retraités à partir des cotisations qu’ils ont payées durant leur vie active. Pire encore, l’augmentation de la CSG imposée aux retraités sert surtout à compenser la suppression de la cotisation chômage des actifs alors que le fait même d’être un retraité ne peut plus donner lieu à une indemnisation du chômage. Ajoutons que, renouvelée à plusieurs reprises au cours des prochaines années, cette façon de relever le niveau de la CSG payée par les retraités pourrait réduire les pensions à peu de chose en quelques années.
Se pose donc une question de droit. Comment le président du Conseil constitutionnel, ancien Premier ministre, puis ancien président de l’Assemblée nationale, peut-il justifier une telle remise en cause des droits acquis par des hommes et des femmes qui ont cotisé pour la retraite ? Tout cela pour permettre aux employeurs de donner quelques euros de plus par mois à des actifs, sans débourser un centime, mais en supprimant sur la feuille de paie la part imputée à chaque salarié pour le chômage et pour la maladie? Le moment n’est-il venu d’interpeler le président du Conseil Constitutionnel sur ce sujet? Surtout quand on sait que cet homme s’est parfois revendiqué de Jean Jaurès pour parler de justice sociale !
Les personnels des EHPAD manifestent aussi demain 
En attendant, les retraités ne seront pas seuls à manifester demain. Les salariés des Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes(EHPAD) seront en grève et manifesteront avec les retraités pour demander plus de moyens, notamment en personnel. Ils avaient déjà) fait grève le 30 janvier. Dans un communiqué publié le 13 mars, Joseph Krummenacker, président de la Fédération nationale des associations et amis des personnes âgées et de leurs familles(FNAPAEF), soutien cette journée d’action écrit et la justifie en ces termes : «Cette mobilisation (du 30 janvier ndlr), n’a pas retenu l’attention du président de la République. Elle n’a suscité aucune réaction de sa part. Les personnes âgées ne semblent être à ses yeux  que des rentiers nantis qui se doivent de contribuer à la solidarité nationale sans rien attendre en retour pour répondre aux graves difficultés qu’ils rencontrent, la maladie et la perte d’autonomie venant ».
Malicieux, Joseph Krummenacker termine son communiqué en citant une phrase de Paul Ricoeur avec qui Emmanuel Macron travailla naguère : « La fatalité c’est personne, la responsabilité c’est quelqu’un ». Et d’ajouter en conclusion : « Vous êtes celui-là, monsieur le Président ».
Journaliste et auteur