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lundi 16 décembre 2024

LE PCF AFFICHE SES AMBITIONS POUR LE PAYS ET POUR LA GAUCHE

Les 500 délégués à la conférence nationale du PCF invitent la gauche à échanger sur les obstacles qui l’empêchent d’être, pour l’heure, majoritaire dans le pays. 

Le Parti communiste entend y contribuer avec ses campagnes pour la paix et l’emploi dans l’industrie et les services publics.



Un avertissement. « Dans une France où la température a augmenté de 4 degrés, les « jours heureux », on peut oublier », prévient Amar Bellal, l’un des 500 délégués de la conférence nationale du Parti communiste français réunis samedi 14 décembre.

Un rendez-vous pour dresser le bilan des deux années écoulées, déterminer les batailles prioritaires sur lesquelles le PCF doit s’engager et aborder les prochaines échéances électorales. « Le principal problème du Parti est qu’on est trop identifiés aux enjeux du passé », a souligné le responsable écologie. D’où, selon lui, le bon accueil réservé partout en France aux échanges sur le plan climat « Empreinte 2050 » du PCF pour décarboner l’économie : « Ce qui a plu est qu’on est tournés vers l’avenir. »

Le sentiment d’avoir délaissé le combat pour la paix

Les délégués ont planché sur une feuille de route qui avance « cinq grands identifiants (du) projet communiste » au XXIe siècle : paix ; révolution du travail ; biens communs ; égalité réelle ; moyens financiers et nouveaux pouvoirs. Sur le premier sujet, les débats locaux ont fait émerger une frustration : le sentiment d’avoir, malgré une légitimité historique, laissé le combat pour la paix à d’autres.

« Nous sommes perçus comme effacés, absents ! » tance, à propos de Gaza, la coprésidente du groupe communiste au Conseil de Paris, Raphaëlle Primet, « en colère de voir les cortèges communistes si faibles dans les manifestations nationales » !

Des initiatives seront prises avec l’ambition de refaire du PCF une grande force pour la paix. « Nous allons concentrer notre activité dans les semaines qui viennent sur la campagne que nous lançons avec l’Organisation de libération de la Palestine. Ils ont confiance en nous », insiste Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Une campagne pour la reconnaissance de l’État de Palestine qui se déploiera dans toute l’Europe, avec une conférence continentale des partis communistes et de gauche.


« Révolutionner le travail et la production »

Le travail aussi reste central. Une question sur laquelle les militants souhaitent mettre encore l’accent, avec une campagne pour l’emploi dans l’industrie et les services publics. La visée : « Révolutionner le travail et la production » en promouvant les propositions de sécurisation de l’emploi et de la formation, l’appropriation sociale des moyens de production et la planification écologique.

Un plan national de nouvelle industrialisation à l’horizon 2030 et un autre de développement des services publics vont être élaborés, alors que l’inquiétude monte avec les 300 plans de licenciement en cours.

Les forces politiques doivent aller à l’offensive face au désastre libéral. « Il faut travailler les articulations entre urgence et projet : résistance aux suppressions d’emplois et projet de sécurité d’emploi ou de formation avec de nouveaux pouvoirs pour les salariés et citoyens ; refus de la casse des services publics et maîtrise publique et sociale du financement bancaire », insiste Frédéric Boccara.


Faire « grandir la conscience de classe »

Déjà, les communistes interviennent dans certains dossiers. Face aux difficultés du Coq français, dans l’Aube, le PCF a ainsi demandé qu’« un audit soit réalisé sur l’utilisation des fonds publics perçus par cette entreprise », rapporte la secrétaire départementale, Camille Lainé.

La campagne pour l’emploi est déjà en cours, avec des déplacements de dirigeants nationaux et certaines sections qui organisent régulièrement des initiatives devant des lieux de travail. « Nous rencontrons souvent les ouvriers de ThyssenKrupp à Isbergues, une usine qui a la particularité de produire de la tôle magnétique très utile pour les énergies renouvelables », témoigne Céline Lecat (Pas-de-Calais).

Reconnus par les salariés, les militants accompagnent la lutte de ces derniers pour un nouveau laminoir. Au-delà de la sauvegarde de l’emploi, les communistes souhaitent porter haut la question des choix de gestion des entreprises. Pour ce, il faudrait remettre la main sur l’argent et faire « grandir la conscience de classe ».


« Il faudra mettre la main sur le secteur bancaire »

« Nous tromperions les gens en leur faisant croire qu’en ajoutant un impôt sur la fortune et en taxant le capital et les dividendes, cela suffit. Il faudra mettre la main sur le secteur bancaire », assure Fabien Roussel qui pense que, dans certains cas, cela doit s’accompagner de « la socialisation des moyens de production » en vue de « garantir notre indépendance économique ».

La crise politique s’est également invitée à la conférence nationale, générant des discussions vives sur les échéances électorales à venir et l’union. Aux municipales, l’objectif est de « renforcer les majorités de gauche » sortantes et de conquérir de nouvelles villes.

Concernant les élections législatives, l’accord du Nouveau Front populaire (NFP) qui n’a octroyé que 50 circonscriptions au PCF, dans des territoires penchant pour beaucoup à droite, suscite du mécontentement. Il est proposé de « promouvoir auprès des populations et des forces de gauche une autre démarche que les accords » de la Nupes en 2022 ou du NFP, déterminés par des arbitrages nationaux.


La question d’une candidature commune du NFP pour 2027

L’objectif est de faire émerger localement des candidatures, communistes, d’autres forces de gauche, ou de la société civile, et de choisir les mieux à même de disputer les circonscriptions aux macronistes, à la droite ou à l’extrême droite.

Les formulations inquiètent certains, qui y voient une mise en cause du NFP. « En dehors de l’union, combien pensons-nous conserver de députés ? » interroge Nathalie Simonnet (Seine-Saint-Denis).

« Le NFP n’est pas la propriété de quelques dirigeants de gauche. Il s’est construit sous pression populaire, insiste Évelyne Ternant (Jura). Il s’imposera à nouveau comme seule alternative face à l’extrême droite et aux macronistes. Nous devons tenir fermement le cap du projet révolutionnaire et du rassemblement. » « Aux législatives, nous nous battrons toujours pour la victoire du rassemblement de la gauche », rassure Fabien Roussel.

Des amendements ont été proposés afin que le PCF s’implique dès maintenant en faveur d’une candidature commune du NFP à l’élection présidentielle, « sans hégémonie » d’un parti. Ils n’ont recueilli que 20 % des votes des délégués. La stratégie pour la présidentielle sera déterminée fin 2025 ou début 2026.

L’heure, indique la feuille de route, est à promouvoir une nouvelle démarche qui « doit s’appuyer sur les luttes, la mobilisation des forces syndicales et associatives, et dépasser les obstacles au sein de la coalition du NFP qui empêchent la gauche d’être majoritaire ». Une invitation au débat au sein d’une gauche que le PCF souhaite voir grandir.

Article de L'Humanité Gaël De Santis