Communiqué, remis à la presse avant la rencontre
avec Le directeur départemental de l'ARS,
du syndicat CGT des Hôpitaux du Léman :

L’Agence Régionale de Santé a envoyé une lettre de cadrage avec un plan d’actions très explicite, qui subordonne l’accord d’aide financière à la réalisation de ce plan. Suite à notre questionnement, M. Massard ne peut prendre à ce jour aucun engagement sur le devenir des équipes ciblées par ce courrier : équipe hôtelière, restauration, entretien et maintenance, secrétariats, HAD, bloc opératoire, médecine, consultations externes, … Notre directeur lui-même ne comprend pas cette analyse et a demandé une étude interne approfondie sur ces données.

Le constat de déficit est incontestable, mais nous n’en partageons ni l’analyse des causes ni les remèdes. Tout le courrier de cadrage de l’ARS n’est qu’une énumération de prescriptions d’actions budgétaires, qui à aucun moment ne mentionne l’humain, ni au travers des usagers malades ni au travers des personnels en très grande souffrance. Au contraire, les mesures préconisées laissent un très fort sentiment d’inquiétude sur ce sujet.
Le déficit des Hôpitaux du Léman se creuse depuis plusieurs années et l’ARS ne retient dans son analyse que 2015 et 2016 ; elle note ainsi une baisse d’activité récente et un impact important du changement de régime sécurité sociale des frontaliers ; elle retient également l’explosion du budget d’intérim médical notamment aux urgences et une politique de recrutement peu adaptée. Elle ne précise rien de l’activité des 5 années précédentes.
La CGT dénonce depuis toujours les effets pervers des lois Bachelot et Touraine sur la gestion de nos hôpitaux. Car ce qu’oublie de préciser notre Agence Régionale de Santé, c’est que la majorité des hôpitaux sont dans la même situation que nous en 2017. C’est tout sauf une coïncidence. Les Hôpitaux du Léman ont connu une croissance d’activité pendant plus de 5 ans qui avoisinait 4 à 10% par an. Pourtant, jamais le budget, la rémunération de cette augmentation d’activité n’a suivi, pour une raison simple : avec la T2A (Tarification à l’Activité), dès qu’un champ d’activité augmente, sa rémunération à l’acte diminue pour maintenir un revenu équivalent. Nous alertons depuis près de dix ans sur cette perversion, il était inévitable qu’elle ait des conséquences.
Or c’est l’absence de rémunération de nos efforts, des sacrifices consentis par tous les salariés de l’établissement qui a empêché la mise en financement des travaux tellement nécessaires pour notre hôpital. L’ARS reconnait qu’il est vétuste dans son courrier et nécessiterait sans doute d’être reconstruit. Mais n’envisage rien d’autres qu’ « une indispensable discussion à venir concernant la réponse à apporter à la vétusté de l’établissement ». Nous ne manquerons pas d’interroger M. Mollet sur le sens de cette phrase.
Accueillir les usagers c’est notre mission, leur apporter des réponses autant que possible en termes de santé, de service public de proximité. Sur un territoire qui rassemble 138 000 habitants, présente trois vallées de montagne qui abouchent sur la rive du plus grand lac d’Europe, il est impensable d’envisager la délocalisation de cet hôpital. Le « détricoter » semble en revanche une option pour le ministère de la santé, qui avait déjà envisagé de transférer purement et simplement notre unité d’hospitalisation en psychiatrie adulte à La Roche sur Foron et a dû y renoncer face à la mobilisation ; qui dans ses prescriptions, est de plus en plus précis sur l’obligation de diminuer la Durée Moyenne de Séjour (des personnes hospitalisées) -déjà inférieure à 4 jours !- et de « mutualiser » les effectifs médicaux pour « viser à l’optimisation de la gestion du temps médical dans le cadre de la permanence des soins ».A ce sujet, la CGT refuse d’entrer dans le jeu des boucs émissaires, et de pointer du doigt le corps des médecins, pas plus que d’aucune catégorie de salariés de notre établissement. Au « diviser pour mieux régner », nous voulons opposer le « construire ensemble, dans le respect de chacun au profit du collectif ».
Il ne servirait à rien de rester consterné(e) face au constat. Il n’est plus temps de se demander si les choses peuvent changer : elles doivent changer. Comment ? En mettant en commun nos intelligences et nos connaissances respectives. Nous vous proposons de réfléchir ensemble au projet d’hôpital dont nous, citoyen(ne)s, pensons avoir besoin, mais aussi envie pour demain et après-demain. Construisons ensemble notre futur hôpital, soyons acteurs et force de proposition face au rouleau compresseur financier.
Syndicat CGT
Hôpitaux du Léman
3 avenue de la dame
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