Régionales 2021. Cécile Cukierman : « Je veux exiger de l’État les moyens de la tranquillité pour tous en Auvergne-Rhône-Alpes »
Face à la surenchère sécuritaire de Laurent Wauquiez, la candidate PCF-FI Cécile Cukierman propose « de recenser dans tous les commissariats de la région les manques d’effectifs comme d’équipements ». Entretien.
CÉCILE CUKIERMANCandidate PCF-FI aux élections régionales
Parmi les sujets en tête des préoccupations des Français, selon les sondages, la sécurité s’est invitée dans la campagne électorale. Alors qu’elle ne relève pas d’une compétence directe des régions, faut-il éluder la question ?
Cécile Cukierman Puisque c’est une réalité vécue, on ne peut pas l’éluder. Mais est-ce qu’on y apporte des réponses pour surfer sur cette vague et renforcer le tout-sécuritaire, qui n’a jamais fait la preuve de son efficacité, ou des réponses pour mieux vivre ensemble demain ? D’ailleurs, en Auvergne-Rhône-Alpes, le mandat écoulé a montré qu’il ne suffit pas de matraquer que l’on va mettre des caméras partout et de brandir les portiques dans les lycées car, cinq ans et demi plus tard, le problème de la violence entre jeunes n’est pas réglé et la délinquance n’a pas baissé dans notre région.
De plus, la question de la sécurité se pose parfois dans des lieux identifiés comme relevant de sa compétence, notamment les transports. Mais il ne faut pas mentir aux électeurs en leur faisant croire que demain la région pourrait tout régler : c’est une mission régalienne de l’État.
La droite en a fait un de ses terrains de prédilection. Comment jugez-vous les propositions du président sortant de votre région, le LR Laurent Wauquiez ?
Cécile Cukierman Comme pour les portiques lors du précédent mandat, il joue de symboles inefficaces. Il propose par exemple de supprimer les aides régionales pour les délinquants. De quels délinquants et de quelles aides parlons-nous ? La région ne verse pas directement d’aides à la population, elles le sont toujours au travers d’une activité ou d’un statut. On en bénéficie pour son entreprise ou son activité agricole, parce qu’on est lycéen…
Laurent Wauquiez se garde d’entrer dans les détails mais va-t-il exiger le casier judiciaire de ces milliers de bénéficiaires ? Au nom de quoi la région s’en octroierait-elle le droit ? Les droits et libertés individuelles ne sont pas de vains mots. C’est aussi valable pour les projets de reconnaissance faciale. On ne peut non plus se satisfaire des promesses de caméras dans les trains et les lycées. La technologie ne peut être qu’un appui à la présence humaine qu’il faut, au passage, exiger de la SNCF pour les TER.
Le président sortant, en jouant sur les peurs et le mal-être, participe à une sorte de concours Lépine, une escalade dans le tout-sécuritaire qui non seulement remet en cause les libertés individuelles, alimente un climat de défiance, mais ne s’attaque pas à la racine du problème.
Face au risque de voir l’État se désengager en renvoyant la responsabilité de la sécurité aux collectivités territoriales, que peuvent les élus locaux ?
Cécile Cukierman Loin des symboles agités par la droite, je fais la proposition de recenser, dans tous les commissariats de la région, les manques d’effectifs comme d’équipements. Et d’exiger du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, les moyens nécessaires pour que la tranquillité soit assurée pour tous et toutes, sans inégalités sociales ou territoriales.
Quand on est à la tête de la deuxième région de France, on a une parole qui compte et les moyens de faire monter le rapport de force, en fédérant, à partir de cet état des lieux, chacun des maires concernés, chacun des commissariats, les parlementaires, les habitants…
Le retour d’une police de proximité, du quotidien – chacun l’appellera comme il le souhaite –, et pas simplement à travers quelques quartiers de reconquête républicaine, est une réelle nécessité. À l’échelle de la région, il s’agit aussi de redonner les moyens à toutes les associations qui sont des acteurs essentiels de la prévention et du lien social.