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vendredi 2 juin 2023

ENCORE UN CAS DU PRESIDENT DE REGION CONTRE LA CULTURE

Coupe de la subvention du festival de Clermont-Ferrand :
 une « guillotine politique » de la part de Wauquiez ?

  • Avec ses 160 000 spectateurs, le festival de Clermont-Ferrand est le deuxième événement le plus important du cinéma français, après Cannes.
  • La réduction de 110 000 euros des subventions du conseil régional Auvergne Rhône-Alpes le met en péril. Un couperet qui s'apparente à une sanction pour motif politique, dénonce l'élu PCF Boris Bouchet. 
Publié le
Dimanche 14 mai 2023
Ni le président du conseil régional, Laurent Wauquiez, ni son adjointe Sophie Rotkopf, vice-présidente à la culture, n’ont justifié leur décision.
Ni le président du conseil régional, Laurent Wauquiez, ni son adjointe Sophie Rotkopf, vice-présidente à la culture, n’ont justifié leur décision.
Philippe Desmaze / AFP

Cannes s’apprête à célébrer, le temps d’une quinzaine, le septième art. Hasard ou pas, le festival international de Clermont-Ferrand, parfois imparfaitement surnommé le Cannes du court métrage, vient d’apprendre la réduction drastique des subventions allouées par le conseil régional Auvergne-Rhône Alpes.

110 000 euros en moins, soient 100 000 euros accordés en lieu et place des 210 000 de la dernière édition. L’association Sauve qui peut le court métrage, organisatrice de la manifestation s’en est ému et a fait part de son incompréhension.

À un moment particulièrement critique

Le festival de Clermont-Ferrand, dont l'Humanité est partenaire, c’est en terme de public le deuxième événement le plus important du cinéma en France, avec plus de 160 000 spectateurs lors de la dernière édition.

Or cette coupe budgétaire arrive à un moment particulièrement critique. « Suite aux deux années Covid, nous avons mangé notre petite réserve. Avec l’édition 2021 entièrement en ligne, nous avons eu des dépenses supplémentaires et n’avons pas fait d’entrées. En 2022, les contraintes du pass et du contrôle sanitaires étaient assez onéreuses. Nous avons creusé un déficit dans le budget global. Et cette baisse de la subvention vient se surajouter », explique Eric Roux, le président de l’association.

Une décision difficilement compréhensible pour ce festival qui essaime sur tout le territoire auvergnat à l’heure où Clermont et le massif Central font partie des finalistes pour la capitale européenne de la culture en 2028.

Pas de réponse à nos questions

Déjà, à l’année, l’équipe de Sauve qui peut le court métrage se déploie auprès des publics éloignés ou empêchés, qu’il s’agisse des quartiers dits difficiles ou du milieu rural. Outre le festival, cette diminution de l’enveloppe pourrait mettre à mal ces initiatives. « Avec le projet qui s’appelle la Cité du Court nous voulons utiliser davantage toute l’énergie que provoque le festival, tout au long de l’année, avec beaucoup de travail fait en direction du milieu rural, auprès des écoles, des collèges, des lycées » confirme Eric Roux.

Ce qui est aussi difficile à admettre, c’est l’absence d’explications. Ni le président du conseil régional, Laurent Wauquiez, ni son adjointe, vice-présidente à la culture, Sophie Rotkopf n’ont justifié leur décision. D’ailleurs, Madame Rotkopf n’a pas souhaité répondre à nos questions. Signataire d'une tribune collective contre la décision de l'exécutif de droite, l'élu communiste Boris Bouchet a dénoncé en commission du conseil régional un couperet qui tombe comme une "guillotine politique" sur le Festival. "Lors de la précédente édition du Festival, des syndicalistes ont pris la parole pour parler de la réforme des retraites mais aussi pour s'exprimer contre la politique culturelle de Laurent Wauquiez, a expliqué le conseiller régional PCF interrogé par France Bleu. Je crains que cette décision soit une mesure de rétorsion."

11 millions d'euros de retombées économiques directes

L’enjeu est d’importance. Non seulement sur un plan culturel mais également économique. Le festival international du court métrage évoque à la fois un laboratoire de la création contemporaine, mais aussi un vivier de l’avenir du cinéma. Il engendre, selon Sauve qui peut le court métrage, 11 millions d'euros de retombées économiques directes, touchant aussi bien l’écosystème cinématographique - avec l’organisation du Marché du film court qui attire des milliers de professionnels du monde entier - que les restaurants, l’hôtellerie, les commerçants, les prestataires et les personnes embauchées par le festival.

Surtout, Clermont sert aussi au développement d’un esprit critique où le spectateur ne se contente pas d’un regard de consommateur mais adopte celui d’un acteur actif et réfléchi. Un objet sans doute dangereux pour les tenants d’une culture sous contrôle et formatée.