La rentée scolaire s’est-elle bien passée dans le primaire dans le Chablais ? En surface plutôt bien, mais dans les faits...
Chaque classe du primaire à un enseignant ou une enseignante, et il n’y a pas eu de situations de non remplacement prolongé pour l’instant.
Le jeu des ouvertures et fermetures de postes a été facilité par le fait qu’il était prévu une augmentation du nombre d’élèves qui, à l’échelle départementale, ne s’est pas réalisée (300 élèves de moins que prévus). Cela facilite les ouvertures de classes et permet de ne pas mettre la pression pour fermer des classes et récupérer des postes pour ouvrir ailleurs.
Malgré cela, on peut noter quelques difficultés, comme des effectifs très chargés en maternelle et CP à Bellevaux (une trentaine d’élèves de la petite section au CP dans une même classe !). Remarquons aussi qu’à Allinges, une ouverture de classe a été réalisée après que le DASEN a entendu les difficultés des personnels signalées par leurs représentants syndicaux, et grâce au fait qu’il disposait exceptionnellement de moyens pour la réaliser.
Donc, en apparence, une rentrée « normale », mais…
Des personnels pour accueillir les enfants souffrants de handicap en nombre insuffisant
Le gros point noir est, pour l’instant, le manque de personnels AESH.
Ces personnels accompagnent les enfants en situation de handicap pour leur permettre de réussir leur scolarité. Le nombre de postes attribués au Chablais est insuffisant, comme partout en France, mais l’Education Nationale n’arrive pas non plus à trouver des personnels pour occuper ces postes. Il faut dire qu’avec un salaire aux alentours de 800 euros par mois dans une zone de vie chère…
Résultat, beaucoup trop d’écoles n’ont pas les heures d’AESH nécessaires pour suivre les recommandations de la MDPH : manque d’heures d’AESH à Neuvecelle, près d’un poste entier manquant à Bernex, de nombreux manques dans la vallée d’Aulps et du Brevon… Et ceci au moment de la rentrée !
La situation devrait s’aggraver puisque, au fur et à mesure de l’année scolaire, de nouvelles recommandations de la MDPH vont arriver et arrivent déjà, ce qui nécessiterait de nouveaux recrutements d’AESH pour y répondre…
Mais l’Education Nationale a trouvé une solution tout en apparence : bientôt, ce ne sera plus la MDPH qui fixera les besoins en nombre d’heure d’AESH pour chaque élève, mais l’Education Nationale elle-même. Ainsi, elle pourra ajuster les besoins en fonction des moyens dont elle dispose !
Et le remplacement ?
Nous manquons toujours de personnels pour occuper les postes d’enseignants existants, car le métier n’attire plus, notamment dans notre zone de vie chère. Quelques enseignants titulaires ont aussi refusé d’être nommés dans notre Chablais si éloigné de leur famille, au coût de la vie si cher, et se sont, par exemple, placés en disponibilité.
De ce fait, afin d’assurer la rentée, des remplaçants ont été nommés à l’année devant les classes. Ces remplaçants nous manquerons cruellement durant l’année scolaire, et on peut donc s’attendre à ce que des classes entières se retrouvent une nouvelle fois sans remplaçant pendant une longue période.
L’année dernière, afin de répartir la pénurie, l’Education Nationale avait mis en place un nouvelle règle : un remplaçant effectuant un remplacement sur un congé long pouvait être appelé du jour au lendemain, voire le jour -même, pour aller faire un remplacement dans une autre école. Impossible alors pour lui de travailler sur le long terme avec ses élèves, d’assurer ses principaux projets pédagogiques, ses sorties scolaires, ses rendez-vous avec les parents… Il y a de fortes chances que de telles absurdités continuent.
Et en plus, le prétendu choc des savoirs arrive
Pour l’instant, le recul sur les programmes, la labellisation des manuels scolaires sur des la base de ces programmes, ont été reportées à la rentrée 2025, faute de temps.
Mais dès cette année, tous les niveaux de l’école élémentaire ont dû passer, pendant toute une semaine de septembre, des évaluations nationales idiotes, mal ficelées, dénoncées par les principaux courants de la recherche pédagogique, et bien souvent inutiles pour les enseignantes et les enseignants. Elles correspondent à une vision dépassée, idéologique et réactionnaire de l’enseignement, mais la plupart des maitres et maitresses d’école, quoique dépité·es par un tel contenu, n’ont pas souhaité les boycotter afin d’éviter des procédures disciplinaires à leur encontre.
Voilà comment le gouvernement traite ses personnels qualifiés !
Comment faire ?
Il y a une absolue nécessité de changer totalement la politique pédagogique et budgétaire du gouvernement.
Le Nouveau Front Populaire s’était engagé, s’il était au gouvernement, à abroger le choc des savoirs sous deux semaines et à demander à l’Assemblée Nationale d’augmenter le budget et les recrutements dans l’Education Nationale et la Fonction Publique. C’est toujours une nécessité.
Il doit continuer à se mobiliser au sein de l’Assemblée Nationale et en dehors, en partenariat avec les organisations syndicales et pédagogiques, pour que l’école puisse retrouver de la sérénité et faire son travail dans l’intérêt des élèves.
Philip
Adhérent PCF Chablais