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Après avoir notamment dédié son prix Nobel de la Paix à Donald Trump, la figure de la droite extrême vénézuélienne María Corina Machado a lancé, lundi 13 octobre : « Avec ou sans négociation, il quittera le pouvoir », en faisant référence à l’actuel chef d’État du Venezuela Nicolás Maduro, dont la tête est mise à prix par Washington.
Deux jours plus tard, le président des États-Unis a confirmé mercredi 15 octobre, avoir autorisé la CIA à mener des opérations secrètes au Venezuela, et a dit « envisager » des frappes terrestres contre les cartels vénézuéliens. « Je ne veux pas vous en dire plus, mais nous regardons du côté du sol à présent, car nous contrôlons très bien la mer », a répondu, mercredi 15 octobre, le président américain dans le bureau Ovale de la Maison Blanche à une question d’un journaliste portant sur de potentielles frappes terrestres.
Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il avait donné à la CIA l’autorisation de « neutraliser » Maduro, le président s’est refusé à commenter en détail. « C’est une question ridicule qu’on me pose là. Ce n’est pas vraiment une question ridicule, mais ne serait-ce pas ridicule de ma part d’y répondre ? », a-t-il dit.
Le prix Nobel de la guerre
L’obtention du prix Nobel de la Paix par María Corina Machado est une farce grotesque, une mascarade politique digne du roman 1984 d'Orwell. La politicienne vénézuélienne a été récompensée « pour son travail infatigable en faveur de la promotion des droits démocratiques du peuple vénézuélien et pour sa lutte visant à obtenir une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ».
Déjà, dans le Sud global, cette décision est perçue pour ce qu’elle est : la construction d’un nouveau champion du bloc occidental, un pion utile dans la stratégie d’endiguement US en Amérique latine et de prise de contrôle des réserves pétrolière du Venezuela.
Rien pour la paix, tout pour le pouvoir
Il faut d’abord rappeler que María Corina Machado n’a strictement rien accompli pour la paix. Elle est une opposante politique à Nicolás Maduro — ce qui est son droit — mais son objectif est clair : prendre le pouvoir, non pas réconcilier une nation fracturée. Si l’on devait accorder un prix Nobel de la Paix à chaque opposant d’un gouvernement autoritaire ou pas assez démocratique, il faudrait en distribuer des centaines de milliers.
Pire encore, cette distinction pourrait servir de justification morale à la relance d’un vieux rêve US : le renversement militaire du pouvoir chaviste et la mise au pas du Venezuela. L’ombre de Donald Trump plane derrière cette opération symbolique : l’homme a promis de « rendre le Venezuela libre », comprenez « de le remettre dans l’orbite de Washington ». Ce prix, derrière sa rhétorique humaniste, sent la poudre.
La fabrication d’une égérie « démocratique »
Pour s’assurer que María Corina Machado soit bien perçue comme la candidate du bloc occidental, le dispositif symbolique est complet. En 2024 déjà, elle recevait le prix Václav Havel du Conseil de l’Europe « pour la défense des droits de l’homme ». Puis, le Parlement européen lui décerne le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit, conjointement avec Edmundo González Urrutia, un autre opposant à Maduro et ancien diplomate et dernier candidat à l'élection présidentielle en opposition à Maduro.