vendredi 10 janvier 2025

L'ANTENNE A CERVENS DU CENTRE DE SANTE DE BONS OUVRIRA EN CE DEBUT D'ANNEE 2025

À Cervens, aux vœux du maire Gil Thomas, qui annonce l'ouverture prochaine de l'antenne cervenaise du centre de santé de Bons.

Résultat concret d'une belle bataille des élus des communes concernées pour garantir un accès aux soins et à la prévention de proximité !

Un bel exemple à suivre dans tous les territoires du Chablais.



La santé, affaire de tous !

Les déserts médicaux en France sont un phénomène préoccupant qui impacte gravement l'accès aux soins, notamment dans des zones rurales ou moins densément peuplées. La Haute-Savoie, bien que bénéficiant de paysages majestueux et d'une attractivité touristique indéniable, n'échappe pas à cette problématique.

En effet, Cervens comme d’autres communes de notre territoire souffre d'un manque d'offre médicale. Le nombre de médecins généralistes et spécialistes est insuffisant pour répondre correctement aux besoins de la population. Les habitants peuvent se retrouver contraints de parcourir de longues distances pour consulter un professionnel de santé, engendrant des délais d'attente importants et une baisse de la qualité des soins, ou se retrouver sans offre de soins.

Plusieurs facteurs contribuent à l'apparition de ces déserts médicaux. Tout d'abord, la répartition inégale des professionnels de santé, souvent concentrés dans les grandes villes, laisse des zones rurales en difficulté. De plus, le vieillissement de la population médicale et la diminution du nombre de jeunes médecins s'installant en milieu rural aggravent la situation. Les conditions de travail, la recherche d'un équilibre entre vie personnelle et professionnelle, ainsi que l'accès au logement sont également des éléments déterminants pour attirer de nouveaux praticiens.

Face à ce défi, différentes initiatives sont mises en place pour tenter de redynamiser l'offre de soins sur notre territoire. Des projets de coopération entre professionnels de santé, des incitations financières pour l'installation de médecins dans des zones sous-dotées, ainsi que la mise en place de Maisons de Santé et Centres de Santé pluridisciplinaires sont autant de solutions envisagées.

Les Centres de Santé et les Maisons de Santé sont deux types d'établissements dédiés à la prise en charge des patients, mais ils diffèrent dans leur fonctionnement. Un Centre de Santé est un établissement de santé publique ou associatif tandis qu’une Maison de Santé fonctionne sur mode libéral.

Le Projet de Santé validé par l’A.R. S (Agence Régionale de Santé), rédigé en collaboration avec la commune de Bons-en-Chablais, où Cervens est définie comme une antenne, est un regroupement de professionnels de santé (médecins généralistes, spécialistes, etc.) qui travaillent ensemble pour offrir des soins coordonnés et regroupent diverses spécialités médicales et paramédicales, offrant une gamme de services axés sur la santé globale des patients. De plus, l'accès aux soins pour tous où le tiers-payant est privilégié sera de mise. (Cf. Sous la Pierre à Chalot N°64)

Il était crucial que les pouvoirs publics locaux et les acteurs de la santé collaborent étroitement pour identifier des solutions durables face à cette problématique. Les déserts médicaux ne doivent pas devenir une fatalité et chacun mérite un accès équitable à des soins de qualité, quel que soit son lieu de résidence. C’est pour cela que nous sommes engagés résolument dans cette voie, pour que le magnifique cadre naturel de cette région ne se transforme pas en un handicap pour ses habitants en matière de santé.

Un investissement de plus 40 000 €, aidé à hauteur de 10 000 € sur la rénovation par le département de la Haute-Savoie a été réalisé au centre de Pessinges et permettra dans les semaines prochaines d’offrir une possibilité de soins sur Cervens et d’accueillir les premières consultations.

Ce maillage territorial indispensable, insiste sur la continuité des soins et la coordination entre différents professionnels et les Hôpitaux du Léman. Brenthonne ouvre sa Maison médicale, Sciez développe aussi des offres de soins, Veigy en fait de même, ce qui complète les Maisons médicales de Douvaine et de Perrignier. Je vous rappelle aussi l’existence du CPTS du Bas-Chablais (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé), une organisation conçue à l’initiative d’un groupe de professionnels de santé libéraux exerçant sur le territoire du Bas-Chablais, qui couvre 26 communes.

Plus les possibilités de soins seront développées, plus nous offrirons un environnement plus convivial et personnalisé, où les praticiens seront plus susceptibles de connaître leurs patients et de construire une relation de confiance sur le long terme.

Gil Thomas
Maire de Cervens



------------------------------------------

La nécessité d’un réseau national des centres de santé 
de service public

Michel LimousinJulie ChastangFrédéric VillebrunEric MayRichard Lopez et Hélène Colombani 

Résumé :

Les auteurs, acteurs majeurs du mouvement des centres de santé, proposent une nouvelle politique pour répondre à la crise du système de santé, en particulier celle de l’ambulatoire. Ils demandent la création d’un service public ambulatoire de santé. Les centres de santé de service public sous la forme d’un réseau seraient le support de cette réforme. De nombreuses propositions concrètes sont avancées et seraient la base d’une nouvelle loi.

La crise que traverse le système de santé français nécessite des réformes profondes pour répondre aux besoins de la population. Chacun le sent bien et même ceux qui ont provoqué ce désastre le reconnaissent. Cette crise est d’abord une crise du financement (insuffisance de ressources de l’assurance maladie) mais aussi une crise structurelle : insuffisance du nombre de professionnels de santé, réduction des moyens alloués à l’hôpital public et aux services publics de santé (PMI, santé scolaire), développement d’une privatisation tout azimut, manque de démocratie, vieillissement de la population, besoins nouveaux liés aux progrès de la médecine, insuffisance des politiques de prévention notamment dans le cadre du travail, pénurie d’offre de soins dans les territoires, creusement des inégalités sociales de santé, nouvelles pratiques professionnelles d’équipe etc. 

Nous nous limiterons ici à aborder les problèmes de la médecine ambulatoire et nous présenterons notre projet de réseau national de centres de santé de service public.

La médecine ambulatoire, en ville comme en campagne est touchée de plein fouet par la pénurie de professionnels. La médecine libérale en cabinet isolé est en perte de vitesse, les derniers médecins pratiquant ainsi prenant leur retraite et ne trouvant pas de successeurs. La pénurie savamment organisée et jamais démentie par les pouvoirs publics et les syndicats libéraux depuis 1971 aboutit à une situation insupportable pour les usagers et finalement pour les professionnels aussi. L’aspiration des jeunes médecins à un autre mode de vie et de pratique oblige le système à évoluer. Les centres de santé sont reconnus maintenant – même par ceux qui s’y opposaient jusqu’à il y a encore peu – comme une piste sérieuse possible pour ouvrir un chemin de sortie de crise.

Les centres de santé qui se sont fortement développés depuis quelques années ont une expérience importante de la médecine ambulatoire (c’est à dire hors hôpital). Ils sont inscrits dans le code de santé public et sont plus de 2945 en France aujourd’hui (chiffres de l’Observatoire national des centres de santé pour 2023). Ils existent aussi dans de nombreux autres pays européens. Ils sont basés sur les principes d’une médecine sociale, facilitant l’accès de tous aux soins ; ils pratiquent le tiers payant et ne font aucun dépassement d’honoraires. Les professionnels sont salariés. Ils pratiquent une médecine d’équipe, coordonnée et pluriprofessionnelle et disposent pour certains de plateaux techniques, notamment d’imagerie médicale.

Le service lui-même : un service public national sous forme de réseau

  • Sa définition : c’est un service public national sous forme de réseau inscrit dans le code de la santé et les autres codes afférents. Il est garanti et géré par l’État.

  • Le but est de couvrir l’ensemble du territoire national.

  • A quels besoins veut-il répondre ?
    • lutter contre les inégalités sociales et territoriales
    • garantir des pratiques de soin pertinentes, de qualité et en toute sécurité éliminant ainsi les pratiques non fondées sur les preuves
    • prise en charge globale des personnes et des populations
    • médecine de premier recours et si besoin de second recours

  • Ce service est public car il répond aux normes d’égalité territoriale et sociale

  • Il est national car il intervient sur l’ensemble du territoire français.

  • Il est territorial car il tient compte des besoins locaux des populations.

  • Il est ambulatoire car il intervient dans un cadre de proximité en dehors de l’hôpital y compris à domicile.

  • Le lien avec les autres acteurs de santé est une nécessité: coopération avec les hôpitaux publics , avec les services de prévention, de PMI, de santé scolaire, les services de psychiatrie etc. Les centres de santé participent obligatoirement aux CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) définies par la loi.

  • La gestion doit être démocratique par les élus locaux ou associatifs représentant les usagers, le Conseil d’Administration est obligatoirement présidé par le maire.

Ce réseau de centres de santé organisé en service public a pour objet la satisfaction d’un intérêt général. Il sera pour la médecine ambulatoire, la base d’un Service Public Territorial de Santé de Proximité qui devra intégrer les autres acteurs de santé et de prévention des territoires, y compris les professionnels de santé libéraux volontaires pour y participer. Il sera la forme moderne de prise en charge de la santé des citoyens. Il réduira les inégalités territoriales et sociales. Inspiré par la devise républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité il participera à ce titre à la cohésion nationale par la résorption de la crise sanitaire et sociale.