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L’avenir du mouvement national palestinien se joue maintenant !
L’avenir du peuple palestinien et du mouvement national palestinien se jouent maintenant. Il faut prendre la mesure de la gravité du moment politique dans lequel ils se trouvent.
Les projets de Trump d’une part et les discussions sur l’avenir de Gaza en sont le laboratoire. Ceux-ci sont indissociables de la recomposition des rapports de force régionaux et font face à plusieurs contradictions. Trump affiche l’ambition d’un « deal » global, s’appuyant sur l’État d’Israël, l’Arabie saoudite et l’Égypte notamment. Il ne s’agit nullement d’un abandon de la région par Washington mais de l’établissement de nouvelles modalités de domination. Cependant, le fondement des accords d’Abraham, c’est-à-dire le fait d’ignorer la nécessité d’un règlement politique de la question palestinienne, n’est plus possible en l’état aujourd’hui pour les gouvernements qui se sont engagés dans cette voie, y compris l’Arabie saoudite. Les dissensions entre la Maison-Blanche et Riyad sur l’État de Palestine exprimées mardi soir ou sur les déclarations de Trump à propos d’une possible intervention américaine directe à Gaza en sont l’illustration. Par ailleurs, les déclarations criminelles de Trump sur l’épuration ethnique des Palestiniens de Gaza viennent en aide à la coalition suprémaciste et raciste de Netanyahou.
La question d’un règlement politique de la question palestinienne est plus que jamais sur la table, alors même que le mouvement national palestinien est menacé par trois dangers :
La poursuite de la politique criminelle de Netanyahou et de l’épuration éthique, sans aucune réaction internationale. Il y a déjà plus de 70 morts en Cisjordanie pour le seul mois de janvier 2025. Dernièrement à Jenine où l’UNRWA dénonce une « catastrophe » dans le camp de réfugiés suite à l’intervention de l’armée israélienne avec bulldozers, drones et véhicules blindés. L’UNRWA est désormais persona non grata en Israël et à Jérusalem Est (annexée illégalement). C’est une politique qui vise à rendre impossible la création d’un État palestinien. Cela montre que Netanyahou et les forces qui le soutiennent, après avoir été plus ou moins contraints à accepter le cessez-le-feu, n’ont en rien renoncé à leur projet suprémaciste et raciste.
L’hypothèse d’un « deal » encouragé par les Américains avec un certain nombre de puissances régionales se concluant par un État palestinien croupion. Il faut de ce point de vue prêter attention au projet de sommet annoncé en décembre par la France et l’Arabie saoudite qui devrait se tenir en juin. De même, les projets égyptiens de confier la bande de Gaza à un condominium de partis palestiniens hors OLP reviennent à poursuivre la division inter-palestinienne entre Gaza et la Cisjordanie et à affaiblir l’OLP, représentante de la lutte du peuple palestinien pour ses droits nationaux. Cela va à l’encontre d’une des grandes victoires de Yasser Arafat, c’est-à-dire l’autodétermination de la lutte du peuple palestinien et son indépendance envers les intérêts des gouvernements arabes de la région.
L’influence de l’islam politique. Le Hamas, qui est historiquement l’émanation des Frères Musulmans et qui fut encouragé par Netanyahou pour mieux écraser et diviser le mouvement national palestinien, est affaibli, mais la mise en scène des libérations d’otages montre qu’il conserve ses ambitions. Rappelons ici deux éléments théoriques et historiques qu’il est nécessaire de garder en tête en tant que communistes:
1. À chaque fois que la gauche et les communistes se sont alliés aux islamistes, cela s’est terminé par le massacre des premiers au bénéfice des seconds. L’« exemple » iranien est tragiquement parlant. Plus anciennement, le 2e congrès de l’Internationale communiste, en 1920, exclut l’accord avec les forces qu’il désignait alors sous le terme de « panislamistes […] qui tâchent d’utiliser la lutte émancipatrice contre l’impérialisme européen et américain pour rendre plus fort le pouvoir des impérialistes turcs et japonais, de la noblesse, des grands propriétaires fonciers, du clergé, etc. » (Thèses et additions sur les questions nationales et coloniales).
2. Le Hamas et l’islam politique représentent l’extrême droite du champ politique. Reprenons Georges Corm qui a bien défini leur projet politique et les intérêts que les impérialistes ont à l’encourager, pour écraser la gauche et toute perspective d’émancipation démocratique et sociale. De ce point de vue, les comparaisons avec la Résistance française sont absurdes. Si des forces d’extrême droite ont effectivement participé à la Résistance, l’unification de mouvements de Résistance ne s’est pas uniquement faite sur l’appel à la libération du pays, mais également sur l’exigence de sa reconstruction économique, politique et sociale sur des bases profondément transformatrices, ce qui fut l’objet du programme du CNR. Séparer les deux questions (la lutte pour la libération et la construction de l’après) sans les envisager d’un même mouvement dialectique, est une impasse dangereuse.
Les détracteurs de la solution à deux États sont à la peine pour proposer une alternative concrète, sauf à mettre en avant des solutions totalement irréalistes. Bien évidemment, les difficultés sont grandes et la route semée d’embûches. Mais le fait de donner aux Palestiniens un cadre politique, une citoyenneté à égalité avec les Israéliens est le seul moyen pour assurer la réconciliation des deux peuples. Le processus sera long et difficile. La solution à deux États est également la traduction politique d’une réalité : deux peuples vivent sur la terre de Palestine. Cette réalité est prise en compte par les communistes dès les années 1940. La solution à deux États n’est pas seulement portée par le droit international, par l’ONU, mais aussi par l’OLP et les deux partis communistes, le Maki israélien et le PPP palestinien.
L’OLP cherche actuellement à reprendre la main, en exigeant du Hamas à se dessaisir de l’administration de Gaza, à l’appel de syndicats gazaouis. Le fait que l’OLP, sur la base de sa charte, puisse retrouver une place centrale et incontournable est nécessaire et conditionne l’avenir du mouvement national palestinien.
Dans ce contexte, les enjeux sont extrêmement grands pour le mouvement de solidarité avec les Palestiniens. Certaines forces, qui sont allées jusqu’à chercher à faire taire l’ambassadrice de Palestine à la manifestation du 25 janvier à Paris, portent de toute évidence un tout autre projet. Or, pour toutes les raisons décrites ci-dessus, la question centrale est celle de l’État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël.
Dans ce cadre, la campagne que le PCF lance sur la reconnaissance de l’État de Palestine et la campagne avec l’OLP sur la base de la déclaration de solidarité du 29 novembre est cruciale et est appelée à se développer dans les prochaines semaines.
Lors de la conférence de presse tenue avec Netanyahou, Donald Trump a non seulement réaffirmé sa volonté criminelle d’expulser plus d’1 800 000 Palestinien•nes de Gaza mais encore il a annoncé que les Etats-Unis avaient le projet de prendre le contrôle direct de Gaza et de transformer cette partie de la terre palestinienne en « une nouvelle Côte d’Azur ». Cela reviendrait à créer un « Gaza resort » sur les ruines de la bande de Gaza.
De tels projets criminels bafouent les principes élémentaires du droit international et vont totalement à l’encontre de la nécessaire solution politique au conflit. Au lieu de faire pression sur le gouvernement suprémaciste et raciste au pouvoir en Israël pour qu’il applique les mesures prévues par le cessez-le-feu, Trump cherche à sauver la mise de Netanyahou. Cela ne peut, pour les décennies à venir, qu’aviver les ressentiments et les haines, interdisant à cette région du monde de trouver un jour la paix.
Le PCF exige du président de la République et du gouvernement français une condamnation sans appel de tels propos et de tels projets.
Alors que l’armée israélienne et les colons poursuivent la mise à feu et à sang de la Cisjordanie, notamment ces derniers jours dans le camp de réfugiés de Jenine, et que l’incertitude règne sur une éventuelle seconde phase du cessez-le-feu, le mouvement national palestinien, qui lutte pour une solution politique au conflit, fait face à un risque mortel.
Les forces de gauche, toutes les forces attachées aux valeurs fondamentales de notre République, se doivent de condamner avec force la menace pour la paix que représente la nouvelle administration américaine. Elles doivent être résolument aux côtés de l’OLP, représentante légitime du peuple palestinien, reconnue comme telle par la communauté internationale depuis les accords d’Oslo, et aux côtés des forces de paix en israël.
La seule solution est celle de deux États, avec un État de Palestine aux côtés de l’État d’Israël sur les frontières de 1967 incluant Gaza, la Cisjordanie et Jerusalem-Est, avec Jerusalem-Est pour capitale. Elle est portée par le droit international, l’ONU, l’OLP ainsi que par le parti communiste israélien et le parti populaire palestinien, avec lesquels le PCF réaffirme sa pleine solidarité.
La France doit enfin sortir de sa passivité devant l’intolérable, et porter avec force, devant le Conseil de sécurité dont elle est l’un des membres permanents, et devant l’Assemblée générale des Nations unies, la voix de la paix et de la justice.
Le Parti communiste français, quant à lui, entend dans les prochains jours intensifier la grande campagne qu’il a décidé d’organiser en partenariat avec l’Organisation de libération de la Palestine.
Paris, le 5 février 2025
Parti communiste français.