IL FAUT RESISTER, IL FAUT AGIR
POUR CELA, IL FAUT SORTIR DES POSTURES POLITICIENNES ET ELECTORALISTES
UN TEXTE TRES IMPORTANT DE FABIEN ROUSSEL
Secrétaire National du PCF
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Stéphane Peu devient Président du Groupe GDR à L'Assemblée Nationale après la démission d'André Chassaigne |
Avec des mots simples et des doutes sérieux, nos concitoyens s’inquiètent d’une énième séquence de 49.3 et de motions de censure. L’émotion est grande. Les motions sont nombreuses. Alors que la situation de l’emploi, la grande braderie de notre tissu industriel, les questions de salaires et de pouvoir d’achat, l’avenir de nos écoles, de nos hôpitaux, de notre justice, de la culture devraient être au cœur du message politique. Toute l’énergie des parlementaires est aspirée par la tentative de coup de force d’un gouvernement soumis aux exigences du capital et la prétendue radicalité dans les faits, impuissante d’une partie de la gauche. Stop !
Le premier responsable de cette situation est le Premier ministre qui utilise
le 49.3 pour éviter un vote sur son budget. Il n’y a pas les méchants
qui votent la censure et les gentils qui utilisent le 49.3. Ces deux
outils – bien que constitutionnels – sont violents pour la démocratie.
Ils sont la preuve d’un gouvernement brutal mais aussi de l’incapacité
des groupes parlementaires à trouver des compromis. J’avais d’ailleurs
proposé, lors d’une réunion de toutes les forces politiques en présence
du président de la République, une sorte de « pacte » engageant toutes
les parties à ne recourir ni au 49.3 ni au vote de motions de censure,
pour forcer les uns et les autres à trouver les voies du compromis et
des majorités. Las, personne n’a voulu s’engager.
Comment
s’opposer à ces budgets iniques présentés par Fran&#
231;ois Bayrou ? Comment les amender, les transformer quand le
Gouvernement empêche les parlementaires de voter en déclenchant le 49.3 ?
La motion de censure devient automatiquement le seul moyen pour les
rejeter. Mais voter une motion de censure sans majorité alternative,
c’est faire tomber le gouvernement sans rien régler des problèmes de nos
concitoyens et concitoyennes. Pour la vie quotidienne de nos
concitoyens, leur pouvoir d’achat, leur emploi, pour nos communes, nos
entreprises, nos associations, nos hôpitaux, nos écoles… ces motions de
censure ne résolvent rien.
J’appelle les
responsables de gauche et toutes les forces sociales, le monde du
travail, les forces associatives et citoyennes à dépasser le débat sur
la censure pour agir ensemble.
C’est pourquoi,
après ce nouveau 49.3, je peux comprendre autant ceux qui votent la
censure que ceux qui ne la votent pas. Je comprends autant celles et ceux qui
veulent tout faire pour empêcher l’adoption d’un budget extrêmement dur
et dangereux pour la France et je comprends aussi ceux qui ne veulent
pas d’un saut dans le vide, de l’inconnu politique, d’un pays sans
budget où l’extrême droite est en embuscade.
Surtout,
j’appelle les responsables de gauche et toutes les forces sociales, le
monde du travail, les forces associatives et citoyennes à dépasser le
débat sur la censure pour agir ensemble. Ripostons à l’offensive
capitaliste des grands groupes qui détruisent notre industrie, aux
néolibéraux qui cassent nos services publics et aux forces d’extrême
droite qui nous divisent.
Et mobilisons-nous
pour faire progresser un projet rassembleur pour le travail, pour des
salaires et des pensions dignes et une appropriation sociale de la production, un projet pour la paix et la
coopération, pour la République sociale, laïque et démocratique. Je me
suis engagé en politique pour améliorer la vie des gens. Pas pour jouer
aux dés avec leur avenir et celui de mon pays. Notre industrie comme nos
services publics, sont gravement menacés.
Partout,
des salariés, des agents publics des usagers luttent. Mais les espoirs
de victoire apparaissent souvent bien minces. Ces femmes et ces hommes
ont besoin de nous. Ils ont besoin de la gauche. D’une gauche qui les
soutienne, qui donne à leurs voix l’écho dont elles ont besoin pour être
entendues ; d’une gauche prête à gouverner avec un programme de rupture
avec le système économique, une gauche qui choisira de défendre l’être
humain et la planète plutôt que les rentes du capital.
En
psychanalyse nous dit le dictionnaire de l’Académie française, la censure
constitue l’« action défensive du moi qui empêche le retour à la
conscience de représentations inacceptables, refoulées ». Le refoulé de
la gauche, les catégories populaires dans leur diversité, ne peuvent
plus être la victime de l’action défensive du moi qui ces dernières
semaines a utilement pris les habits de la motion de censure. Allons
plus loin, sortons de l’émotion de censure. Travaillons à éveiller les
consciences, à nourrir les luttes, à ouvrir un chemin d’espoir pour
révolutionner la France.