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mardi 8 mars 2016

PSYCHIATRIE UN CHOIX DE POLITIQUE DE SANTÉ



Notre volonté en ces temps où la peur, la haine, le rejet de l’autre deviennent les alphas et omégas de toute pensée politique et médiatique, les Giboulées de Marx se veulent être un lieu de débat, d’échanges où les valeurs humaines seraient les seules valeurs cardinales. 


Comment penser, en effet, l’avenir de la psychiatrie en Chablais hors d’un ancrage dans un monde plus humain, où la souffrance serait à bannir ? Car ce qui est en jeu, à nos yeux, ce n’est non seulement le sort voué aux malades et à leur famille, mais bien au-delà la remise en question d’une conception même du monde soumis aux diktats des lobbys , des politiques asservies aux intérêts particuliers, faisant de l’homme, de la femme des variables d’ajustement d’une nouvelle barbarie.

La liste serait longue, de la déconstruction de toute solidarité, de l’école, du code du travail, des libertés collectives et individuelles…

Il n’est un jour où nos gouvernants, ces élites autoproclamées n’ont de cesse, au nom de la lutte ici contre le chômage, là contre le terrorisme de mettre en place une société autoritaire et liberticide.

Mais la bataille menée ici, en Chablais pour le maintien des lits en psychiatrie montre bien les limites d’une telle politique. Encore faut-il que chacun s’engage sincèrement pour le succès de cette initiative… Et fasse en sorte que le Chablais devienne modélisant…pour tous les malades et leurs familles en France…


La psychiatrie enjeu de civilisation


Qu’un rassemblement se fasse ici en Chablais pour la défense du secteur psychiatrique ne peut que conforter les communistes tant ils ont été bien seuls à dénoncer pendant de très longues années la casse systématique par tous les gouvernements (voir plus loin) d’une psychiatrie humaine, responsabilisante et répondant aux attentes des patients et de leurs familles.
Ce qui est en cause aujourd’hui dans le Chablais comme sur l’ensemble de notre territoire ce n’est non seulement le déplacement à La Roche /Foron, c’est la suppression pure et simple de la sectorisation répondant ainsi aux vœux des gouvernements de droite et aujourd’hui de la loi santé défendue par Marisol Touraine.
La volonté affichée est que la psychiatrie devrait dorénavant se limiter au dépistage et au traitement de la crise avant de passer la main au médecin généraliste pour la prise en charge au long cours. Cette voie n’est que la mise en œuvre des filières de soins prévues par les ordonnances Juppé de 1996…
Alors que les principes mêmes du secteur prévoyaient justement une continuité entre soins préventifs, cure et postcure par la même équipe…

La continuité de la prise en charge évoquée par la loi masque en fait la fin de la continuité des soins.

Mais cette loi ne s’arrête pas là : elle vise à une modification radicale des métiers, entérine la pénurie de psychiatres et prévoit leur suppléance par l’instauration des « pratiques avancées infirmières »… Ce qui focalisera encore plus les pratiques infirmières autour de la chimiothérapie , au détriment de la clinique et de leur fonction thérapeutique.

Il s’agit donc bien au-delà de la suppression de l’hôpital psychiatrique de Thonon, de la liquidation d’une conception de la psychiatrie fondée sur la qualité du soin relationnel, du lien thérapeutique et de la continuité des soins.

Et maintenant…

Suite à la forte mobilisation contre le projet de l'Agence Régionale de Santé de délocaliser à La Roche sur Foron ((*EPSM) les lits d'hospitalisation de psychiatrie de Thonon (création d'un collectif très large, mobilisation des élus, des personnels et des familles; pétition de plus de 11 000 signatures, près de 1500 manifestants à Thonon le 23/01), la décision est temporairement reportée à 2017... soit après les élections.
C'est, certes, un petit recul, mais celui-ci ne doit pas masquer la réalité : l'objectif politique demeure intact. Surtout quand on le replace dans le nouveau schéma d'organisation sanitaire créant un Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) nord de la Haute Savoie autour du Centre Hospitalier Alpes-Léman (CHAL - Annemasse). Toutes les décisions budgétaires transiteront dorénavant par ce GHT "donneur d'ordre". Et ce n'est que le début puisque le projet est de ne garder à terme qu'un seul GHT départemental piloté par le Centre Hospitalier d'Annecy. C'est l'anéantissement définitif de toute démocratie sanitaire !

Pour maintenir un semblant de concertation, l'ARS met en place un "comité de pilotage" départemental animé par la directrice de l'EPSM et le président de la Commission Médicale d'Etablissement de La Roche sur Foron avec des groupes de travail chargés de réfléchir ...à l'application des résultats de l'audit. Le cadre est donc fixé d'avance.

Au stade actuel de la composition dudit comité, aucun représentant médical des Hôpitaux du Léman, ni aucun représentant du personnel n'en font partie.

L'enfumage continue donc...et plus que jamais la vigilance et la mobilisation s'imposent !




Mais pourquoi en sommes nous arrivés là ?

LA LOI TOURAINE 
AGGRAVE LA NÉFASTE LOI BACHELOT


La loi Touraine dans la lignée de la loi santé de Roselyne Bachelot, nullement remise en cause aggrave celle-ci et remet en cause les 3 principes fondamentaux de la sectorisation : Continuité des soins, pluridisciplinarité de la prise en charge, proximité et égalité de traitement.
De « continuité des soins », on passe à « continuité de la prise en charge » et ceci n’est pas neutre : la continuité des soins sous-tend, par exemple, la coopération avec le secteur médicosocial, ce qui est essentiel pour les patients. Et l’on peut être très inquiets quand on voit le manque cruel de moyens financiers et humains dont disposent les CMP (sans parler de leur suppression) ou encore les conditions d’exercices des psychologues et la remise en cause de leur statut…
Comment peut-on oser parler de proximité des soins quand le territoire géographique couvrirait 200 000 habitants au lieu des 75 000 aujourd’hui ?
A cela ajoutons la concentration des pouvoirs démesurés des directeurs généraux des ARS, véritables gendarmes au pouvoir de sanctions exorbitants !

Cette volonté politique si chère à la droite et à l’actuel gouvernement reflète pour ce qui est du secteur psychiatrique d’une même conception ultralibérale :

• Coupe drastique dans les dépenses de santé
• Volonté d’asseoir la légitimité du privé lucratif en psychiatrie, d’ailleurs le décret concernant le secteur privé supprime la référence à un effectif infirmier minimum, simplifie les conditions techniques de fonctionnement en leur permettant de s’organiser comme ils le souhaitent, loin des contraintes réglementaires actuelles jugées « obsolètes ».

Mais il y a plus grave : derrière les préoccupations budgétaires pointe une vision de l’humain très inquiétante, machine détraquée qu’il suffirait de reconditionner par des protocoles. Où est la dimension humaine ? Où est l’accueil ? Où est l’écoute ? Désirs, souffrances, centres d’intérêts, sexualité : autant d’étapes de la construction subjective sont à accompagner… 
On le voit bien, la bataille menée ici ne doit pas faire l’économie des responsabilités écrasantes de nos élus de droite comme de ceux actuellement au pouvoir : le Chablais n’est pas un cas isolé… que nos élus se montrent cohérents et dénoncent ces conceptions libérales et marchandes de la santé ici comme partout en France…



Nos propositions

Nous restons fondamentalement attachés à la politique de secteur car celle-ci est une organisation des soins avant-gardiste dans son approche des problématiques et dans sa conception même :

• Approche globale, pluridisciplinaire
• Continuité des soins et construction d’une prise en charge dans la durée
• Le décloisonnement entre le sanitaire, le social et médico-social
• Garantie d’accès à des soins de qualité pour tous
• Travail dans et avec la cité pour l’acceptation de la différence de celui qui souffre psychiquement.

Nous proposons donc de poser pour principe politique fondamental que la mission première de la psychiatrie est de soigner des personnes et de soulager leurs souffrances et non de se limiter à l’éradication de leurs symptômes ni de normaliser les comportements et les populations.


Ce qui implique :

• Créer des places nécessaires dans le médico-social
• Donner une place aux familles et aux patients
• Evaluer la qualité des soins
• Combattre les dérives sécuritaires
• Réformer les études des différentes professions
• Développer la formation continue
• Obtenir un budget national de la psychiatrie
• Créer un bureau national de la psychiatrie