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jeudi 14 avril 2016

LA PSYCHIATRIE DU CHABLAIS DÉMANTELÉE, L'HÔPITAL MENACÉ...(Suite)


Le libéralisme nuit gravement à la santé !

Comme l'ont démontré les invités au débat sur l'avenir de la psychiatrie organisé à Evian dernièrement par les communistes du Chablais, le démantèlement de notre secteur chablaisien n'est pas un cas isolé. Loin d'être une stupide cogitation de technocrates de l'Agence Régionale de Santé (ARS), c'est bien le fruit d'un projet politique national programmant des milliers de suppressions de lits et de postes dans le cadre de l'austérité budgétaire.

Pourquoi maintenant ?
Pour financer les 40 milliards d'euros d'exonération de cotisations accordés aux entreprises sur 3 ans sans obligation d'embaucher, le gouvernement a planifié 10 milliards d'euros d'économies de dépenses de santé dans le cadre de la Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS 2016). Ce plan, étalé de 2016 à 2018, entraîne dès à présent des milliers de suppressions de lits et de postes dans les hôpitaux publics. La casse est généralisée à tout le territoire. La psychiatrie n'est pas épargnée. Dans la Région Rhône-Alpes-Auvergne, outre Thonon, de nombreux établissements accueillant de la psychiatrie sont menacés : Vienne (38); Privas (07); Le Vinatier (69) ... Partout, ce sont les soins de proximité qui sont attaqués, l'ARS imposant des transferts de lits et des regroupements autour d'un seul établissement départemental, voire inter-départemental. 

Pourquoi s'agit t-il d'une décision politique ?
Depuis 1995, les gouvernements successifs n'ont eu de cesse de rationner les dépenses de santé, faute d'avoir la volonté politique de rechercher de nouvelles sources de financements pour la sécurité sociale comme le proposent les communistes (taxation des profits boursiers qui échappent aux cotisations employeurs, récupérations des cotisations employeurs non-payées, arrêt des exonérations patronales, entre-autres...).

La logique libérale, qu'elle soit de droite ou socialiste, a imposé le Plan Juppé, les lois Bachelot et Touraine, la Tarification à l'Activité (T2A) favorisant le secteur privé lucratif au détriment des hôpitaux publics, légalisant et encourageant une concurrence effrénée suicidaire pour le service public.
Ainsi, des pans entiers de notre système sanitaire sont abandonnés, en particulier ceux ne rapportant pas de financements supplémentaires aux hôpitaux publics puique n'étant pas rémunérés par la Tarification à l'Activité. La prise en charge des personnes âgées, la prévention, la psychiatrie sont dans ce cas.
Le secteur psychiatrique de Thonon a toujours été victime de cette double peine : sous-doté financièrement dès l'ouverture parce qu'il n'était pas souhaité par les pouvoirs publics en 1975 qui préconisaient déjà une dépendance directe avec La Roche sur Foron, et quasiment aucune remise à niveau budgétaire durant ces 40 années alors que l'activité explosait du fait d'un accroissement de population de près de 40 000 habitants. Avec le même nombre de lits d'hospitalisation et quasiment le même effectif en personnel dans les services depuis 40 ans !

Ainsi, les pouvoirs politiques successifs ont laissé pourrir la situation pour aujourd'hui la déclarer insurmontable. Nos édiles locaux, pourtant informés régulièrement des difficultés de la psychiatrie lors de leur présence aux conseils d'administration depuis plus de 25 ans, ne se sont jamais sentis sensibilisés outre-mesure... jusqu'à ce qu'une pétition recueille des milliers de signatures fin 2015 contre ce projet de transfert à La Roche 
La loi Touraine votée fin 2015 par l'actuelle majorité, contre laquelle se sont opposés avec vigueur les parlementaires communistes et Front de Gauche, est en train de se mettre en place aux forceps. Elle impose, par mesures d'étranglement budgétaire, des regroupements hospitaliers sur des territoires démesurés.
Les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), qui vont voir le jour officiellement au 1er juillet 2016, réduisent à néant tout le maillage sanitaire que nous connaissions jusqu'à présent. En reconcentrant tous les moyens financiers sur un seul établissement "donneur d'ordre" (Annecy en 2017), ils vont rendent ceux-ci totalement dépendants, tant quant au contrôle de leur activité que pour la gestion de leurs moyens matériels et humains.
La psychiatrie, jusqu'à présent gérée de manière autonome, va se retrouver noyée dans cette nouvelle organisation. S'ils atteignent leurs objectifs, ce sera la fin d'une prise en charge et d'un suivi de proximité des problèmes psychiques dans le Chablais. Un recul considérable d'un demi-siècle quand on pense à ce grand progrès humain que fut la création de la politique de secteur de l'après-guerre, désaliéniste, initiée largement par des psychiatres communistes (suite aux tragédies vécues dans les hôpitaux psychiatriques durant l'occupation où 40 000 patients - abandonnés par le pouvoir - mourront de faim et de froid, faute de financements).

Où en est la mobilisation ?
Face à la très forte mobilisation à travers les 11 000 signatures de la pétition et dans la rue où près de 1500 personnes ont manifesté en janvier, une première en France pour défendre un service de psychiatrie, l'ARS a dû reporter sa décision à l'automne. Personne n'est dupe, c'est reculer pour mieux tout faire sauter...
Pour nous communistes, le développement de la mobilisation, son élargissement aux autres établissements menacés est impératif, celle-ci doit être territoriale et régionale pour défendre un autre projet de santé. Ce mouvement doit pouvoir s'appuyer sur l'action des élus communistes et Front de Gauche au sein du Conseil Régional qui luttent pied à pied contre la casse des services publics orchestrée par Laurent Vauquiez. Tout va maintenant dépendre de la mobilisation citoyenne. Il n'est, pour nous, pas question d'attendre béatement que nos élus locaux, bercés de belles promesses, règlent seuls le cas de la psychiatrie de Thonon au moins pire...

La défense d'une psychiatrie humaniste et au-delà, du droit à la santé pour tous, est donc bien d'actualité. C'est bien un choix de société.
Celui de l'égalité d'accès aux soins de proximité sur tout le territoire, celui du bien-vivre ensemble, du "prendre soin" de manière solidaire de tous les aléas de la vie quelques soient ses moyens. C'est ce combat pour la justice sociale qui nous anime, et c'est à cela que veulent être utiles les communistes dans le Chablais.