Suite à votre rencontre sur les difficultés au sein des hôpitaux de La Mure, de Vienne, de Thonon, de St Marcellin , de Voiron, CHU Grenoble,
Madame Annie DAVID Sénatrice de l’Isère, vous informe qu’elle adresse un courrier à Madame TOURAINE, Ministre des affaires sociales et de la santé -
Elle rend cette lettre publique.
Madame la Ministre,
Par courrier du 26 février, je vous alertais sur les risques liés au
transfert de l’activité du pôle psychiatrique du Centre Hospitalier public de Vienne
vers le Centre Psychothérapique privé du Nord Dauphiné (CPND) situé à
Bourgoin-Jallieu.
La réponse que m’a apportée la directrice de l’Agence Régionale de Santé
me conforte dans ma conviction que
cette décision n’est ni pertinente, ni satisfaisante, et qu’une rencontre avec
les représentants des personnels serait opportune.
Comment la privatisation, le pilotage à distance, la fusion de
structures médico-sociales, la suppression de lits et services constituent-ils
une offre de soins améliorée, densifiée et diversifiée ?
Comment le recrutement médical se trouverait-il facilité, alors que les
deux établissements rencontrent les
mêmes difficultés à recruter des médecins ? Le choix offert d’opter pour
un statut privé augmentera-t-il leur nombre ?
Comment l’équipe soignante de l’Internat Séquentiel de Pédopsychiatrie
de Vienne pourrait-elle ne pas s’inquiéter de la fermeture envisagée de leur unité
de soins « insuffisamment rentable » ?
Comment ne pas être inquiets face à cette logique de
rentabilisation des activités et
établissements de santé ? De réduction de la dépense publique, fil
conducteur de l’ARS dans la mise
en place des Groupements Hospitaliers de Territoires (GHT). Partout où j’ai
rencontré les hospitaliers et les élu-e-s ces dernières semaines, ils m’ont
alertée.
A Thonon-les-Bains où l’activité psychiatrique est menacée, la Mure,
seul centre hospitalier entre Grenoble et Gap, Saint Marcellin, Voiron, c’est un même scénario : démantèlement
de l’hôpital public et des EHPAD, suppression de lits et postes, privatisation et report de
missions de service public, comme les urgences, sur les médecins libéraux au
travers des maisons de santé.
Sans compter que la suppression de services, l’éloignement des unités
de soins et le développement de l’ambulatoire nécessiteront l’organisation de
nouveaux modes d’hébergement et de transports coûteux pour la collectivité,
pour les patients et les accompagnants.
Si une gestion rigoureuse de l’argent public est indispensable, une politique
de baisse des dotations publiques est inacceptable. D’autres choix sont possibles :
utiliser les milliards d’euros du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi et du
Crédit Impôt Recherche, de la compensation
d’exonération de cotisations employeurs, sans effet sur l’emploi. Des sommes
suffisantes pour résorber le déficit de la Sécurité Sociale, développer
l’hôpital public et former des médecins et personnels soignants.
Recevez, Madame la Ministre,
l’expression de ma considération.