L'article du Messager sur les
Urgences ne pointe pas les vraies responsabilités
La dernière édition du Messager traitait de la
dégradation de l'accueil et de la prise en soins aux Urgences des HdL au
travers d'une "enquête" auprès d'usagers ayant déserté les Urgences
pour celles de l'hospitalisation privée au Centre Médical du Chablais (CMC), et
dans une moindre mesure celles du CHAL (Annemasse).
(Le Messager) Temps d’attente excessivement long dans un environnement pas toujours agréable, diagnostic aléatoire : de plus en plus de Chablaisiens se détournent des Urgences de l’hôpital de Thonon. Depuis quelques années, l’offre de soins s’est en effet étoffée.
Cette manière de procéder peut paraitre très
contestable en faisant remonter des avis négatifs d'usagers mécontents
recrutés, entre-autres, via Facebook. Même accompagnés de quelques avis
positifs, ceci contribue à jeter un certain trouble sur la sécurité de ce
service de proximité.
Quand on sait que l'avenir des Hôpitaux du Léman est
en grande partie lié à un accroissement de son activité, un tel article ne peut
qu'inquiéter tous ceux qui restent attachés au service public.
Pointer les vraies responsabilités
Plutôt que d'encourager, de fait, la population
chablaisienne à éviter l'hôpital public de Thonon, nous aurions pu attendre du
Messager qu'il pointe avec précision les raisons économiques et politiques de
cette dégradation :
- la "tarification à l'activité" qui
transforme les modes de gestion de l'hôpital en "usine de production de
soins" avec des objectifs de rentabilité inatteignables (produire toujours
plus d'activité de soins pour n'avoir en retour que des remboursements
tarifaires en constante diminution compte-tenu des politiques d'austérité)...
- les budgets hospitaliers qui, de ce fait, diminuent
sans cesse, entrainant des conséquences catastrophiques : suppressions de lits
constantes, suppressions de postes massives, restructurations imposées, mise en
concurrence exacerbée avec le secteur privé qui lui n'a pas les mêmes
obligations d'accueil des populations 24h/24 et 365 jours par an...
Une nouvelle vague de casse annoncée
A peine l'encre de cette édition du Messager a t-elle
eu le temps de sécher qu'un nouveau plan d'économies drastiques vient d'être
annoncé par la direction : Pour "rentrer dans les clous" des
objectifs financiers 2017 fixés par l'Agence Régionale de Santé (ARS), la suppression
de 30 postes d'infirmiers, aides-soignants et cadres vient d'être dévoilée, celle-ci
allant de pair avec la disparition de 20 lits en
Médecine-Chirurgie-Obstétrique (5 en médecine, 15 en chirurgie).Tout ceci
s'additionnant aux périls persistants sur le devenir des services de
psychiatrie sur Thonon.
Allons taper à la porte de l'A.R.S !
Les Chablaisiens ne peuvent plus regarder,
impuissants, mourir leur service public hospitalier. Comme nous
l'avions fait brillamment pour la défense de la psychiatrie sur Thonon en
janvier 2016, mobilisons-nous massivement, usagers, professionnels, élus du
territoire pour porter un autre projet de soins auprès de l'Agence Régionale de
Santé. Participons nombreux aux actions en construction avec les différents
collectifs de défense du Chablais. Dénonçons ces politiques austéritaires qui
assèchent nos budgets publics et ce libéralisme qui ne sert que les intérêts
des actionnaires et du Medef sans créer d'emplois et mettent en péril tous les
conquis sociaux dont notre sécurité sociale qui finance les budgets
hospitaliers.
Michel Vuillaume