Les associations
vent debout
contre la baisse de l’APL
Thonon
Avec les dernières décisions en matière de droit au logement, comme de droit du travail ou de droit à la santé, nous voyons bien que ce gouvernement et cette majorité parlementaire mènent une attaque frontale contre tout ce qui a été construit et conquis de haute lutte depuis la Libération dans le domaine social.
Quand le Président Macron et le gouvernement prennent l’initiative de s’opposer au logement pour tous, il est du devoir d’en appeler au mouvement HLM, aux élu(e)s des collectivités et à la population pour défendre ensemble « le droit à un toit et à la dignité ».
Car les mesures annoncées révèlent un acharnement calculé, une déconstruction programmée de ce conquis républicain qu’est le logement social. Trois milliards d’euros d’économies sont listées dans le domaine du logement, dont 1.8 milliard directement sur les budgets des bailleurs sociaux, parmi les 10 milliards annoncés au budget de l’état pour 2018. C’est considérable.
La baisse des APL, la suppression, déjà effective, des engagements de financements à hauteur de 185 millions d’euros durant l’été, le hold-up de 50 à 60 euros mensuels sur chaque APL reversée aux offices, tout est mis en place pour paralyser le développement des bailleurs sociaux, limitant de ce fait la construction de nouveaux logements accessibles au plus grand nombre et la réhabilitation du parc existant, en particulier les remises aux normes thermiques particulièrement onéreuses et très attendues.
Le gouvernement, par sa politique autoritaire et d’austérité, vise à satisfaire les exigences du MEDEF et de la Commission Européenne à remettre en cause le modèle français et à favoriser l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires. Il fait reposer sur les plus modestes la situation du mal-logement issu d’un manque criant de financements à la construction, alors qu’il favorise la construction de logements intermédiaires avec défiscalisation du type loi PINEL qui ne sont nullement des habitations sociales mais un produit commercial s’inscrivant dans l’ultralibéralisme galopant. Cette politique, calquée sur les directives européennes et les désidératas des magnats de l’immobilier, a pour but de favoriser la libre concurrence par la marchandisation du logement social et la privatisation à terme des Offices Publics HLM.
Les ventes de logements sociaux à la découpe ou en lot ne résolvent en rien le manque de financements à la construction par les organismes HLM. De même, le choix de construire en financement PLS au détriment des PLAI ou PLUS, les plus à même de répondre aux besoins des demandeurs de logements, n’est pas la solution pour satisfaire le nombre de demandes.
Une partie des patrimoines se dégrade dangereusement faute de moyens pour la réhabilitation. Pourtant des propositions concrètes existent pour moderniser et développer. Il suffirait, dans le Projet de Loi de Finance 2018 de réorienter et d’augmenter les moyens mis pour l’habitat, encore faut-il en avoir le courage politique et la volonté de faire du logement une grande cause nationale vectrice d’emplois.
En tant qu’administrateur représentant la CGT au Conseil d’Administration de Léman-Habitat, j’ai demandé, avec mes collègues représentants des locataires, un chiffrage précis de toutes les conséquences financières de ces mesures sur le budget de l’office dès l’année prochaine. Celui-ci est éloquent : plus d’un million d’euros vont être ponctionnés autoritairement sur le budget 2018 rien qu’avec les baisses d’APL. Un million en moins, c’est autant d’investissement supprimé pour lancer de nouveau projet de logements neufs, autant de travaux de réhabilitation ou d’entretien en moins.
Pour toute réponse en matière de compensation budgétaire, le gouvernement n’a que pour argument : « augmentez les surloyers pour ceux qui y sont assujettis, ce qui pourrait les pousser à quitter le parc HLM et libérer des logements ! » Quand on connait le prix du logement privé en Haute-Savoie, on voit bien que c’est une ineptie. Même avec une augmentation de 40% du surloyer, telle qu’elle est proposée, cette mesure n’aura aucun effet sauf de faire payer encore plus cher des loyers à des gens qui n’auront de toute manière pas les moyens de se loger dans le privé. De plus, quand on sait que les locataires assujettis au surloyer ne représentent que 4% de l’ensemble du parc HLM, on voit bien que l’objectif de l’état est de forcer les offices HLM à augmenter au final les loyers des 96% restants pour équilibrer leurs budgets et permettre leurs futurs investissements.
En matière de logement, la CGT a des propositions concrètes : le coût du loyer ne devrait pas dépasser 20% des revenus pour une personne seule, l’application effective de la loi SRU qui impose 25% de logements sociaux dans les communes de plus de 3500 habitants, la réorientation des avantages fiscaux dont bénéficie le privé (dispositif Pinel entre-autres) en faveur du logement social, le respect de la loi Egalité Citoyenneté qui prévoit de réserver 1/4 des attributions de logements aux ménages très modestes, le retour à un financement d’état pour la construction de 200.000 logements véritablement sociaux et la rénovation du parc de logements anciens en matière énergétique.
Une autre politique du logement est possible et urgente ! Le gouvernement doit immédiatement revoir sa copie et annuler ses intentions de ponctionner les APL. C’est ce que demandent les dizaines de milliers de signataires de la pétition du collectif Vive l’APL ! et c’est ce que nous allons exiger aujourd’hui auprès de la députée du Chablais.
Paris
Réunis à l'appel du collectif "Vive l'APL" fédérant près de 70 organisations de défense des mal-logés, mais aussi des syndicats et des bailleurs sociaux, des centaines de manifestants, dont des élus, se sont retrouvés devant le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris. Leur objectif : dénoncer les attaques sans précédent contre le logement social en France.