Elodie a accepté
d'être la candidate suppléante (PCF)
de Jean-Baptiste Baud (PS)
pour l'élection législative
dans la 5ème circonscription de Haute-Savoie.
Elodie est une chablaisienne qui vient de revenir dans notre territoire après quelques années passées dans l'enseignement à Echirolles où elle a connu une expérience très enrichissante au travers de ce qu'on appelle la co-éducation. Aujourd'hui Elodie est professeur de philosophie au lycée Anna de Noailles d'Evian.
Les Giboulées de Marx
Elodie, quelle est ton appréciation des propositions du programme du Nouveau Front Populaire en matière d'éducation au niveau des collèges et des lycées?
Élodie
Le programme est tout à fait pertinent en ce que l'école républicaine revêt une importance particulière pour la société française, et que les attentes sont fortes à l'égard de cette institution.
Le Nouveau Front Populaire s'engage à la renforcer considérablement en la dotant de moyens matériels et humains essentiels à son bon fonctionnement. Cela passe notamment par la fin des suppressions de postes dans les établissements scolaires, par la réduction du nombre d'élèves par classe.
Il est essentiel que chaque élève puisse bénéficier d'un accompagnement qui lui est propre et qui réponde à ses besoins.
Cela passe également par le fait que dans les établissements scolaires, outre les enseignants, il y a un certain nombre d'adultes qui remplissent des missions éminemment pédagogiques et qui ne sont pas reconnus à leur juste valeur. On peut penser aux AED (Assistants d'EDucation), les anciens surveillants, qui sont essentiels dans la gestion du climat scolaire au sein des établissements, notamment des collèges, mais également aux AESH (qui sont les personnels Accompagnant les Enfants en Situation de Handicap).
Le programme du Nouveau Front Populaire milite pour que ces personnes soient reconnues dans leur dimension fondamentale et que leur rôle soit aussi reconnu dans sa dimension pédagogique ; qu'ils soient titularisés, qu'ils aient un accès à la formation s'ils le souhaitent et que leurs rémunérations soient considérablement augmentées.
Les Giboulées de Marx
Quel est le constat actuel sur l'école, et quel diagnostic en fais-tu ?
Élodie
L'école est effectivement présentée comme le pilier de la société, comme ce qui est sensé garantir le « vivre ensemble », mais il y a évidemment une inégalité réelle entre les citoyens.
Or l'école traverse des crises successives et tout le monde s'accorde à dire qu'elle est empêtrée dans des difficultés dont elle peine à sortir, avec une perte de sens.
C'est un constat qui est partagé également par d'autres forces politiques que les nôtres, sauf que la nature du diagnostic, et surtout les solutions qu'on propose, sont fondamentalement différentes.
Toute réforme de l'école est un projet politique en soi, un choix de société, qui implique que les citoyens réfléchissent à ce qu'ils attendent de l'institution scolaire.
L'école est le vecteur d'un projet de société et il est impératif que les citoyens soient consultés, qu'il y ait un consensus politique autour de ce que l'on veut faire de l'école, notamment au plan des savoirs, de ce que l'on enseigne, et pourquoi. Notamment sur les contenus. Qu'attend-t-on des élèves à la fin de chaque cycle d'enseignement?
Il s'agit également de revoir sérieusement les réformes de l'éducation nationale mises en place ces dernières années, à commencer par la réforme du baccalauréat qui semble de toute évidence ne pas satisfaire un grand nombre de personnels, mais également d'usagers, à commencer par les jeunes et leurs familles.
Les Giboulées de Marx
L'école, plus généralement l'éducation, est une institution humaine qui n'est pas extérieure à la société, et donc il est aussi nécessaire de modifier d'autres choses, cette fois avec l'aide des collectivités territoriales. Quelles sont ces problématiques qu'il faut résoudre ?
Élodie
Effectivement, à la différence du programme notamment proposé par le Rassemblement National, nous n'ambitionnons pas une sanctuarisation des établissements scolaires.
Bien sûr que les jeunes et les établissements scolaires doivent être préservés, simplement les problématiques sociétales, la vie d'une manière plus générale, entrent dans les écoles. Et les écoles sont ouvertes sur la vie. Elles sont également ouvertes sur les territoires.
Et il est impératif d'ancrer les établissements scolaires dans les territoires qui sont les leurs. Connaitre les difficultés, les forces, les atouts du territoire afin que ses jeunes puissent s'émanciper sur ce même territoire.
Il faut pour cela renforcer considérablement les services publics, que les jeunes puissent avoir accès à la santé, notamment la santé mentale. Qu'ils puissent avoir accès à la culture, accès aux sports,. Bien sûr que les établissements scolaires doivent avoir des services relatifs à la santé , mais nous savons que ce n'est pas la réalité. Il n'est pas normal que les familles soient en attente de diagnostics pendant des semaines et des semaines, par exemple pour la dyslexie. Le programme du Nouveau Front Populaire envisage de donner les moyens d'accès à la santé, à la culture et aux sports pour les jeunes.
Les Giboulées de Marx
Plus on avance dans la scolarité, et notamment dans le supérieur, plus on rencontre des difficultés. Il va falloir réussir à endiguer ces difficultés .
Élodie
Effectivement, au niveau de notre territoire, une des difficultés qui apparaît précocement c'est la question des transports. Si on veut renforcer l'autonomie et l'émancipation des jeunes ça passe aussi par la liberté de mouvement.
C'est pourquoi notre programme insiste sur la nécessité de mettre en place des transports gratuits pour les jeunes, avec la mise en place d'un billet unique qui leur permettrait d'utiliser différents modes de transports, du train jusqu'aux voitures en libre service pour se rendre dans les établissements supérieurs éloignés du Chablais.
Le programme du Nouveau Front Populaire insiste également fortement sur l'enseignement supérieur.
En fait nous avons été très peu consultés et pris de vitesse sur la question de la sélection à l'entrée à l'université, avec nombre de jeunes qui se retrouvent sans orientation. Cette question de l'orientation est fondamentale.
Le manque de structure d'orientation, ancrée dans notre territoire, fait fortement défaut. Le plus proche est sur Annemasse.
Les établissements du supérieur sont très inégalitairement répartis sur le territoire national, et très inégalitairement financés. La question de la précarité étudiante est criante.
Il faut que les étudiants puissent se consacrer pleinement à leurs études sans avoir besoin de travailler parallèlement, c'est pourquoi le programme du Nouveau Front Populaire propose les repas des CROUS à un euro, l'augmentation des bourses, la construction de logements étudiants, et l'allocation d'étude pour tous les étudiants.
