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lundi 3 juin 2024

"QUELLE EUROPE VOULONS-NOUS?"

SOCIAL , INSTITUTION ET GEOPOLITIQUE 

Dans le cadre de la campagne pour l'élection des 81 députés français du Parlement Européen, la section du Genevois du PCF a organisé à Annemasse ce jeudi 30 Mai une réunion-débat publique sur la question "Quelle Europe voulons-nous?", en soutien à la liste "Gauche Unie pour le monde du travail" conduite par Léon Deffontaines..

Commençons par donner les grandes conclusions que l'on peut tirer de cette réunion.

  1. Il faut construire une autre Union Européenne qui doit servir tous les peuples d'Europe, y compris, sans peu de doute, celui de Russie, ce pays continent qui nous rattache aussi à l'Asie,
  2. Cette autre Union Européenne doit d'abord répondre aux besoins des peuples, à commencer par assurer la paix et leur sécurité, au contraire de ce qui se fait depuis trop longtemps,
  3. Elle doit sortir des mains de l'ultra-libéralisme et de la volonté permanente de domination des USA sur le monde, et donc s'affirmer en tant que telle,
  4. Si les pays membres de l'UE doivent partager un maximum de valeurs communes, il faut préserver et assurer la souveraineté nationale et la souveraineté populaire de chaque pays membre dans nombre de domaines pratiques,
  5. Pour cela, il faut aussi rétablir la démocratie mise de plus en plus à mal, avec l'aggravation des choix autoritaires des dirigeants et la montée des extrêmes-droites.

Il faut donc bâtir un système permettant les coopérations diverses et multiples nécessaires entre les Etats-Nations qui composent l'Union Européenne: ni fédéralisme qui éloigne les citoyens des prises de décision et uniformise les situations pourtant si différentes, ni repli sur soi nationaliste inefficace et source de conflits.
Revenons  au déroulement 
de cette réunion-débat

Pour l'occasion, la section avait invité 2 personnalités spécialistes de l'Europe:

  • Charlotte BALAVOINE (CB), responsable Europe au secteur international du PCF, conseillère politique du groupe "The Left" au Parlement Européen,
  • Gabriel GALICE (GG), économiste et politologue, président du GIPRI (Geneva International Peace Research Institute), expert des thématiques nation, Europe et conflits et d'irénologie
Les échanges ont été superbement animés par Mathieu  MENGHINI (MM),  chargé d’enseignements en histoire et pratiques de l’action culturelle et titulaire de plusieurs mandats dans le domaine des politiques publiques de la culture.

La réunion a été organisée en 4 parties successives, les 3 premières réservées aux intervenants sur les sous-thèmes suivants : Social, Institution et Géopolitique et la quatrième pour donner la parole à la salle.

Les interventions des 2 spécialistes ont été très denses et de très haut niveau, si bien qu'il est difficile d'en faire ici un résumé précis et détaillé.



C'est donc une liste de quelques faits et idées qui va suivre, très loin d'être exhaustive.

Commencer par le Social n'avait rien d'innocent puisque c'est le sujet premier mis en avant dans la campagne électorale de la liste "Gauche Unie pour le monde du travail" conduite par le jeune communiste Léon Deffontaines.

Car il n'est pas inutile de rappeler combien l'Union Européenne traite de sujets sociaux qui impactent la vie quotidienne de tous les peuples des pays membres, ce que confirme par exemple le dossier concocté par la CGT et intitulé "L'Europe s'occupe de nous!".

Il a été rappelé aussi combien il y a interdépendance quasi-totale entre les politiques nationales des pays membres et la politique de l'UE, puisqu'en fait l'UE est dirigée par le Conseil des Chefs d'Etat et le Conseil des Ministres des pays membres qui fixent les orientations que la Commission Européenne, l'organe exécutif de l'UE que nous n'élisons pas comme aussi pour le gouvernement français, met en musique puis les soumet au vote des députés du Parlement, qui n'ont donc qu'un rôle consultatif.

Le marché européen spéculatif de l'électricité a été dénoncé comme une réponse aux difficultés de l'Allemagne en matière énergétique suite à l'abandon de ses centrales nucléaires, difficultés bien antérieures à l'invasion de la Russie par l'Ukraine.

Les accords commerciaux de l'UE ont tous des conséquences dramatiques, tant pour les agriculteurs de l'UE que pour leurs homologues des pays concernés par ces accords qui ne servent finalement que les grands groupes industriels européens. Normalement un tel accord avant son application doit être ratifié par tous les parlements des pays membres de l'UE. On comprend mieux pourquoi le clan Macron fait tout pour empêcher l'expression de notre Assemblée Nationale sur le CETA, l'accord avec le Canada, qui est paradoxalement déjà à 90% en application depuis 7 ans!

On constate aussi que les grands groupes profitent de l'entrée de nouveaux pays de l'UE pour délocaliser là-bas des activités et en plus bénéficier au passage de subventions pour s'y installer.

Et si on ajoute la directive des travailleurs détachés, on peut comprendre la position du PCF et de la liste "Gauche Unie" qui refusent toute extension de l'UE jusqu'à nouvel ordre tant que l'UE actuelle n'aura pas d'autres orientations économiques et sociales.

Le rôle des 2 groupes d'extrême droite a été aussi dénoncé puisque ces derniers sont très souvent, pour ne pas dire toujours, en phase sur ces sujets avec les groupes de droite et socio-démocrates: l'imposture sociale de ces groupes est manifeste comme le prouvent les votes de leurs membres (ce qu'on retrouve aussi en France à l'Assemblée Nationale pour les députés du RN).

Quelques notes en vrac sur les échanges 

MM: Il est flagrant de constater aujourd’hui l’absence d’adhésion populaire à l’Europe politique. 

Cette crise de légitimité paraît entretenue dans les 3 chapitres que nous allons aborder à la fois puisqu'ils sont interdépendants:

  • par une politique austéritaire sur le plan social et néolibéral sur le plan économique,

  • par une indifférence à la volonté des peuples, une forme de soumission à des logiques technocratiques, financières et à des lobbies

  • et par un défaut d'autonomie stratégique et diplomatique.

Nous allons tenter d'approfondir cette critique de l'actuelle réalité de l'Union Européenne et, si possible, tenter de penser une alternative profonde et puissante.

Car nous sommes à une croisée des chemins entre :

  •  chauvinisme raciste des extrêmes-droites,
  • prédation néolibérale des conservateurs et de nombreux socio-démocrates,

  • et humanisme internationaliste des forces de gauche.

Les élections de ce mois de juin 2024 pourraient d’abord voir la poussée de l’extrême droite observée dans maints pays (Italie, Hongrie, Slovaquie, Finlande, Pays-Bas, etc.) se confirmer à l’échelle continentale.

Nourrie par les sujets : 

  • des migrations,

  • du déclassement social,

  • des haut prix de l’énergie,

  • ou encore du climato-scepticisme.

Menace aussi d’un inquiétant « compromis historique » entre les partis d'extrême droite et les formations conservatrices.

Questions socio-économiques

MM : Vous étiez opposé à Maastricht et à "la concurrence libre et non-faussée » : pour des motifs prioritairement économiques et politiques. Qu'en est-il  aujourd'hui?

CB: Après que  la fétichisation des règles budgétaires a largement été battue en brèche, l'interventionnisme public en matière industrielle a longtemps été tabou et voilà qu’il revient en force. Comment expliquer ce revirement ? 

  • À cause des chocs successifs : la pandémie, la guerre économique entre États-Unis et Chine et la guerre militaire en Ukraine : montrant une grande fragilité industrielle de l'Europe, une forte dépendance des approvisionnements extérieurs pour des intrants essentiels et un décrochage industriel par rapport à la Chine et aux États-Unis

  • La construction d'un marché continental n'a pas permis l'émergence de groupes susceptibles de rivaliser avec les firmes multinationales existantes – d’où l’« arsenalisation » (Coskun) actuelle des relations économiques internationales. 

On devrait s’en réjouir, et pourtant, cet interventionnisme est avant tout d’orientation néolibérale ; il est plus que jamais au service du Capital.
  • Il n’intègre pas les salariés aux décisions et ne priorise pas les besoins sociaux et environnementaux. 
  • Cet interventionnisme néolibéral voit l’argent public sommé de pallier la baisse relative de la rentabilité du capital et prendre en charge des investissements coûteux et risqués dans les technologies de pointe.

 On notera que le PCF propose un fonds de développement économique, social et écologique européen. 

  • Seraient retenus les projets contribuant effectivement au développement des services publics et répondent à des critères précis en matière d'accès des usagers au service public et de qualité du service rendu, mais aussi en matière sociale contribution à la création d'emplois ou à la transformation d'emplois précaire en emploi stable, amélioration des rémunérations et des conditions de travail.

  • « Produire autrement » : A certaines conditions : proximité, décarbonation, recyclage, économie de moyens et de capital, intervention des populations et des salariés

 MMVous venez de rédiger une contribution au dernier numéro de La Pensée, sur les ressources rares. Pouvez-vous expliciter votre point de vue?

 CB : L’« arsenalisation » de la politique industrielle européenne est particulièrement évidente dans la compétition autour des ressources rares.  Nous soutenons que cette bataille est non seulement « au cœur » mais également « symptomatique » d'une politique étrangère visant la guerre commerciale avec les puissances émergentes, cherchant à « sanctuariser » la position de l'Occident comme puissance dominatrice.

GG : les États-Unis de Biden privilégient une politique de réindustrialisation protectionniste et les pays « du Sud » établissent entre eux de nouvelles formes de coopération économique et politique (BRICS, Groupe des 77, etc.)  

On constate une fracture entre l'ouest et le Nord de l'Europe qui concentrent les forces industrielles et les pays européens du Sud frappés par une désindustrialisation violente. Cela tend à entretenir des divergences d'intérêt au sein de l'espace européen : une union politique peut-elle tolérer longtemps des disparités économiques pareilles ?

MM: Passons à lquestion de l'énergie, avec les augmentations faramineuses des prix.

CB :  La commission de Bruxelles et plusieurs gouvernements tentent de mettre cette crise énergétique sur le compte de la guerre en Ukraine.  

  • La politique énergétique de l'UE, comme la création de la monnaie unique, est une victoire au seul profit de l'Allemagne, en fixant le prix de l'électricité sur le prix de la centrale la dernière appelée pour produire parce qu'elle a le plus haut coût de revient (fixation des prix au coût marginal)

  • Elle est particulièrement accablante pour les défenseurs du libéralisme économique. La commission tente de corriger mais c'est très largement le mécanisme du marché lui-même qui est en faute entrainant: l'augmentation des prix, la dégradation du servicel'insuffisance des investissements.

MM: La politique agricole représente le premier budget européen avec près de 400 milliards d'euros pour la programmation 2021- 2027, des montants majoritairement versés en fonction de la superficie déclarée et qui profitent d'abord aux plus grandes exploitations agricoles. En quoi consiste l’alternative communiste, l'agroécologie ?

 CB: le PCF s'inscrit d'emblée dans la durabilité puisque l'objectif vise à maintenir et même à accroître la fertilité de la terre. Cette pratique s'oppose résolument à la logique court-termiste du capital.

Il défend un prix plancher – soit un prix minimum en dessous duquel l'agriculteur ne pourrait pas être payé. Un prix plafond permettrait de limiter le prix d'achat pour le consommateur. donc des prix plutôt que des primes.

Questions institutionnelles 

MM : Vous êtes Européen dans la tradition de Jean Jaurès et de Charles de Gaulle, pas dans la filiation de Jean Monnet ou de Maurice SchumannQu’est-ce à dire ?

GG : Dans un article de 2015 paru dans la revue Recherches Internationales, écrit avec André Bellon, un ancien président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Anne-Cécile Robert, Docteur en droit européen, professeur associé à l’Institut d’études européennes, article intitulé « L’Union européenne entre dogmes et doutes », nous  notions qu’un tournant était advenu : « La question sociale, affirmions-nous, rejoint désormais la question démocratique, la souveraineté populaire rejoint la question nationale ».

CB : Le PCF n’est pas davantage favorable au fédéralisme européen. Il défend ce qu’on pourrait nommer une Confédération de peuples et d'états librement associés, qui vise une Europe de la coopération et du partage au lieu de la concurrence.

La question démocratique, c'est encore et aussi la question du libre-échange. Macron et la Commission européenne mettent en œuvre provisoirement depuis 7 ans, sans ratification , un accord instaurant un grand marché avec le Canada, le fameux CETA : Accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada. 

MM: Cet accord est l’objet de toute l’attention critique des sénateurs communistes. Pour quelles raisons ?

CB: Rappelons en effet l'action des sénateurs communistes qui ont réussi à stopper la ratification de cet accord le 21 mars dernier. Le gouvernement applique déjà et envisage de continuer à appliquer près de 90% de l'accord en toute illégitimité démocratique. On retrouve le management autoritaire néolibéral. 

(NDLR: Les députés communistes ont obtenu ce jeudi 30 Mai lors de leur niche parlementaire qu'un débat soit lancé à l'Assemblée Nationale pour la ratification du CETA.)

Le CETA entend empêcher qu'un état puisse promouvoir des normes sociales ou environnementales qui amenuiseraient leurs ambitions initiales en matière de profits.

Il démultiplie les profits du grand capital occidental tout en lui offrant des garanties juridiques contre des politiques publiques qui mettraient en difficulté leurs prévisions de retour sur investissement.

MM : Si l’Union est si peu démocratique, à quoi bon chercher à y placer des élus?

CB: La politique de la chaise vide n'est jamais une solution, surtout que même sans élu le PCF en travaillant avec les forces du groupe "LEFT" et les syndicats parvient à obtenir des résultats positifs pour les populations. Bien sûr, il s'agit aussi d'être informé au plus vite de ce que nos adversaires préparent.

Des majorités de circonstances se constituent suivant les sujets: un projet de directive n'a pas obtenu la majorité au Parlement pour 7 voix: si la liste "Gauche Unie" passe les 5%, ce sont déjà 5 élus supplémentaires pour défendre les intérêts des travailleurs, ceux des femmes, ceux des personnes les plus démunies.

D'ailleurs, tout ce qui concerne les femmes nécessite une bataille acharnée pour obtenir des succès qui sont possibles et éviter des reculs, comme sur la question de l'IVG ou l'égalité professionnelle Hommes/Femmes (contre lesquels les extrêmes-droites comme les députés du RN se prononcent).

Questions géopolitiques

MMSur le plan géopolitique, ensuite, se jouent les espoirs d’une autonomie stratégique, diplomatique et militaire de l’Europe. 

Une espérance qui a été considérablement affectée notamment par la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

 Vous êtes un très bon connaisseur de la Russie. Quels sont les enjeux sous-jacents à la guerre en Ukraine?

GG: Pour la Russie, si on reprend tous les écrits et propos de Poutine et de la diplomatie russe qui n'est jamais entendue par les dirigeants de l'UE soumis aux USA, on peut énumérer ces enjeux de la sorte:

  • Eviter la séparation entre l'Allemagne et la Russie,

  • Empêcher toute velléité de domination européenne sur l'Europe,

  • Construire un « Glacis périphérique » : en se protégeant avec des pays neutres (Finlande, Ukraine),

  • Obtenir une sécurité commune propre à toute l'Europe (OSCE),

  • Et donc sortir les pays d’Europe de l'OTAN.

Mais il ne faut pas oublier combien les pays occidentaux au premier rang desquels les USA sont à la source des changements forts d'orientation en Ukraine, avec une préparation et une participation à la révolution de Maïdan par exemple.

MM : La Russie est européenne et asiatique : la Russie n’a-t-elle pas davantage intérêt à s’associer à la Chine plutôt qu’à l’Europe?

GG: La localisation et l'immensité de la Russie lui donne une place pivot entre le pôle européen dominé par l'Allemagne et le pôle asiatique continental dominé par la Chine: la Russie qui est un pays de système capitaliste n'a donc pas intérêt pour le futur à privilégier un pôle par rapport à l'autre, même si pour l'instant tout pousse la Russie vers la Chine. 

MM : Par-delà le drame qui se joue en Ukraine pour les populations, n’y a-t-il pas lieu de réagir, de dénoncer le réalignement de l’Union européenne sur l’OTAN ?

CB: La priorité pour le PCF est d'obtenir la cessation de ce conflit pour lequel on assiste à une escalade plus qu'inquiétante. L'ouverture de négociations entre les 2 belligérants qui se raidissent doit être exigée par les pays et les peuples du monde entier. Pour aller en négociations, il faut être fort et c'est pourquoi le PCF reste favorable à la fourniture d'armes défensives à l'Ukraine, tout en évitant quelque geste qui nous ferait devenir co-belligérant.

Les propos de Macron démontrent que nos dirigeants ne jouent pas du tout la carte de la recherche de la Paix, comme la France l'aurait fait dans un passé pas si lointain mais qu'ils préfèrent une nouvelle fois, pour des raisons purement économiques en fait, prendre le risque de déclencher une nouvelle guerre mondiale, et surement cette fois nucléaire.

MM: La vassalisation des pays occidentaux de l'Europe à l’endroit des Etats-Unis est également favorisée par les gouvernements des pays d'Europe de l'Est.

La motivation de nombre d’entre eux – au moment de rejoindre l’Union – ne tenait-elle pas bien davantage à la perspective de jouir du parapluie sécuritaire américain qu’au strict investissement des institutions européennes?

GG: Effectivement les gouvernements conservateurs élus dans ces pays après la chute de l'URSS, comme les pays baltes par exemple, se sont tournés immédiatement par réaction vers l'occident et les peuples de ces pays ont voulu rejoindre l'imaginaire créé autour de l'occident bien mieux développé: néanmoins la réalité n'a pas été aussi rose pour une grande partie de ces populations. Ce qui au passage a été d'une certaine façon au contraire corrigé par Poutine face au laxisme liquidateur de l'économie russe du gouvernement Eltsine.

MM: Que peut la France par rapport à Gaza et par rapport à l’effet des événements au sein de la population française?

CB: Le PCF a toujours été aux côtés du peuple palestinien, en dénonçant les actes israéliens de colonisation et de discrimination. Le 7 Octobre 2023, il a immédiatement condamné l'action terroriste du Hamas qui a massacré de nombreux civils et les jours suivants il a condamné la réaction démesurée de l'armée israélienne lancée à Gaza, en territoire étranger donc, dans une opération qui va bien au-delà de retrouver les otages et de s'attaquer aux forces armées du Hamas.

On note que les dirigeants européens procèdent du 2 poids-2 mesures au regard du conflit russo-ukrainien, n'apportant aucune aide tangible et sérieuse aux Palestiniens, laissant faire donc les exactions de l'armée israélienne qui va jusqu'à déplacer et affamer des centaines de milliers de civils, en détruisant un maximum d'infrastructures publiques, humanitaires et associatives.

Le PCF appelle les dirigeants de la France à rejoindre les 146 pays qui à l'ONU ont décidé de reconnaître l'Etat de Palestine suivant la situation laissée après la guerre de 1967, remportée par Israël.

Le PCF soutient dès avant la campagne BDS de boycott des produits israéliens et appelle à acter des sanctions économiques auprès d'Israël fourni en armes par les pays occidentaux. 

MM: Maints commentateurs disent que les prochaines élections américaines sont le véritable déterminant des tensions du Moyen-Orient ? que les Etats-Unis sont la seule médiation acceptable pour Israël. ?

GG: Il est évident que les USA sont historiquement le principal défenseur d'Israël et que l'administration Biden se trouve coincée par la compétition électorale au regard des rapports encore plus forts qu'a témoignés l'administration Trump lors du mandat précédent.


MM: Les communistes sont par essence internationalistes. Quelle politique l'Europe doit-elle mener d'après vous à l'endroit du reste du monde ? 

CB: Depuis longtemps, le PCF se prononce pour une politique de codéveloppement mutuellement avantageuse, notamment avec les pays d'Afrique pour là encore des raisons historiques. Anticolonialiste, le PCF souhaite que ces pays puissent se développer dans les conditions les plus appropriées à leur propre contexte et environnement. Là aussi, cela passe comme en Europe par des coopérations dans tous les domaines, en cherchant à ne pas répéter les erreurs commises par les pays développés.

MM : Quels enjeux y a-t-il pour le reste du monde dans ces élections européennes ? Vous revenez de Cuba ; les élections de juin pourraient n'être pas sans conséquence pour l’île et pour l'Amérique latine, notamment.

CB: Depuis la crise de la COVID, la situation dans l'île s'est fortement dégradée. Le classement de Cuba par les USA comme pays terroriste est un facteur d'aggravation des difficultés de l'économie cubaine qui ne retrouve pas par exemple le niveau de touristes d'avant 2020 alors que cette activité est essentielle pour l'île.

MM: Puisque nous sommes dans le Genevois, que pouvez vous dire de ce qui se passe en Suisse?

GG: Notre voisin suisse est en train de perdre sa neutralité historique et de se ranger comme les pays de l'UE derrière les USA et sa voisine, l'Allemagne. Citons comme anecdote que des dirigeants politiques et économiques importants ne sont plus obligés de parler le français comme cela était exigé jusqu'à présent.

Cela pousse donc de chercher à comprendre ce qui a conduit notre voisin suisse à s'éloigner ainsi de notre pays.