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vendredi 21 juin 2024

LOGEMENT: ENTRETIEN AVEC GIL THOMAS (MAIRE DE CERVENS) SUR LE PROGRAMME DU NOUVEAU FRONT POPULAIRE

 Gil Thomas, maire de Cervens

Vice-Président du Syndicat Intercommunal d'Aménagement du Chablais


Défendre le droit au logement

• Relancer la construction du logement social en revenant sur

les coupes de Macron pour les organismes HLM de 1,4 milliard

d’euros annuels

• Créer les places d’accueil d’hébergement d’urgence permettant

un accueil inconditionnel et procéder dans les situations

d’urgence à la réquisition des logements vides nécessaires

pour loger les sans-abris

Revaloriser les APL de 10 %





L'interview intégrale de Gil Thomas

Les Giboulées de Marx


Gil Thomas, vous êtes Maire de Cervens, la question du logement est une de vos préoccupations, comment estimez-vous les propositions du programme du Nouveau Front Populaire ?


Gil Thomas

Tout d'abord, je suis ravi de voir que le maintien de la loi SRU fait partie des propositions qui seront mises en place pour garantir le logement pour tous. 


Il faut accélérer en même temps la construction de logements et 200 000 logements pour 5 ans c'est une bonne proposition. Et il faut s'inscrire vraiment dans cette dynamique. 


La volonté que nous avons, c'est de pouvoir offrir à toutes les personnes qui ont des ressources, de pouvoir se loger dignement et confortablement et de ne pas se retrouver sans logement.



Les Giboulées de Marx


Sur la construction de logements, localement et concrètement, que se passe t-il dans le Chablais ?


Gil Thomas

Nous sommes dans une zone transfrontalière, et il est très difficile pour un couple, ou pour un-e célibataire de pouvoir trouver un logement. 


Je prends l'exemple d'une personne célibataire qui travaille sur notre territoire, et qui touche à peu près le smic ou un peu plus,. S'il est tout seul, et qu'il demande un logement social, il aura énormément de difficultés à en obtenir un. Premièrement, le parc de logement social n'est pas assez dense, pas assez fourni, et d'autre part, la problématique c'est la typologie des logements. On manque de T1 et de T2 qui permettraient à ces jeunes célibataires d'obtenir un logement. 


Dans le parc privé, aujourd'hui, si vous êtes sur un T3, le prix est de 900 euros sans les charges, T2, c'est 600/650 euros sans les charges. Pour quelqu'un qui gagne 1400 euros par mois c'est impossible de se loger. La personne est obligée de se retourner vers le logement social, où il n'est pas prioritaire. La situation familiale fait qu'un-e célibataire avec un enfant, les familles aujourd'hui de plus en plus monoparentales, passeront forcément devant lui. 


Et c'est vraiment problématique pour tous ces jeunes qui veulent rentrer dans l'emploi. Donc la typologie des logements est vraiment à réfléchir avant de mettre en place un programme. Et la seconde chose est comment arriver à dynamiser dans notre territoire la création de logements sociaux. Nous avons un retard certain, toutes les communes ne sont pas en retard, très clairement la ville de Thonon atteint pratiquement les 25% de logements aidés. Moi je préfère parler de « logements aidés » plutôt que de logement social, toutes nos communes de plus de 3500 habitants ont du retard.


La loi SRU les oblige à obtenir ce taux de 25% mais elles ont 8, 10, 12% dans leur parc, ce qui veut dire que pour la population qui travaille sur notre territoire, l'offre n'est pas dimensionnée. 


Il est impératif que l'état aide les collectivités locales à pouvoir investir et construire, chez nous, des programmes de logements sociaux.


La deuxième difficulté, est de savoir si ce programme sera économiquement viable uniquement avec 100% de logements aidés. Et là, la question de la mixité sociale se pose. L'équilibre entre promoteurs et bailleurs sociaux tourne souvent à 25/75%. Mais quand vous faites cette répartition, vous dégradez encore votre pourcentage. 


Donc le rattrapage, sur les années qui arrivent, du manque de logements sociaux, est vraiment une question sur laquelle il faut se pencher et très rapidement. Les documents d'urbanisme vont nous aider. Le PLUI, plan local d'urbanisme intercommunal habitat et mobilité, qui est en train d'être mis en place sur Thonon - Agglomération devrait nous aider. 


Mais derrière, il faudra passer aux actes. Le dire c'est bien, le faire c'est mieux.


Les Giboulées de Marx


Comment aborder la maitrise du foncier ? Et comment prendre en compte la loi ZAN, zéro artificialisation net qui ne facilite pas les choses ?


Gil Thomas

Vous touchez le cœur des réflexions d'aujourd'hui. Dans l'encadrement du texte d'urbanisme, on se doit d'atteindre en 2050 ce Zéro Artificialisation Net. Cela veut dire qu'on ne pousse plus le trait. On doit faire, soit de la restructuration urbaine, soit de la rénovation, ou redensifier. Et aujourd'hui ce qui nous manque cruellement c'est un outil public de maitrise foncière, de manière à pouvoir, à l'intérieur de nos villages et nos villes, poursuivre cet effort de logements sociaux.


Dans le Chablais, même si un Maire souhaite et a la volonté de vouloir installer du logement aidé, il se confronte automatiquement à la problématique du prix du foncier. Exemple : vous préemptez un terrain, 115 000 ou 120 000 euros. Vous dites au bailleur social,  « j'ai la volonté de pouvoir construire des logements sociaux ». Il vous dit très clairement, « vous me donnez le terrain, vous rajoutez 100 000 euros » et là vous pourrez construire. On se retrouve vraiment très coincés. 


C'est pour cela que la proposition, d'une part de la garantie universelle des loyers qui vise à protéger les propriétaires et les locataires, car la crainte de l'impayé est quelque chose qui existe et qui est fort dans notre territoire, et qui pose réellement problème pour s'engager dans le logement social, et d'autre part la problématique de l'encadrement du prix du foncier, qui ne pourra que passer par des stratégies foncières publiques d'acquisition de terrains pour pouvoir développer derrière de la mixité sociale.


Le Zéro Artificialisation Net va nous bloquer dans l'extension de nos zones de constructibilité, et quand vous créez un PLU, plan local d'urbanisme, vous devez chiffrer tout cela, et notamment le nombre de logements. 


Et la question s'est clairement posée au sein de Thonon - Agglomération, je suis intervenu en conseil communautaire. On est passé de l'objectif de15 000 logements à 12 000 logements dans le cadre de ce plan local intercommunal d'urbanisme. La question que j'ai posée, c'est « est-ce qu'en limitant cet objectif de logements sociaux nous n'allons pas mettre une contrainte supplémentaire pour tous les bailleurs sociaux et toutes les communes qui veulent en développer. ? » On m'a garanti que non, mais je n'en suis pas convaincu et je pense qu'il faudra vraiment réfléchir à ce que les contraintes soient allégées, que ce soit au niveau du foncier, de la typologie, et de l'argent que l'état doit aujourd'hui donner aux bailleurs pour pouvoir aller plus loin dans la constructibilité de logements aidés.


Les Giboulées de Marx


« Les logements sociaux, ça effraie ». Comment vous répondez à cela ?


Gil Thomas

Je vais prendre l'exemple de ce que j'ai vécu en tant que maire. 

Mon prédécesseur a acheté du foncier, aidé par le département, un programme de deux bâtiments de 8 logements aidés a été créé. Nous avons eu une réticence de la population,. 


La force de l'engagement politique de la commune fut d'aller jusqu'au bout. Nous avons installé les gens, et quelques années après, j'ai pu constater une initiative extraordinaire, la fête des voisins, qui a pu rassembler l'ensemble  des personnes du quartier, propriétaires et locataires. 


Un réel succès.