Les statistiques sont alarmantes.
Le 23 janvier 2023, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes établissait un constat préoccupant dans son rapport annuel : le sexisme s’accentue, les inégalités liées au genre se creusent et les violences sont en augmentation. En 2024, la situation ne s’est pas améliorée, elle s’est même dégradée. 37% des femmes déclarent avoir vécu au moins une situation de non-consentement au cours de l’année (1 femme sur 2 chez les 25-49 ans).
Le système patriarcal crée un climat de violence, 9 femmes sur 10 ont déjà renoncé à des actions ou modifié leur comportement pour ne pas être victimes de sexisme.
De plus, il est signalé un réel regain de masculinisme, de surcroît chez les plus jeunes. La montée de l’extrême droite, des conservatismes religieux et un rejet du féminisme entraîne une augmentation de la violence et des opinions sexistes. Par exemple, 37 % d’entre eux considèrent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes, 32 % pensent que ces derniers sont en train de perdre leur pouvoir. Par ailleurs, les hommes de 25‑ 34 ans sont seulement 35 % à considérer anormal qu’un homme ait un salaire supérieur à celui de sa collègue à poste égal.
Au-delà des inégalités socio-économiques, la représentation sexiste des femmes et de la sexualité influence les jeunes hommes toujours plus tôt. L’âge moyen du premier visionnage d’images pornographiques se situe vers 10 ans chez les garçons. Cela est très préoccupant puisque 47 % des garçons estiment que les filles « s’attendent » à ce que les rapports sexuels impliquent une agression physique, et 42 % pensent que la plupart des filles « apprécient » les actes d’agression sexuelle, dangereuses représentations véhiculées notamment par la pornographie mainstream.
Il y a urgence de mettre en place une politique ambitieuse d’éducation à la vie sexuelle et affective.
Depuis 2001, la loi impose aux établissements scolaires du CP à la terminale de dispenser 3 séances annuelles à la vie sexuelle et affective cependant par manque de moyen, ces séances n’ont que rarement lieu.
Dans les faits, en 2023, deux tiers des personnes interrogées par le Haut Conseil n’ont jamais suivi une seule séance d’éducation sexuelle et affective. Selon l’étude de #NousToutes, seulement 13% des séances sont vraiment tenues selon les critères posés par la loi. C’est cependant une nécessité.
En plus des enjeux hygiénistes primordiaux contre le développement des IST, c’est une question d’émancipation de la jeunesse. D’une part, c’est permettre aux jeunes femmes de s’épanouir pleinement sans injonction, d’autre part, c’est garantir une sexualité pour toutes et tous sans violences et sans préjugés. Pour l’instant, ces temps sont animés par des enseignants de SVT, donc essentiellement sur un aspect biologique. Ce n’est pas acceptable car il manque tout un pan de ce qu’est l’éducation à la vie affective et sexuelle.
De plus, la tenue des ces séances repose à nouveau sur les épaules des enseignants et enseignantes, déjà submergés par le fonctionnement catastrophique de l'Éducation Nationale.
Il est nécessaire aujourd’hui de développer les moyens financiers pour l’embauche de personnels qualifiés sur ces questions, de développer l’accès aux soins physiques et psychologiques en milieu scolaires et universitaires, et enfin de lutter efficacement contre le sexisme et les violences faites aux femmes. Ce dernier point est chiffré à 1 milliards d’euros par les associations. Il est temps d’être à la hauteur des enjeux et de prioriser la lutte contre le patriarcat.
La révolution sera féministe !