Les médias et le Vénézuela – quelques
réflexions et une question
Le Venezuela a fait ces dernières semaines
la Une des médias. Pourquoi ?
La question mérite d'être posée.
Les analystes, les éditorialistes se sont
quasi unanimement inquiétés du nombre élevé de victimes - toutes victimes des
violences du pouvoir - et du sort de la démocratie - menacée par l'installation de l'Assemblée constituante.
N'est-ce pas le devoir de tout démocrate ? Ils se sont émus des
difficultés du quotidien des simples gens. N'est-ce pas
louable sollicitude ? Et ils ont conclu que la gauche au pouvoir, c'était
1- la catastrophe économique
2- avec, en plus, la dictature.
Il
n'est pas question ici de nier que des opposants ont été tués, que la
situation économique est catastrophique, que la crise sociale est aggravée par
la corruption et que des potentats chavistes locaux entravent la démocratie
communale, base du socialisme vénézuélien. Et on ne niera pas que Maduro n'est pas Chavez.
Mais quelques remarques s'imposent :
- Il y a des morts également chez les
partisans de Maduro.
- « les peaux sont plus sombres chez
les partisans de M. Maduro »
note Le Monde diplomatique de septembre
- il est difficile de ne pas voir un lien
entre le fait que le Vénézuéla possède les plus grandes réserves pétrolières du monde et la déclaration de Trump du 11
août : « Plusieurs options s'offrent à nous concernant le Venezuela.
Et je tiens à dire que je n'exclus pas une intervention militaire »
Et ces remarques nous inclinent à nous
poser la question suivante : les médias sont-ils autant préoccupés par la
sauvegarde de la démocratie et le
bien-être du peuple vénézuélien que par l'urgence de refroidir l'enthousiasme de ceux qui
auraient la faiblesse d'accorder du crédit aux propos de MM. Laurent, Mélenchon, Corbyn,
Iglesias ? Quelle question ! Voyons !
L'université d'été du PCF à Angers 25 – 26 – 27 août 2017 (Par Michel vuillaume)
- Le Venezuela (Lydia Samarbakhsh, responsable des relations internationales du CN)
La crise actuelle est la suite de crises récurrentes de l'Amérique Latine, y compris au Venezuela.
Qu'attend le peuple venezuelien en matière de solidarité dans ce contexte de l'élection d'une assemblée constituante ?
- la crise vient de loin, c'est un moment de l'histoire avec un affrontement extrêmement dur dans le pays. Dans un contexte de tentation nord-américaine de reprise en main extrêmement fort sur l'Amérique Latine dans son ensemble. Il y a une dimension internationale extrêmement forte dûe aux ressources pétrolifères.
- Barak Obama avait déjà publié un communiqué comme quoi le Venezuela était un danger interne pour les USA (concurrence sur le marché du pétrole). L'accord Cuba/Venezuela, aide médicale contre pétrole, était pour les USA insupportable.
- L'extrême-droite venezuelienne, fraction de l'opposition de droite, a choisi depuis l'élection de Maduro la ligne de déstabilisation du pouvoir : rendre le pays ingouvernable. Le nombre d'armes en circulation est très élevé. Il n'existe pas de corps national de police, mais 116 corps de police locale dépendant des mairies, dont un certain nombre sont tenues par la droite. La corruption, le trafic d'armes, restent très développés du fait de ce manque de coordination nationale des forces de police. C'est d'ailleurs un des objectifs de la nouvelle constituante : fonder une police nationale sous les ordres d'un ministre de l'intérieur qui n'existe pas actuellement.
- Les grands groupes alimentaires, pilotés par la droite, organisent la pénurie alimentaire.
Mais il existe un secteur libéral qui ne veut pas que ça aille plus loin dans le chaos et plaide pour le retour à un système économique libéral.
Le PSUV (Parti Socialiste Unifié Venezuelien) parti du Président Maduro.
Sa politique a pour objectif de sortir des millions de citoyens de la pauvreté par la mise en place de projets sociaux (soins, logements, citoyenneté réelle...)
- la CAMORA de Naples a des liens très étroits avec la bourgeoisie venezuelienne
- la droite colombienne, qui forme, arme, avec l'appui des USA des milices paramilitaires
- un marché noir du pétrole organisé par la Colombie
tout est mis en place de manière convergente pour faire tomber le gouvernement Maduro en le coupant du peuple.
L'assemblée nationale constituante qui vient d'être élue regroupe réellement toutes les catégories sociales (ouvriers, employés, classes populaires, commerçants, classes moyennes...).
Sans l'opposition il y a des chavistes. Il y a débat dans le camp chaviste, depuis la désignation de Nicolas Maduro pour succéder à Chavez. Débat sur « qu'avons nous réussi et pas réussi ? ». Débat sur « combattre ou non l'extrême-droite les armes à la main ? ».
Le peuple venezuelien est fatigué de toute cette violence, il aspire très majoritairement à la paix. C'est l'objectif principal de la constituante qui doit redonner au politique le droit de reprendre la main sur la violence et rétablir la paix.
Le PCF sait où il se situe. Pas de remise en cause du vote démocratique au Venezuela. Sans être le porte-parole du PSUV, le PCF condamne la violence d'où qu'elle vienne. Si les ordres de tortures ou les tirs sur les manifestants sont avérés après étude par la commission nationale venezuelienne, il y aura une position claire et nette. A ce jour ça reste à prouver.
Est-ce un Chili numéro deux ?
Il y a des similitudes. L'armée est « travaillée » en profondeur, et nous ne sommes pas à l'abri d'un coup d'état.
Que peut faire le PCF par solidarité ?
Faire connaître la situation réelle. Par des débats publics, les membres de la commission internationale sont disponibles pour cela.
Michel VUILLAUME