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jeudi 10 avril 2025

LE DISCOURS POUR LA PAIX DE FABIEN ROUSSEL LORS DU MEETING DE VENISSIEUX (Mardi 8 Avril 2025)

 

Discours de Fabien Roussel au meeting de Vénissieux - 08 avril 2025 - Site Internet du PCF


Cher·es amis, cher·es camarades, cher·es concitoyen·nes,

Merci aux communistes de la Fédération du Rhône, à leur secrétaire départemental Benoit Roux. Merci à Marie-Christine Burricand, membre de notre exécutif national.

Merci pour ton accueil, ma chère Michèle Picard, Maire de Vénissieux, qui fait ici un travail incroyable, qui a toujours porté haut, et bien au-delà de sa ville, l'exigence de solidarité mondiale.

Merci à toi, Raoul Hedebouw, mon voisin du Nord que je croise souvent, pour ta participation et ta brillante analyse sur l'impérialisme américain.

Merci cher Yasser Ayoub, merci pour tes mots, la justesse de tes propos pour expliquer le combat du peuple palestinien. J'excuse l’absence de Madame l'ambassadrice de Palestine, S.E. Hala Abou Hassira, que tu représentes ce soir à nos côtés.

Merci à Arlette Cavillon, coprésidente du Mouvement de la Paix ici, pour cet appel à prendre conscience des menaces qui pèsent sur le monde, pour l'histoire depuis la Seconde Guerre mondiale dont tu as su témoigner avec la force de ton engagement et celle de ton mouvement, avec notamment à tes côtés les communistes dans la lutte contre le fascisme, pour le désarmement et pour un monde de paix.

Mes cher·es ami·es, mes cher·es camarades, mes cher·es concitoyen·nes,

Je vais vous dire qu'en venant ici, en voyant cette salle, je me suis dit : j'ai l'impression d'être en campagne. On repart en campagne !

Oui, je suis en campagne.

Je suis en campagne, pas en étant obnubilé par 2027 comme certains.
Je suis en campagne pour le respect de la dignité humaine.
Je suis en campagne pour la fraternité humaine, pour l'amitié entre les peuples, en campagne avec vous pour la paix pour tous et pour toutes.

Voilà pourquoi nous sommes rassemblés ici ce soir, et c'est ce qui nous préoccupe aujourd'hui, en cet instant.

Quel bonheur de se retrouver, ici à Vénissieux, dans votre belle ville, pour défendre la paix, pour défendre le progrès social, pour porter l'espoir, pour proposer un autre avenir à l'humanité, aux peuples, un autre avenir que celui écrit par les marchands d'armes et les financiers.

C'est bien la paix, le respect des peuples, leur indépendance, leur prospérité qui nous réunit ce soir.

Notre monde marche sur la tête.

Les règles élémentaires de la vie commune entre les hommes et les femmes, entre les nations, sont chaque jour abîmées, piétinées.

Partout, ce sont les mêmes logiques qui dominent, celles des guerres économiques, celles des guerres tout court, avec en toile de fond l'impérialisme, les impérialismes, l'exploitation des richesses, l'exploitation des peuples, et la montée en même temps des populismes, des nationalismes.

Il faut avoir une analyse de classe de ce qui se passe en ce moment oui, parce que tout y passe, et on le voit dans notre pays : l'industrie menacée, les services publics affaiblis, les libertés publiques attaquées, l'État de droit.

Depuis une semaine, nous vivons des attaques très dures contre les magistrats, contre la justice, y compris venant de responsables de gauche.

Nous, les communistes, nous ne jouerons jamais le peuple contre les juges, jamais le peuple contre les institutions, même si ces institutions, nous voulons les transformer. Nous serons toujours respectueux de la loi, même quand nous voulons la transformer, et nous respectons la loi qui est votée par le législateur. Ce que nous voulons par-dessus tout, et je tenais à le dire ce soir, c'est l'égalité de tous les citoyens devant la loi, tous les citoyens, misérables ou puissants, comme le disait La Fontaine.

Je le dis à Marine Le Pen et à tous les membres de sa famille concernés par ce jugement : son ex-mari, sa sœur, sa belle-sœur, sa colocataire, sa meilleure amie, bientôt son chat ! - ils sont nombreux a avoir profité du système mis en place ! - en tant que puissante, elle devrait penser justement aux misérables, obligés eux d'exécuter leur peine, quand bien même ils font appel.

La loi ne doit pas être faible pour les forts et forte pour les faibles ! Elle doit être la même pour tous et toutes.

Il n'y aura pas d'amnistie pour Marine Le Pen, et nous combattrons la loi d'amnistie que propose Monsieur Ciotti.

Nous ne laisserons pas faire cette dérive dangereuse, et nous manifesterons dans toute la France le 12 avril prochain, à l'appel de la CGT, d'associations, de la LDH et d’autres, pour qu'ensemble nous fassions respecter l'État de droit dans notre pays.

La démocratie est un bien précieux, il faut la défendre partout et tout le temps.
La démocratie, c'est par là que nous pourrons concrétiser l'égalité politique.
La démocratie est un outil formidable au service de l'émancipation humaine et la base du projet communiste que nous portons.

L’affaiblir, c'est condamner toute perspective de progrès pour l'humanité. C'est entraîner les peuples dans un monde plus autoritaire, plus violent, plus dangereux, et plus inégalitaire. L’affaiblir, c'est aussi affaiblir toute perspective de paix, et nous en avons tellement besoin de paix.

Il n'y a jamais eu autant de conflits dans le monde. En 2024, plus de 230 000 personnes ont perdu la vie dans des conflits majeurs. 30 % de plus en un an.

Afrique

La moitié de ces conflits se déroule en Afrique, dans la région des Grands Lacs, en République démocratique du Congo, au Rwanda, au Soudan, au Mali, au Burkina Faso. Les pertes humaines sont considérables, tout comme au Proche et Moyen-Orient, au Yémen, en Syrie, au Liban, au Kurdistan, et en Palestine, j’y reviendrai.

Tout a été fait pour désordonner ce monde, pour déstabiliser ces pays, et la France porte sa part de responsabilité.

La guerre, c'est aussi celle qui fait des dizaines de milliers de victimes quand elle est menée par les mafias, par les cartels, les cartels de la drogue, comme au Mexique, en Équateur ou en Colombie, quand l'État recule.

Amérique Centrale et Nord de l'Amérique du Sud

Et d'ailleurs, parfois, il ne suffit pas d'aller loin pour voir les ravages de cette guerre des cartels, et je pense bien sûr aux victimes dans notre pays, à Marseille, ou récemment ici à Vaulx-en-Velin.

Nous ne laisserons pas faire ces mafias et ces cartels.

Nous voulons une justice, de la sécurité et de la tranquillité pour tous, et un État de droit qui les garantit.

Un être humain sur huit a été exposé à un conflit militaire l'année dernière, et le nombre de conflits a été multiplié par deux en cinq ans. Et le risque est grand de les voir encore se multiplier, se généraliser, dans un monde où l'usage de l'arme atomique n'est plus impensable.

Nous devons faire de la paix la grande cause de l'humanité, une volonté politique, et non pas un simple slogan.

C'est une urgence vitale pour les peuples d'Afrique, pour le Moyen-Orient, pour l'Asie et l'Océanie, pour l'Europe et tout le continent américain.

Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les peuples d'Europe sont menacés, pris en otage par des puissances qui s'affrontent à l'échelle de la planète pour la maîtrise des voies commerciales, je pense au Groenland notamment, et à la quête des ressources en matières premières.

Les peuples d'Europe sont aussi menacés par la guerre économique mondiale lancée par monsieur Trump et sa clique d'ultra-riches. La guerre de Trump est une guerre sérieuse, dangereuse. C'est une guerre économique, c'est une guerre industrielle.

Trump n'est pas fou, contrairement à ce que disent certains.

Il compte ses sous, et il en veut beaucoup, beaucoup, et il le dit comme ça ! Mais comme l'a très bien expliqué Raoul, le capitalisme américain est malade, le dollar est malade, et aujourd'hui, les États-Unis sont en crise, traversés par une crise, dépassés par la Chine. Alors, comme une personne qui se noie, ils s'agitent, et ils entrainent avec eux ceux qui veulent leur apporter de l'aide.

La guerre économique de Trump est une guerre sérieuse, parce que c'est une guerre industrielle, une guerre énergétique, une guerre commerciale, et c'est donc une guerre contre les travailleurs et les travailleuses, contre nous, Français, Européens, et même Américains, car les travailleurs américains eux-mêmes en subiront le prix.

Quand monsieur Trump décide d'augmenter les droits de douane contre tout ce qui rentre aux États-Unis, et que l'Europe décide de répondre en miroir par la même chose, d'augmenter aussi les droits de douane, qui va payer ?

Les Américains comme les Européens vont subir l’augmentation des prix, de l'alimentation, des biens de consommation.

Ce sont aussi les salariés et les entreprises de ces grands groupes qui produisent ces biens de consommation qui vont en payer le prix. Quand il faudra payer des droits de douane plus importants dans un sens comme dans l'autre, les grandes entreprises s’attaqueront aux travailleurs, aux salaires, aux conditions de travail.

C'est la raison pour laquelle nous ne devons pas accepter ce qui se passe, bien sûr de la part de Trump, mais y compris la mauvaise réponse actuelle de l’Europe à cette politique.

Il y a d'autres leviers à utiliser.

Investissons massivement pour relocaliser nos entreprises, pour relocaliser l'industrie en France et en Europe, pour produire ici ce dont nous avons besoin !
Investissons fortement dans la production d'énergie décarbonée. Divisons par deux, par trois, par quatre, le prix de l'électricité, et vous allez voir que nous serons tout de suite beaucoup plus compétitifs par rapport aux États-Unis !
Investissons en France, libérons l'argent de la Banque centrale européenne pour faire en sorte que l'économie européenne et l’économie française soient beaucoup plus fortes.

C'est le combat que nous devons mener.

Bien sûr, bien sûr, on verra peut-être des grands groupes industriels, des grands actionnaires français, qui feront le choix d'aller faire des génuflexions du côté de chez Trump, et d'aller investir de l'autre côté de l'Atlantique, d’ouvrir des usines là-bas.

Il faut que le message soit clair à leur encontre : les traîtres n'auront pas de place ici en France ! S'ils veulent partir, qu'ils partent, mais sans les capitaux et sans l'outil de travail, parce que ça, nous le réquisitionnerons, et ça restera chez nous.

Enfin, il faut oser remettre en cause l'hégémonie américaine et l'hégémonie du dollar.

Des pays mettent en débat l'idée d'une autre monnaie que le dollar pour faire commerce entre nous. Avançons sur cette idée. Mettons en place une autre monnaie pour une autre mondialisation, respectant les peuples, respectant la planète.

Voilà ce que la France devrait mettre à l'ordre du jour, et oser parler avec ces grandes puissances qui mettent à l'ordre du jour une autre monnaie pour contrebalancer l'hégémonie du dollar.

Face à Trump, nous devons tout simplement faire vivre l'esprit de la résistance, l'union nationale de tous les travailleurs et travailleuses et de toutes les forces vives pour rebâtir une industrie dans notre pays, et pour rebâtir une France de justice et de paix.

Et c'est pour cela que nous refusons les logiques de l'économie de guerre dont il nous parle régulièrement.

L'économie de guerre, c'est l'économie de la mort.
L’économie de guerre, comme en parle le président de la République et son ministre de la Défense, c'est une économie qui va taper fortement sur notre pouvoir d'achat.
L’économie de guerre va s'en prendre à notre modèle social, à nos pensions, au prix des médicaments, et même à l'âge de la retraite !

Écoutez-les, ils nous disent : « Plus d'obus et moins de sécu ! »

Ils veulent militariser notre économie : là où nous produisions des voitures, nous produirions des obus ? Là où nous produisions des essieux pour les trains, nous produirions des obus ?

Tout ça pour nourrir les guerres dans le monde !

Nous ne voulons pas de cette économie de guerre : ce sera sans nous !

Nous voulons être gouvernés par la pulsion de la vie, pas par la pulsion de la mort.

Le Parti communiste français sera toujours présent pour défendre la patrie, pour défendre la nation, pour prendre les armes s'il le faut en cas de menace, mais il ne saignera jamais les veines des travailleurs pour financer des guerres qui ne nous concernent pas.

Voilà le combat qui est le nôtre, et qui nous fait honneur dans l'histoire de France.

L'économie de guerre, est-ce qu'ils se rendent compte un seul instant des sommes dont on parle ? L'économie de guerre, c'est faire passer le budget de la Défense en France de 50 milliards d'euros par an, ce qui n’est déjà pas une paille, à 100 milliards d'euros par an. Non !

Est-ce qu’à un seul moment, on se pose la question de savoir où ils vont prendre cet argent ? En baissant les dépenses publiques, ou par le pouvoir de création monétaire des banques ? Mais pourquoi ne pas plutôt l’utiliser pour nos hôpitaux, nos écoles, pour embaucher et former !

Oui, il faudra investir dans une armée nationale et souveraine, mais pour défendre le peuple, pour défendre la France et ses intérêts vitaux. Jamais pour mener des guerres, pour aller attaquer d'autres peuples, comme ils veulent le faire. Voilà notre conception à nous de la Défense nationale.

Près de 2 500 milliards de dollars ont été consacrés l'année dernière à la course à l'armement. 2 500 milliards de dollars ! Tout ça pour nourrir une industrie de guerre.

« On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. », comme l’écrivait Anatole France.

C'est du jamais vu depuis la fin de la Guerre froide. Autant d'argent qui pourrait être tellement utile pour lutter contre la malnutrition, l'illettrisme, pour investir dans des infrastructures, les services publics, la sécurité sanitaire ou alimentaire, pour construire aussi tout simplement les conditions d'une sécurité réelle pour toutes et tous.

Les besoins sont tellement grands ! Ce dont nous avons besoin, c’est d'une économie de paix et de progrès social. Et c'est cela que nous demandons à mettre en place de toute urgence.

Une économie qui croit en l'avenir et cherche à le construire.
Une économie qui cherche à éduquer, à former ses enfants, et pas à les envoyer mourir sur le champ de bataille pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.
Une économie qui relève les défis de la mal-vie, de l'emploi, de la pauvreté et du climat, tellement la planète est menacée.
Une économie au service de l'intérêt général, mais pas du portefeuille des marchands d'armes. D'autant plus quand ils sont Américains.

Oui, nous avons besoin, comme jamais, de faire entendre la position originale du Parti communiste français.

Il est possible d'être en même temps pacifiste et réaliste.
Il est possible d'être en même temps internationaliste et résolument pour l'indépendance et la souveraineté des nations.
Il est possible d'être attaché à une défense nationale et populaire, et en même temps de se battre pour la sécurité collective pour tous.

Voilà l’orientation que les communistes français défendent depuis plus d'un siècle, celle d'un nouvel ordre mondial de nations et de peuples libres, souverains et associés. C’est ce qui motive notre combat. C'est tout le sens de notre combat.

Pour nous, communistes, la paix n'est pas seulement une absence de guerre.

La paix est un projet politique global, positif, basé sur une ambition d'émancipation des peuples, de souveraineté des nations et de coopérations les plus utiles dans le monde, sur les continents, au service du progrès social, de l'amitié et de la planète.
La paix permet à l'existence humaine de se sublimer et c’est pourquoi nous voulons la défendre, la promouvoir partout.
La paix, c'est un combat politique contre l'accumulation sans fin du capital entre les mains de quelques-uns, contre l'impérialisme, contre toute forme de prédation.
La paix, c'est un combat pour la justice sociale et climatique car nous savons que les guerres se nourrissent des inégalités sociales, des conséquences du dérèglement climatique, et de la concurrence sans merci pour l'appropriation des énergies fossiles.
La paix, c'est aussi un combat pour un nouvel ordre économique et monétaire mondial, dégagé de l'hégémonie du dollar, pour que les ressources financières des banques soient mises au seul service des peuples.

Il ne suffit pas de brandir la paix comme un slogan, mais de mener des combats concrets et des batailles politiques.

C’est ce que nous avons su faire dans notre histoire, en soutien aux luttes des peuples algérien et vietnamien pour l'indépendance.

Algérie

J’ai en ce moment une pensée pour le peuple algérien, pour lui dire que pour nous la solidarité entre le peuple algérien et le peuple français est toujours vivante.

Et je dis à Monsieur Retailleau, ministre de l'Intérieur, qui est obsédé par l'Algérie et obsédé par les musulmans : taisez-vous, et une bonne fois pour toutes.

Travaillez, travaillez plutôt à la diplomatie et aux relations entre la France et l'Algérie. Ayez du respect pour le peuple algérien et pour cette histoire qui nous lie avec l'Algérie, et qui appelle à beaucoup d'humilité. Au contraire, vos obsessions identitaires pour gagner votre congrès dans votre parti n'ont pas de place en France, dans nos villes et dans nos quartiers.

Cuba

La solidarité concrète, c'est aussi celle que nous avons envers le peuple cubain, qui subit depuis plus de 60 ans un blocus économique, financier, politique, terrible, dans le silence le plus absolu !

Ce blocus illégal doit cesser. Des moyens juridiques existent pour contourner le blocus, tant en matière de mouvement de capitaux, de dialogue politique que de coopération. La France doit les mettre en œuvre et rapidement. Voilà une occasion de se battre concrètement pour la paix.

Nous le disons clairement : les États-Unis d'Amérique ne peuvent plus s'asseoir impunément sur le droit international.

Alors, mes amis, crions-le bien fort ensemble : solidarité avec nos amis de Cuba ! ¡ Hasta la victoria siempre !

Avec Cuba bien sûr, nous parlons du respect du droit international.

Il est temps que la France se remette au service du droit international, qu'elle soutienne les institutions chargées de sa protection, et qu'elle mette fin, enfin, aux deux poids deux mesures en matière de droit international, et à une indignation sélective qui nous décrédibilise aux yeux des peuples et du monde entier.

Pour notre part, nous avons toujours défendu cette équité et une action diplomatique basée sur la justice et le droit international.

Palestine

C'est pour cela que nous avons été, que nous sommes, et que nous serons toujours aux côtés du peuple palestinien.

Nous serons toujours à défendre la liberté du peuple palestinien et une solution à deux États, pour le peuple palestinien et pour le peuple israélien.

Et c'est la raison pour laquelle le Parti communiste français lancera, je vous l'annonce ce soir, avec l'OLP, le 4 juin prochain à Paris, une grande campagne européenne de soutien au peuple palestinien.

Comment accepter l'impuissance et le silence coupable de la France face au génocide qui se déroule en ce moment à Gaza, où plus de 50 000 hommes, femmes et enfants ont déjà perdu la vie, où des populations civiles, prises au piège de l'enclave, meurent en masse sous les bombardements de l'armée israélienne ?

Oui, nous sommes en absurdie, comme le dénonce avec force Dominique de Villepin, qui encore une fois aujourd'hui, 20 ans après la guerre américaine en Irak, sauve l'honneur de la diplomatie française, mais il est bien seul.

Les massacres, les crimes de guerre, la colonisation en Palestine ne peuvent plus durer.

Les otages israéliens, eux aussi, doivent être libérés.

Et la Cour pénale internationale, qui a émis des mandats d'arrêt contre plusieurs dirigeants israéliens et des cadres du Hamas, doit être respectée.

La France doit prendre des sanctions tant que l'État d'Israël ne se conformera pas au droit international.

La France, comme l'Espagne, comme l'Irlande, comme la Norvège, comme la Slovénie, doit reconnaître l'État de Palestine sur la base des résolutions de l'ONU, dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Voilà les conditions d'une paix juste et durable entre les peuples israéliens et palestiniens.

C'est d'ailleurs la voix défendue par Yasser Arafat en son temps, et c'est celle de Marwan Barghouti aujourd'hui. C'est la voix aussi de l'Autorité palestinienne que j'ai rencontrée lorsque je me suis rendu l'année dernière à Ramallah et à Jérusalem.

Et c'est aussi la voix courageuse des militants pacifistes israéliens qui continuent de manifester par dizaines de milliers pour mettre fin à cette guerre terrible, exiger le retour des otages, la voix de celles et ceux qui se battent au sein d'associations, mais aussi de nos amis et camarades députés communistes israéliens, qui mènent à la Knesset une grande bataille pour faire entendre la souffrance du peuple palestinien et dénoncer les crimes de leur gouvernement et sont empêchés de parler. Nous sommes avec eux, soutenons les députés communistes israéliens qui méritent tout notre soutien !

Le gouvernement d'extrême droite de Netanyahou, sous les yeux de la communauté internationale, est en train, purement et simplement, de tenter de faire disparaître un peuple entier, et de condamner toute perspective politique, toute possibilité de coexistence pacifique.

Honte au Gouvernement français qui détourne le regard et refuse au peuple palestinien le droit à la justice, le droit de vivre en paix et souverainement sur sa terre.

La France doit être à la hauteur de l'histoire et se tenir fermement du côté de la justice et du droit.

Voilà le type de combat et de bataille politique concrète que la France doit mener pour que la paix que nous réclamons ne reste pas une idée abstraite, ne reste pas un rêve, comme tu l'as dit Yassar tout à l'heure, un rêve dans la tête de beaucoup d'enfants et d'adultes palestiniens.

Notre combat pour la paix, c'est donc un combat réaliste pour que le rêve devienne réalité pour le peuple palestinien.

C'est un combat réaliste pour la sécurité collective partout dans le monde, et c'est un combat que nous voulons mener aussi pour les peuples d'Europe.

Un combat contre les logiques de puissances qui ne connaissent qu'une seule doctrine, la confrontation, et qui ne peut avoir qu'un seul aboutissement, la guerre.

La paix, la paix véritable, ne peut exister qu'en s'attaquant à la racine des problèmes et des tensions entre les nations. Et tu l'as bien analysé, Raoul, en parlant de l'impérialisme, de la conquête des richesses et de l'exploitation des peuples.

Comment construire la paix et la sécurité des peuples en Europe, notamment, en abandonnant notre sécurité aux États-Unis ? Comment avons-nous pu faire ça pendant tant d'années ? Comment défendre notre souveraineté, nos choix politiques et diplomatiques, en continuant de défendre en même temps une alliance militaire, l'OTAN, qui a fait de l'Europe entière un protectorat américain ?

Ukraine

Nous, les communistes, nous dénonçons la guerre sanglante déclenchée par Vladimir Poutine en Ukraine. Il y a un pays, la Russie dirigée par Poutine, qui a envahi un autre pays et violé le droit international. Et nous disons que cette situation est aussi le fruit de la politique d'expansion à l'est menée par l'OTAN pendant plus de 30 ans, une OTAN dirigée par les États-Unis, qui se sont assis sur les accords passés entre Gorbatchev et les États-Unis à la chute de l'URSS. Nous condamnons cette expansion de l'OTAN à l'Est de l'Europe et cette guerre par procuration entre la Russie et les États-Unis.

C'est aujourd'hui que la France doit décider de sortir de l'OTAN comme ça a été le cas entre 1966 et 2009.

Osons franchir ce cap !

Oui, il faut que nous, Français, soyons offensifs pour défendre, au contraire de ce traité, un autre traité de sécurité collective, un autre traité que cette alliance atlantique dangereuse qui déstabilise des nations et des régions entières, et alimente la course mondiale à la guerre.
Oui, chez nous, à la différence de la Belgique, il y a une sorte de complicité entre le gaullisme et le communisme sur cette question, parce que de Gaulle avait eu le courage de sortir du commandement de l'OTAN.

Et bien, nous, communistes français, nous le demandons aujourd'hui, et tendons la main aux gaullistes français pour qu'ils fassent la même demande. Osez, faites-le, et vous verrez, le cours de l'histoire en France changera.

Et concernant les propos guerriers de monsieur Macron, plutôt que d'envoyer des troupes en Ukraine, plutôt que de réfléchir à un bouclier antimissile européen, plutôt que de discuter du partage de la dissuasion nucléaire française - quel scandale quand même ! - exigeons plutôt des chefs d'État européens qu'ils travaillent à la paix en Europe, à la construction d'un espace de sécurité collective de l'Atlantique à l'Oural, et associant toutes les parties.

Franchement, nous avons su faire cela pendant la guerre froide. Nous avons su écrire les accords finaux d'Helsinki en 1975. Brejnev et Nixon dirigeaient le monde, le doigt sur la gâchette nucléaire, et ils ont réussi à signer ces accords. Et nous ne pourrions pas y arriver nous aujourd'hui ? Nous serions nous, la France et l'Union européenne, incapables de négocier un accord de paix avec monsieur Poutine, garantissant y compris la sécurité du peuple ukrainien ? Mais cela devrait être toute notre priorité aujourd'hui ! D’autant plus face aux outrances de monsieur Trump, face au risque de récession provoqué par la guerre commerciale menée par les États-Unis, face aux menaces sur le Groenland, le Danemark, face aux menaces sur les richesses de l'Ukraine qu'il veut s'approprier totalement pour déposséder le peuple ukrainien.

Europe

Soyons audacieux, soyons ambitieux. C'est à la France, c'est à l'Europe d'aller négocier la paix avec la Russie. C'est à la France, avec d'autres nations, et notamment celles des BRICS, je pense au Brésil, à l'Afrique du Sud, à la Chine, à l'Inde, de peser pour qu'il y ait un accord avec monsieur Poutine, respectueux du peuple ukrainien et de tous les peuples d'Europe.

Il est temps pour nous de reprendre notre destin en main, sur nos vies, sur la paix.

Mettons fin à cette guerre qui a fait aujourd'hui plus d'un million de victimes. Faisons du continent européen, de Brest à Vladivostok, un continent de paix et de prospérité.

Réfléchissons à toutes ces coopérations à construire entre l'Europe et l'Asie pour préserver cette paix indispensable au bonheur et à la prospérité des peuples.

C'est dans cet esprit que je demande depuis trois ans maintenant au président de la République que la France prenne une initiative pour une paix juste et durable en Ukraine, une initiative qui ne soit pas un deal russo-américain sur le dos du peuple ukrainien, mais qui associe, sous l'égide de l’ONU, l'ensemble des pays, y compris les pays dits du Sud global, qui depuis plusieurs mois portent des solutions de paix.

Oui, si la souveraineté de l'Ukraine est inconditionnelle, la paix des peuples européens est aussi inconditionnelle, et elle ne s'obtiendra qu'avec des garanties de sécurité solides et acceptables pour toutes les parties. Et si cela doit passer par la neutralité de l'Ukraine, défendons-la. Cette guerre sanglante déclenchée par Vladimir Poutine doit cesser. Les peuples ukrainien et russe ont déjà bien trop souffert, comme tous les peuples européens.

Quand j'entends monsieur Macron dire qu'il a trouvé 2 milliards d'euros pour porter une aide supplémentaire à l'Ukraine, tout le monde s'interroge ici : où trouve-t-il ces 2 milliards, quand il est incapable d'en trouver 3 pour nous mettre la retraite à 62 ans, et abroger sa réforme ?

Affirmer, comme le fait monsieur Macron, que la Russie constitue une menace existentielle, cela nous enferme dans une logique d'escalade mortifère, et nous empêche de mener une politique diplomatique réaliste et ambitieuse pour la paix.

Nous sommes assis sur un baril de poudre. Allons-nous prendre la responsabilité d'engager non seulement les enfants de France, mais aussi ceux de l'Europe toute entière, dans un conflit généralisé dont les conséquences seraient terribles pour tous ?

Ensemble, nous pouvons peser pour qu'il en soit autrement.
Ensemble, nous pouvons peser pour ne pas laisser les sirènes de la guerre rendre inaudibles les voix innombrables qui s'expriment encore en faveur de la paix.

N'oublions jamais les engrenages fatals d'alliances qui ont conduit aux 10 millions de morts de la Première Guerre mondiale.
N'oublions jamais les rancœurs accumulées des peuples et les frustrations sociales qui ont provoqué la montée de l'extrême droite et du nazisme, et qui ont provoqué les conditions du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et son hécatombe.
N'oublions jamais toutes les formes d'impérialisme et les dominations coloniales qui, jusqu'au bout, ont opprimé les peuples qui se battaient pour leur indépendance et leur survie.

Des voix s'élèvent partout sur la planète en faveur de la paix.

Écoutons-les. Écoutons ce qu'elles ont à nous dire, et ce qu'elles portent d'espoir nouveau pour l'humanité.
Écoutons ce monde multipolaire qui s'affirme contre l'hégémonie, et pour un autre ordre économique et financier mondial.
Écoutons ces nouvelles coopérations qui se construisent loin de nous, au sein des BRICS. Elles peuvent être un point d'appui formidable.

Reprenons le travail des générations qui nous ont précédés sur le désarmement global, sur l'interdiction des armes nucléaires, sur la refonte des institutions internationales. Et oui, la France doit signer le TIAN et participer au désarmement nucléaire mondial ! C'est le combat que nous avons toujours porté, nous communistes français.

N'abdiquons rien de nos espoirs et de nos rêves pour toute l'humanité.

Nous le savons, nous aurons face à nous, face à l'idée de paix universelle que nous portons, tous les sceptiques, tous les va-t-en-guerre, tous les pessimistes, tous les réactionnaires.

Mais continuons de nous battre, ne nous laissons pas faire.

Saisissons-nous justement de cette date du 8 mai prochain, date du 80e anniversaire de la Libération et de la capitulation du nazisme en Europe et en France. Profitons de cette date pour que partout, nous participions aux commémorations, nous participions à des rassemblements pour appeler à la paix, pour appeler à l'amitié entre les peuples, pour parler de fraternité humaine, plutôt que de guerre.

Nous croyons, nous, à la possibilité du bonheur. C'est une force qu'ils ne pourront jamais nous retirer.

Et en France, il y a aussi une force qu'ils ne pourront jamais abattre, c'est la force du Parti communiste français.

Cette force du PCF, de notre parti, c’est la vôtre. Et ce combat pour la paix sera d'autant plus fort qu'il y aura dans notre pays un Parti communiste français fort et influent, avec des militants prêts à mener ce combat, aller discuter, mener la bataille dans les cages d'escalier, lors des portes à porte. Alors oui, renforçons le Parti communiste français, le parti de la paix, le parti du progrès social, le parti qui a marié le drapeau rouge des conquêtes sociales et le drapeau bleu blanc rouge de la Révolution française.

Comme l'avait dit Victor Hugo lors du congrès de la paix de 1849 : « Il ne faut pas détourner les têtes et fermer les yeux, quant au milieu des ténèbres qui pèsent encore sur nous, nous ouvrons brusquement la porte rayonnante de l'avenir. »

Voilà ce que nous voulons.

Nous voulons ouvrir pour tous les peuples la porte rayonnante de l'avenir, de la paix et du progrès social. Vive la paix universelle ! Vive la République pacifique, laïque et sociale ! Vive la France.

Fabien Roussel

À Vénissieux, le mardi 8 avril 2025