UN PREMIER MAI TOUT A FAIT INEDIT PARTOUT DANS LE MONDE
Ce premier mai 2025, cette fête internationale des travailleurs et de leurs droits toujours chèrement conquis, arrive dans une situation inquiétante car pleine de dangers, tant au niveau international qu'au niveau national qui sont finalement intimement liés.
L'Histoire ne se répète jamais à l'identique mais nombreux sont les experts qui relèvent de fortes similitudes avec les années 1930, bien entendu avec un environnement bien différent dans tous les domaines.
Il importe donc d'appréhender correctement cette situation pour pouvoir y faire face ensemble en visant ce que nous appelons de notre côté la construction de la société des Jours Heureux, qui redonne toute sa place à tous les travailleurs, de tous les statuts, actifs, précaires, chômeurs, retraités, sans distinction d'origine, de religion, de couleur de peau.
Permettez nous à cette occasion de faire la promotion du livre de notre secrétaire national Fabien Roussel qui est sorti cette semaine et qui est intitulé "Le parti pris du travail" (*).
La situation internationale
La situation internationale se caractérise par des risques d'embrasement de conflits militaires et une accentuation de la guerre économique apportée par l'administration états-unienne suite à l'élection de Donald Trump.
Nous voulons la Paix
Tout doit être fait pour résoudre politiquement les conflits grâce à la diplomatie: la société des Jours Heureux que nous voulons ne peut exister et d'abord se construire que dans la Paix et dans la solidarité internationale entre les peuples, le peuple de Cuba, le peuple palestinien, le peuple sahraoui, le peuple congolais, le peuple d'Haïti pour en citer quelques-uns.
Nous ne voulons pas de l'économie de guerre, et ce d'autant plus qu'elle s'appuie selon nous sur un prétexte qui renverse par exemple les responsabilités dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine: c'est bien l'extension depuis la chute de l'URSS des bases militaires de l'OTAN dans les pays d'Europe de l'Est qui a été considérée de tout temps par les dirigeants russes comme une menace pour la sécurité de leur pays. Nous avons condamné la violation du droit international exercée par la Russie qui a envahi l'Ukraine. Mais il nous faut aussi condamner les dirigeants européens qui ont saboté le projet d'accord de règlement de ce conflit entre ces 2 pays en Avril 2022.
Soyons clair: les USA ont décidé sous l'administration Biden de provoquer et de déléguer une guerre en Europe contre la Russie, sans intervenir donc directement, au détriment du peuple ukrainien auquel nous apportons aussi notre soutien dans son droit à résister à l'envahisseur, même si nous n'avons aucune confiance dans les dirigeants de l'Ukraine dont une partie est bien néo-nazie.
Sous l'administration Trump, les USA qui ont réussi à gagner l'achat de leur GNL beaucoup plus cher que le gaz russe, ne recherchent pas vraiment la paix mais exigent plutôt que les pays de l'UE prennent totalement en charge ce conflit en doublant, voire en triplant leur budget abusivement appelé de Défense alors qu'il s'agit d'augmenter les projections de leurs armées professionnelles à l'étranger.
Non, nous ne voulons pas de l'économie de guerre qui va permettre de justifier tous les reculs sociaux, l'aggravation de la casse de nos services publics et de notre modèle social, au profit immédiat et démesuré des industriels de l'armement et tout particulièrement de ceux des USA.
Nous voulons un monde multipolaire avec une monnaie commune internationale
Une internationale néo-fasciste se met en place dans le monde
La situation nationale
Ce contexte international a déjà de graves implications sur les politiques économiques et sociales en France et cela pourrait s’accentuer si, au lieu de réorienter, les dirigeants européens, qui sont d'abord les dirigeants nationaux des pays de l'UE que nous élisons, décidaient de poursuivre leur politique en instaurant une zone de libre-échange total avec des droits de douane nuls avec les Etats-Unis.
Ce serait ni plus ni moins que l’accélération de la mort de notre industrie et un désastre social et écologique.
Une bataille politique de grande importance s’engage avec les discussions en cours d’ici début juillet, date de la fin de la trêve des tarifs douaniers annoncée par D. Trump.
Pour les communistes, le mois de mai va être décisif dans la riposte au gouvernement, à la droite et à l’extrême droite sur l’enjeu du travail et de l’emploi qui est au cœur de notre campagne nationale pour l’industrie et les services publics.
1) L’offensive du gouvernement pour une nouvelle cure d’austérité
Nous devons faire face à une offensive du gouvernement pour une nouvelle cure d’austérité de 40 milliards d’euros.
Les dépenses publiques ainsi que celles de la sécurité sociale et celles des collectivités territoriales sont à nouveau ciblées. Les chiffres qui circulent sont de 14 milliards en moins pour l’Etat, 18 milliards pour la sécurité sociale et 8 milliards pour les collectivités.
Le Premier Ministre a mis en scène l’enjeu dans la réunion d’un comité d’alerte des finances publiques le 15 avril dernier suivi d’une conférence de presse.
Une réunion de travail est prévue avec les collectivités le 6 mai prochain. Le « conclave » entre syndicats et patronat rendra quant à lui ses conclusions avant la fin du mois de juin
Les grands choix du gouvernement seront annoncés avant le 14 juillet et non en septembre comme habituellement.
Eric Lombard l’affirme sur tous les tons : sa préoccupation « première » est de baisser les dépenses publiques alors que dans le même temps il donne gage au capital de ne pas reconduire l’an prochain la surtaxe sur les grandes entreprises qui avait rapporté 8 milliards d’euros.
Il appelle à une revue des dépenses de chaque ministère et envisage une suppression ou une baisse des moyens de plusieurs opérateurs et agences de l’Etat (La CFDT estime à plus de 200 000 les suppressions d'emplois potentielles).
Afin de maintenir un semblant de justice, le ministre de l’Economie souhaite pérenniser la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) qui pourrait à nouveau rapporter 2 milliards d’euros.
Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, annonce vouloir s’attaquer aux niches fiscales à hauteur de 10% de ce qu’elles représentent et se dit notamment favorable à en récupérer une bonne partie, - 5,3 milliards - sur le dos des retraités en remettant en cause l’abattement fiscal de 10%, plafonné à 4300 euros de revenus, dont ils bénéficient.
Pierre Moscovici appelle quant à lui à lutter contre la fraude sociale car selon lui sur la fraude fiscale « il n’y a pas grand-chose à gratter ». Connaissant les montants respectifs, on s’étoufferait presque si on n’était pas malheureusement habitué aux présentations faussées du président de la Cour des comptes.
L’objectif de ces deux mesures n’est pas seulement de récupérer de l’argent. Elles s’ancrent dans la bataille idéologique visant à mettre en concurrence d’une part les travailleurs entre eux et d’autre part les actifs et retraités, prétendument mieux lotis, pendant que le capital lui est épargné.
D’autres pistes désormais récurrentes circulent au sein de la doxa néolibérale parmi lesquelles une hausse de la TVA, une désindexation du SMIC ou des prestations sociales indexées sur l’inflation, ou encore le non remplacement de fonctionnaires territoriaux partant à la retraite au prétexte de la montée en puissance de l’intelligence artificielle.
Nous avons une autre logique et des mesures concrètes à opposer à cette politique. Voir notre communiqué national : La France n'a pas besoin d'austérité mais de vitamines ! Par ailleurs, Fabien recommande la lecture ce rapport de François Bayrou lorsqu’il était haut – commissaire au plan qu’il semble avoir oublié au regard du choc d’investissement qu’il proposait.
Et alors que le « conclave » réunit de moins en moins de syndicats après le départ récent de la CFTC, le patronat poursuit son offensive sur la capitalisation.
Concernant les collectivités, il est clair que de nouvelles coupes seraient tout simplement insupportables.
Il est d’ailleurs frappant de constater que l’Association des maires de France à refuser de participer à la mise en scène de François Bayrou, considérant à juste titre que la réunion du comité d’alerte des finances publiques était une opération de communication.
Les départements ont quant à eux pointés que des décisions unilatérales du gouvernement avait conduit depuis 2022 à faire peser plus de 5,5 milliards de dépenses nouvelles sur les départements alors que dans le même temps leur recettes ont chuté de 8 milliards d’euros.
2) L’effondrement industriel et la dégradation continue des services publics se poursuivent
La situation montre chaque jour à quel point nous avons eu raison de lancer une campagne nationale durable pour l’industrie et les services publics.
Nous avons vécu il y a 10 jours le scandale de l’abandon de Vencorex.
Alors que l’Etat a refusé dans un premier temps de prendre ses responsabilités en permettant la nationalisation de l’entreprise, il a été jusqu’à saboter le projet de reprise en SCIC porté par les salariés.
C’est un scandale lourd de sens qui montre à quel point l’objectif gouvernemental d’une «réindustrialisation » n’est qu’un affichage contredit tous les jours dans les faits par la politique menée.
Pour Vencorex, comme l’ont affirmé ensemble CGT et CFE-CGC, seule la nationalisation transitoire pour redonner la main aux salarié·es permettrait de sauver la production et les emplois d’une entreprise stratégique, non seulement pour toute la filière de la chimie mais aussi pour les filières nucléaire, aéronautique et de défense.
Au-delà de Vencorex, comme vient de le rappeler la CGT, de nombreux dossiers urgents appellent des réponses du gouvernement et donc notre mobilisation pour accentuer la pression :
- la production d’acier avec ArcelorMittal,
- la papeterie avec le projet de réouverture de la Chapelle Darblay,
- le numérique avec ATOS dans les domaines clés que sont la défense, le nucléaire, la santé et la recherche scientifique,
- l’industrie spatiale de fabrication de satellite.
Ici à Thonon, la pérennité du site de Thalès est menacée avec le plan annoncé de plus de 130 suppressions d'emploi qui doit intervenir à la fin de cette année.
Au-delà de ces enjeux immédiats, au regard de l’ampleur de l’effondrement industriel, la CGT appelle de son côté et à juste titre à des assises de l’Industrie.
De même, sur les services publics, les enjeux sont majeurs.
Les politiques d’austérité successives ont déjà eu des conséquences désastreuses et la cure d’austérité promise pour 2026 pourrait encore aggraver la situation.
Dans ce contexte l’intersyndicale de la fonction publique vient de décider d’une nouvelle journée de mobilisation le 13 mai prochain.
Au cœur de la mobilisation, le refus de tout nouveau plan d’austérité, la réduction à l’œuvre de 10% de la rémunération lors d’arrêt maladie, le gel du point d’indice et la perte de revenus toujours plus lourde qu’il représente année après année et la suppression concomitante de la GIPA…
Les organisations demandent également des moyens budgétaires à la hauteur de leurs missions, des titularisations et des créations d’emplois et en plus du dégel du point d’indice, la refonte des grilles indiciaires et l’égalité salariale femmes-hommes.
Après l’initiative nationale sur les services publics, les communistes organisent une initiative nationale sur l’industrie le 17 mai prochain.
La situation politique dans notre pays
Dans ce contexte, l'union des forces de gauche est évidemment impérative.
Mais ce n'est pas l'union pour l'union que nous voulons, ni une union purement électoraliste, mais une union construisant avec tous les travailleurs de notre pays un programme en rupture avec celui mené par nos gouvernements successifs depuis des dizaines d'années.
Le NFP doit devenir cet outil de rassemblement de toute la classe des travailleurs en ne se limitant pas aux seules forces politiques mais en agrégeant aussi les forces syndicales, associatives et citoyennes qui souhaitent participer à cette aventure de reconstruction et surtout de transformation de notre pays adaptée à l'environnement actuel marqué par tous les défis écologiques.
Ici dans le Chablais, si la CGT, la FSU et ATTAC participent à notre comité local, il faut encore nous étendre et passer un cap dans la réflexion, les propositions et les actions auprès de nos concitoyens, et ce toujours dans le respect tant des organisations que des individus impliqués.
Les élections municipales de l'an prochain doivent nous y aider mais les élections ne doivent pas être l'alpha et l'oméga du NFP: il faut agir en permanence et pour cela rassembler un maximum de travailleurs de tous les âges, de toutes les origines, de toutes les conditions.
Nous avons besoin d'un mouvement populaire conscient, persévérant, soucieux de répondre aux besoins de la grande majorité d'entre nous.
Alors vive le Premier Mai, vivent les travailleurs, vive le progrès social! Et vive la lutte!
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(*) Le 28 Avril est la journée mondiale consacrée à la sécurité au travail. La France présente un bilan sur ce sujet plutôt catastrophique.
En 20 ans, 21 000 morts et 1,3 million de blessés au travail, ce qui touche particulièrement les agriculteurs, les travailleurs du BTP; les intérimaires. Donc en moyenne chaque année 1021 morts au travail.