Introduction de Véronique Sanchez-Voir, Responsable de la commission
Introduction de Fabien Roussel, secrétaire national du PCF
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les présidents et représentants d’associations,
Monsieur le Juge, cher Jean-Pierre Rosenczveig
Mesdames et messieurs les professionnels et bénévoles qui concourrez à rendre ce service public vital de la protection de l’enfance,
Bonjour à toutes et à tous
Je voudrais tout d’abord vous prier de m’excuser pour mon absence aujourd’hui. J’aurais vraiment aimé être parmi vous pour ces premières assises du PCF consacrées à la Protection de l’enfance, mais je suis retenu en mairie ce matin pour des obligations imprévues auxquelles je ne peux malheureusement pas me soustraire.
Je voudrais, avant tout, chaleureusement remercier toute l’équipe de la Commission « protection de l’enfance » du PCF qui, avec Véronique Sanchez-Voir notamment, a permis de construire ce très beau programme de travail et de réunir l’ensemble des acteur·rices, professionnel·les et politiques, de ce secteur public, si crucial pour le présent de ces centaines de milliers d’enfants qui vivent des situations terribles et sur lesquelles la société met – le plus souvent – un voile pudique, ou plutôt un voile inique ; un secteur si crucial également pour l’avenir de notre société à laquelle ces adultes, ces citoyen·nes en devenir participeront et s’intégreront.. ou pas ; un secteur si crucial enfin, pour des dizaines de milliers de familles et le million de professionnel·les qui réalisent ensemble de véritables miracles mais qui se trouvent, purement et simplement, empêchés d’agir en raison de la casse systématique des services publics en général et de l’Aide sociale à l’enfance en particulier.
« Rien ne révèle mieux l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants » disait Nelson Mandela et force est de constater qu’aujourd’hui notre société ne parvient pas à les protéger efficacement.
Malgré la multiplication des textes législatifs, sur le terrain, le manque de moyens entraîne des catastrophes humaines qui sont d’autant plus inacceptables dans cette France qui caracole en tête des nations les plus riches du monde, dans ce pays qui revendique l’Egalité et la Fraternité comme valeurs cardinales et qui garantit constitutionnellement « notamment à l’enfant (…) la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ».
Que nous sommes loin de ces belles et nobles ambitions à l’heure où l’État diminue toujours plus les budgets pour l’hébergement d’urgence, les hôpitaux, la justice ou l’école ; que nous sommes loin de ces belles ambitions à l’heure où des départements renoncent en cascade à leurs dispositifs de prévention spécialisée, à l’heure où les mesures d’accompagnement judiciaire ne sont plus mises en œuvre.
L’enfance maltraitée, l’enfance martyrisée n’est pas un fait divers. L’ampleur de ce phénomène que la société peine à reconnaître ne laisse aucun doute.
Notre société va mal.
La précarisation des familles, l’atomisation des individus et l’isolement social, l’abandon de la santé scolaire, de la psychiatrie infantile ou adulte, la fragilisation des services sociaux et des corps intermédiaires… tout conduit à ériger la maltraitance des êtres humains en système.
Les enfants n’y échappent pas.
Plus fragiles encore, ils en sont les premières – et toutes désignées – victimes.
Les chiffres recensés par le collectif des 400 000, l’UNICEF, la fédération des acteurs de la solidarité et l’observatoire national de la protection de l’enfance sont terribles et montrent l’ampleur de la défaillance collective et du danger qui pèse sur l’enfance et toutes celles et ceux qui ont fait le choix courageux de vouloir la protéger.
400 000 enfants sont, aujourd’hui, considérés « en danger » dans notre pays. 3 000 enfants sont contraints, faute de places disponibles, de rester dans leur famille alors que des ordonnances de placement ont été prononcées par des juges. 3 000 enfants vivent à la rue. Près de 30 000 sont hébergés dans des hôtels, le plus souvent, dans des conditions indignes.
Cette enfance en danger, c’est l’expression d’une violence systémique. La manifestation brutale d’une violence sociale commise par des individus responsables devant une Justice qui ne parvient plus, elle non plus, à faire son travail de protection et de condamnation.
C’est donc d’une réponse politique et pas seulement émotionnelle dont nous avons besoin. Et c’est, cette approche globale, basée sur une vision universelle, ambitieuse ET pratique (!) que défend le Parti communiste français avec les 10 propositions qui vous seront présentées et détaillées par Véronique Sanchez à la suite de mon propos introductif.
Ces propositions réaffirment l’universalité des droits de l’enfant, quel que soit son statut et visent à garantir des conditions concrètes d’accueil, de soin et d’accompagnement dignes.
Elles appellent à construire un grand service public de la protection de l’enfance, lisible, cohérent et accessible partout sur le territoire.
Nous avons le devoir, l’obligation morale de refonder notre pacte social en remettant au coeur de celui-ci, au coeur de nos engagements constitutionnels, la protection des plus fragiles en général et celle des enfants en particulier.
Il faut le dire avec force et gravité, l’enfant est un sujet de droits, et c’est de notre devoir collectif de lui garantir un avenir.
Protéger les enfants, c’est faire le choix du commun, du soin, de la solidarité.
Au Parti communiste français, nous affirmons que l’avenir de l’enfance ne se négocie pas, il se construit.
C’est la raison de votre présence ici aujourd’hui. C’est aussi, je le sais, le moteur de votre engagement individuel et collectif.
Alors, merci à vous pour ce soin, pour cette attention à l’autre que vous tentez, contre vents et marée, de continuer à faire vivre dans cette société malade d’elle-même, si dure, si insensible à ses propres enfants.
Table ronde n°1 : "Le service public de la protection de l’enfance en crise "
Table ronde n°2 : " État, départements, professionnels et usagers, dialogue impossible ?"