Il y a 20 ans, le peuple français refusait, à plus de 54%, le Traité constitutionnel européen, c’est-à-dire une conception libérale et austéritaire de l’Union Européenne. Il déjouait ainsi tous les pronostics, ceux de la plupart des médias, ceux des classes dominantes, qui tenaient le « oui » pour acquis. Mais les citoyens français se sont emparés de la question posée et ont imposé un débat démocratique d’une rare qualité. Il revient aux tenants du « non » de gauche d’avoir été, dans l’unité, les aiguillons de cette mobilisation citoyenne, pour avoir décortiqué le texte, et organisé des milliers de débats à travers le pays. Souvent, le hors série de l’Humanité, analysant le texte article par article, servait de véritable manuel pour mener ces débats. Ce fut la naissance d’un espoir non seulement pour la France, mais pour toute l’Europe. Quelques jours après le « non » français, les Néerlandais s’exprimaient dans le même sens.
On connait la suite. Les classes dirigeantes ont immédiatement réagi, preuve que cette question de la nature de la construction européenne est une question de classe. Sous l’impulsion d’Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, un véritable hold-up démocratique fut organisé, en imposant le traité de Lisbonne, dernier traité européen en date, qui reprend l’essentiel des dispositions du texte rejeté en 2005. En conséquence de ce déni démocratique, l’Union européenne est allée de crise en crise : crise de l’euro, imposition aux peuples d’une austérité renforcée, écrasement du peuple et de la gauche grecques, crise du Brexit… L’écrasement de la gauche par les classes dirigeantes européennes, et des exigences portées par le non de gauche, est un des facteurs de la crise démocratique en Europe. Cela a fait le lit de l’extrême-droite, aujourd’hui au pouvoir dans sept pays membres de l’UE. A l’image de Giorgia Meloni, l’extrême-droite est loin de remettre en cause les dogmes libéraux des traités. Elle les utilise pour faire appliquer par l’Union Européenne sa propre politique.
Aujourd’hui, l’Union Européenne, et les traités qui l’encadrent, sont toujours aussi libéraux et de plus en plus militaristes. Les liens de dépendance à l’OTAN sont plus étroits. La désindustrialisation est plus forte. L’UE libérale est incapable structurellement de répondre à Trump et à sa politique, et à la crise économique, sociale et démocratique en Europe.
Tout cela montre les exigences portées par le « non » de gauche sont toujours d’actualité. La remise en cause des traités européens libéraux et des règles budgétaires austéritaires est nécessaire. Porter à l’échelle européenne l’exigence de mettre en chantier une Europe des peuples et des nations souverains et solidaires, permettrait de répondre aux exigences des peuples : en alignant par le haut les salaires, les retraites, la protection sociale pour lutter contre le dumping social, en luttant contre les paradis fiscaux pour mettre fin au dumping fiscal, en utilisant la création monétaire de la BCE pour les services publics, une nouvelle industrialisation et le climat. Se désengager de la tutelle américaine et de l’OTAN, pour mettre en chantier un espace de sécurité collective à l’échelle continentale permettrait de sortir des logiques de guerre.
Le « non » montre enfin que la recherche de convergences sociales et politiques, en France et en Europe, sur un contenu social et démocratique exigeant, capable de construire des majorités populaires, est possible.
Avec ses alliés européens, les partis communistes, la gauche européenne, le PCF porte ces exigences d’actualité.
Paris, le 29 mai 2025 Parti communiste français.