mardi 27 mai 2025

RECONQUÉRIR LA SÉCURITÉ SOCIALE / DISCOURS DE FABIEN ROUSSEL TROCADÉRO


ET SI LES CENTRES DE SANTE PUBLICS ETAIENT "UNE" SOLUTION AUX DESERTS MEDICAUX?


Bonsoir à toutes et tous et merci d'être venus nombreux, parfois de loin, pour ce débat que nous voulons respectueux et constructif. Merci également aux élus ainsi qu'aux professionnels de santé présents parmi nous.

La Sécurité Sociale a 80 ans, et ce n’est pas une date funéraire, mais d’anniversaire. Nous voulons continuer aujourd'hui ce chemin tracé par nos anciens, toujours en mieux, dans un grand rassemblement que nous souhaitons populaire et majoritaire.

Bien sur l’histoire de cette immense conquête sociale doit être racontée, rappelée de façon permanente, et pas seulement pour fêter son anniversaire. Il ne faut pas oublier le contexte historique et géopolitique de sa création, à partir du programme du Conseil National de la Résistance et de son intitulé "Les Jours Heureux", et de sa mise en place par le ministre communiste et cégétiste Ambroise Croizat.

Son originalité et sa particularité, c’était son mode de financement via la cotisation sociale, et son organisation démocratique avec l’élection des représentants des salariés à son conseil d’administration. Deux piliers que le grand patronat, la droite et l'extrême-droite n’ont jamais accepté. Malheureusement, le financement a été remis en question avec notamment la CSG instituée en 1991. 

Quand à la démocratie sociale, le gouvernement de l'époque, en refusant d’organiser les élections en 1986 lui a porté le coup de grâce.
Le Medef et ses prédécesseurs avaient déjà fait le travail en amont dès les années 50 et surtout en 1967 en séparant la Sécu en plusieurs branches brisant ainsi sa cohérence financière et philosophique.

Tous les coups les plus tordus ont été portés contre cette immense conquête ouvrière, contre l’assurance maladie, la retraite, la famille, les accidents et maladies du travail y compris en utilisant les assurances et les mutuelles complémentaires. Souvenons-nous des propos de Denis Kesler alors haut responsable du MEDEF qui disait qu'il était temps maintenant de détricoter le programme du Conseil National de la Résistance.

Que faire maintenant ? Est-ce que la cause serait pratiquement perdue ? Se lamenter ? Se plier aux propositions du MEDEF pour une retraite par capitalisation dans le contexte mondial extrêmement dangereux que nous subissons, ou sinon prendre modèle sur la Résistance et le CNR qui n’ont jamais abdiqué même au plus fort de la tempête fasciste et réactionnaire.

Ce n’est jamais la fin de l’histoire puisque ce sont les peuples qui l’écrivent et qui gagnent toujours in fine. Les temps sont difficiles, oui et alors ? 

Alors on continue, et pas seulement en évoquant la nostalgie et le passé, mais en produisant des réponses alternatives et novatrices pour aujourd’hui et pour demain…

C'est précisément l'objectif de notre débat de ce soir autour du droit à la santé, de l'accès aux soins dans nos territoires haut savoyards où près de 100.000 citoyennes et citoyens n'ont pas de médecin référent, où nos hôpitaux sont étouffés budgétairement et contraints de supprimer des lits et des postes, où les prises en soins psychiatriques sont laminées par les politiques austéritaires.

Comment dans ce vaste chaos sanitaire reconquérir un accès aux soins de qualité et de proximité ?

Nous y travaillons localement dans le Chablais avec notre collectif citoyen depuis plusieurs années autour d'un projet novateur : un réseau départemental de centres de santé de service public. En quoi cela consiste t-il ? Comment le financer ? Comment faire coopérer hôpital, médecins libéraux et centres de santé publics ? Pourquoi des centres de santé publics plutôt que des Maisons médicales ?

Pour y répondre, nous avons ce soir le plaisir d'accueillir:

- le Docteur Richard Lopez, président national de la Fabrique des centres de santé, qui nous exposera le projet de loi dont il est un des co-rédacteurs,
- Karine Bui Xuan Piccheda maire-adjointe à la santé à la mairie d'Annecy nous exposera en quoi les collectivités locales jouent un rôle important pour préserver la santé de leurs habitants et comment elles peuvent encore mieux s’en emparer.
- Aude Panisse secrétaire départementale de la CGT et elle-même salariée de la santé qui nous donnera un état des lieux du service public hospitalier du département,
- Éric Hours conseiller régional PCF et Benjamin Joyeux, conseiller régional Les Écologistes, tous deux membres de la commission santé du Conseil Régional Auvergne Rhône Alpes qui nous apporteront leur vision de ce que devrait être une vraie politique de santé régionale au service de ses habitants.

Avant de céder la parole à Karine Bui Xuan Piccheda pour la première intervention, je vous rappelle que nous vous proposerons ensuite un débat avec la salle, sachant que nous devrons arrêter impérativement celui-ci à 22h45, je demande donc à chaque intervenant d'être assez concis pour garder suffisamment de temps d'échange avec le public.